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Moins de fonds pour les travailleurs de rue de Québec

FINANCEMENT. Les changements dans les orientations des différentes sources de financement publiques pour les travailleurs de rue au cours des derniers mois ont particulièrement affecté la région de Québec, où les organismes doivent trouver de nouvelles façons de répondre à leurs besoins.

Selon le trésorier du Regroupement des Organismes Communautaires Québécois en Travail de Rue (ROCQTR), Robert Paris, le changement dans l’Entente Canada-Québec concernant la Stratégie des partenariats de lutte contre l’itinérance (SPLI) 2014-2019 a eu des effets considérables sur de nombreuses régions, notamment dans la vieille capitale. «Beaucoup d’argent a été orienté vers l’aide au logement, explique-t-il. Ça l’a eu des conséquences sur beaucoup de boîtes de travailleurs de rue au Québec, surtout en région.» Le CIUSSS de la Capitale-Nationale, responsable d’administrer les sommes de ce fond, confirme que la nouvelle orientation du fédéral a eu des conséquences sur les organismes de la région de Québec.

Selon Robert Paris, cette nouvelle vision les a poussés à se tourner vers d’autres sources de financement, dont une subvention du ministère de la Sécurité publique (MSP), le Programme de financement issu du partage des produits de la criminalité. «J’ai l’impression qu’ils [le MSP] ont eu une hausse des demandes et qu’ils ont dû faire des choix, explique celui qui œuvre chez PACT de rue, à Montréal. Ils ont probablement dû répartir la somme le plus équitablement possible entre les régions, ce qui explique que certains n’ont pas pu l’avoir, où l’ont perdu.»

Des chiffres qui parlent

Le MSP a effectivement vu les demandes pour ce programme faire un bond cette année, passant de 73 demandes en 2014-2015 à 93 en 2015-2016. Pour Québec, elles sont passées de 11 et 15 demandes. Bien que le nombre de projets acceptés passe de 27 à 34 dans l’ensemble du Québec, la capitale n’en comptera que huit, tout comme l’an passé. Les montants, quant à eux, ont considérablement diminué pour la capitale, passant de 447 000 $ l’année dernière à 307 160 $. La région de Chaudière-Appalaches, grande gagnante, verra cinq projets se mettre en branle sur son territoire, pour un total de 154 000 $. Ce programme remet chaque année 1,25M$ pour prévenir la délinquance chez les jeunes.

Québec bel et bien affecté

Le coordonnateur de R.A.P. Jeunesse Laurentides à Charlesbourg, Steve Richard, confirme: les coupes dans les subventions ont particulièrement affecté la grande région de Québec. «On s’attend à ce qu’il y ait moins de travailleurs de rue sur l’ensemble du territoire», rapporte-t-il. Il dit craindre les difficultés pour couvrir adéquatement l’ensemble du territoire. «L’impact sur la région est inévitable», dit-il.

Son organisme a réussi à préserver l’équivalent du 2/3 du financement qu’il recevait de la part de la SPLI. «Nous n’avons pas été les plus durement affectés», nuance-t-il toutefois. Dans le cas précis de l’aide à l’itinérance, les organismes œuvrant dans le domaine ont su se concerter pour offrir une couverture adéquate. L’organisme de Steve Richard s’est également tourné vers d’autres sources de financement privé, comme Centraide, depuis un an, pour pallier le manque.

C’est aussi ce qu’a fait la Maison de jeunes L’Escapade de Val-Bélair pour réussir à maintenir ses deux travailleurs de rue. Le coordonnateur Jean-François Bougie explique que si les subventions atteignaient par le passé les 75 000 $, elles totalisent aujourd’hui 49 000 $. Sans le soutien de Centraide et de la Ville de Québec, entre autres, un poste de travailleur de rue aurait dû être coupé, assure-t-il.

Une mission complexe et difficile à cerner

Pour le trésorier du ROCQTR, financer un organisme en travail de rue est complexe, comme la mission est généraliste et les sources de financement, multiples. «On doit mettre beaucoup de temps pour remplir des demandes de subvention pour des sommes pas si grosses que ça», croit-il. Il décrie également l’aide publique aux organismes communautaires qui stagne depuis des années. «Ça augmente tellement peu qu’on ne s’en sort pas», dénonce-t-il. Il rappelle que les organismes peuvent néanmoins se tourner vers des subventions privées ou même, présenter des projets. «Mais le défi, c’est de conserver sa mission de base», renchérit-il.

En collaboration avec Monica Lalancette

 

À lire également: Travailleurs de rue: perte d’emplois à Québec

Québec Hebdo

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