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Les dernières vaches de Charlesbourg

PORTRAIT. Il reste une seule terre agricole privée dans l’arrondissement de Charlesbourg et c’est celle de la famille Proteau. Au détour des nouvelles constructions du boulevard Bourg-Royal se trouve un secret bien gardé: une ferme laitière et ses vaches qui paissent tranquillement, ignorant qu’elles vivent en ville.

Les œufs des poules des Proteau sont bien populaires auprès d’une clientèle régulière.

La rue du Vignoble abrite la seule ferme qui reste à Charlesbourg. La famille Proteau possède la terre et la cultive depuis 355 ans. Actuellement, ils sont six frères et sœurs à se partager le travail quotidien qu’implique la ferme, dont deux sont là de façon permanente. «Les autres sont tout le temps là à nous donner un coup demain», explique André Proteau. C’est le cas de Michel, prêtre à Trois-Rivières, qui, dès qu’il a un temps libre, se rend sur la rue du Vignoble pour aider la famille.

La production agricole

La ferme est avant tout laitière avec une trentaine de vaches. Mais une centaine de poules donnent des œufs, en plus de lapins, de légumes et fruits et d’une petite érablière située à Château-Bigot qui sert à donner le bois de chauffage également. Le camion laitier vient aux deux jours récolter le lait qui ne peut pas être vendu directement aux particuliers, contrairement aux œufs dont le voisinage profite avec plaisir.

Les œufs des poules des Proteau sont bien populaires auprès d’une clientèle régulière.

(Photo Métro Média – Perrine Gruson)

Cohabitation ville et campagne

«Nous sommes les derniers qui cultivons la terre», indique André Proteau, mais l’un de leurs voisins possède quelques chevaux. Pour nous, c’est une grande richesse. […] Les voisins sont contents de nous voir, ils s’arrêtent avec leurs enfants voir les animaux, mais on leur donne pas de trouble», fait valoir André. Il explique en effet qu’il ne faut pas passer le tracteur trop tôt, qu’il faut veiller à ne pas étendre de fumier dont les vents pourraient amener l’odeur à certains voisins, bref, qu’il faut prendre soin de ses voisins afin de ne pas leur nuire.

Rien n’indique que la ferme est en pleine ville.

(Photo Métro Média – Perrine Gruson)

Quel avenir pour une ferme en milieu urbain?

La famille Proteau est tissée serrée. L’ensemble de la fratrie est né dans la maison de ferme. Il est naturel pour eux de s’entraider, malgré l’important travail quotidien qu’implique une ferme.

«Il reste deux terres à vendre seulement dans le coin [pour du développement immobilier]. Nous on est heureux ici, c’est un petit paradis. Pour l’instant, on y arrive. Si jamais l’un de nous se blessait, c’est sûr qu’il faudrait un changement dans notre direction», fait valoir l’agriculteur. «Aucune offre ne peut nous intéresser, mentionne quant à lui Michel. Quand on n’aura plus aucune autre alternative, on avisera».

Les enfants ou les petits-enfants prendront-ils la relève? «Il y en a de la relève. Le problème c’est que le travail ici ne peut pas faire vivre une famille. Nous, on est retraités et ça nous plaît. Mais un couple ne pourrait pas en vivre», soutient André Proteau. Au fil des années, l’entreprise familiale a perdu du personnel, notamment par les décès de membres de la famille. «L’étable est toujours remplie à capacité maximale. Mais on a très peu rénové. On fait juste entretenir les vieux bâtiments», indique l’aîné.  La partie jardinage a beaucoup diminué, surtout depuis que des constructions ont poussé sur les terres du voisinage, où la famille s’approvisionnait en foin pour les animaux.

Si la ferme vend son lait et ses œufs, les autres produits sont réservés à la consommation familiale et seraient insuffisants pour la vente.

On sent que les membres de la famille n’aimeraient être nulle part ailleurs que dans leur coin de paradis. Leur amour de la nature et de la terre transpire et ils peinent à penser à un autre avenir. Cependant, si relève il y a, les Proteau sont conscients que cela ne sera pas en l’état actuel des choses.

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