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La démolition de la serre évitable?

La grande serre située sur l'ancien site du zoo de Québec. Photo: /Photo Métro Média - Perrine Gruson

Réactions. Une coalition d’organismes de quartier demandent le maintien de trois bâtiments sur le site de l’ancien zoo, en lien avec la future construction de deux écoles, l’une primaire et l’autre secondaire. La volonté politique de les conserver ne semble toutefois pas au rendez-vous. Pour la population et certains experts du domaine horticole, il serait particulièrement regrettable de démolir la serre de l’ancien zoo.

«C’est une patate chaude qu’ils se refilent», croit Michel Lagacé, membre de la Table de quartier Orsainville. Il se désole que les préoccupations des citoyens à trouver un usage à la serre [qui a coûté 14M$ aux contribuables et n’a été en fonction que quatre années, de 2002 à 2006] pour le bien de la population ne soient pas prises en compte. « Si la SQI [Société québécoise des infrastructures] évalue ces bâtiments comme un C ou un D, le gouvernement aura le feu vert pour tout démolir», regrette-t-il.

Selon un rapport de 2015 de la firme WSP pour la Société des établissements de plain-air du Québec (SÉPAQ), alors propriétaire du terrain, la remise en état des systèmes électromécaniques de la serre coûterait environ 200 000$. La firme ABCP Architecture a quant à elle évalué à 352 396$ les travaux concernant l’enveloppe extérieure du bâtiment. Avec les coûts d’opération, une réutilisation du bâtiment ne coûterait guère plus qu’un million, selon les estimations de divers scénarios. La Table de quartier Orsainville a aussi demandé d’évaluer la démolition de la serre, dont le coût a été estimé à 3M$.

À LIRE AUSSI: Front commun pour la sauvegarde des bâtiments de l’ancien zoo

La serre inutilisée: choquant pour le Jardinier paresseux

«C’est un bâtiment extraordinaire qui n’a pas son équivalent et qui a été fermé trop longtemps», déplore Larry Hodgson, Jardinier paresseux de son surnom. Pour lui, chaque grande ville canadienne possède sa serre publique, mais pas Québec. «C’est choquant de voir cette serre inutilisée alors qu’on pourrait y faire des visites publiques ou l’utiliser pour de la formation horticole». Le jardinier a conscience que les coûts d’opération de chauffage d’une telle serre sont très élevés, mais il croit possible de faire quelque chose sans chauffer autant. «On n’est pas obligé de faire une serre tropicale. On peut faire un climat subtropical (moins chauffé) où de la végétation d’Australie, de Californie pourrait avoir sa place, comme des fines herbes de ces régions, des arbustes de romarin. Cela pourrait être un laboratoire d’expérimentations horticoles», imagine-t-il.

Le jardinier paresseux Larry Hodgson trouve choquant qu’on envisage de démolir la serre.

Un aspect patrimonial et architectural intéressant

Bruno Faucher, ingénieur et concepteur de serres, propriétaire de l’entreprise Green Houses, y voit aussi un potentiel intéressant, notamment pour y implanter un jardin d’hiver. L’homme d’affaires spécialiste des abris vitrés pense qu’un Biodôme local aurait toute sa place dans la Capitale. «Ce serait vendeur. Il n’y a qu’à penser à l’activité des papillons offerte chaque année aux Jardins Hamel. Pourquoi ne pas recréer ce genre d’événements dans la serre», exprime-t-il.

Pour M. Faucher, entre autres à l’origine des serres de l’Université Laval, l’aspect architectural de la serre de l’ancien zoo est particulièrement intéressant. «C’est un modèle de style conservatoire [modèle de serre européen du 16e siècle, conçu pour y entreposer des agrumes et autres arbres ayant besoin de climats plus chauds, selon Wikipédia], on peut d’ailleurs en voir de format plus petit au Domaine Cataraqui. Ça ne ressemble pas aux serres qui servent à faire pousser les tomates du Québec. Même si elle est relativement moderne, elle a un aspect qui sort de l’ordinaire, même un cachet, qu’on devrait protéger», fait-il valoir. Si on ne démolit pas le Colisée, je ne vois pas pourquoi on démolirait la serre».

Les promeneurs veulent garder la serre

Lors de notre reportage-photo sur les terrains de l’ancien zoo aux fins d’illustrer cet article, nous avons demandé à quelques marcheurs ce qu’ils pensaient de la serre. Sur trois personnes interrogées, toutes ont répondu que pour eux, ce serait une honte de la démolir. «Il faut qu’ils fassent quelque chose avec. Là, ils ne font rien. Ça a coûté cher cette serre-là», a exprimé l’ancien gardien des loups du jardin zoologique Paul-Raymond Simard, rencontré par hasard.

Nous avons demandé au Centre de formation professionnelle Fierbourg si leur département d’horticulture serait intéressé à utiliser cette serre, mais celui-ci ne nous a pas répondu. 

 

L’ancien gardien des loups, Paul-Raymond Simard, qui prend sa marche chaque jour au Parc des Moulins, déplore qu’il n’y ait toujours aucune utilité à la serre.

 

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