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Entreprendre ici quand on vient d’ailleurs

(Photo Métro Média – Marilyn Préfontaine) Photo:

Par Marylin Préfontaine

Imaginez partir vivre à l’étranger, vous déraciner, apprendre peut-être une nouvelle langue, une autre culture et en plus lancer votre entreprise. Vous voyez le défi? Pourtant, ils sont nombreux, les entrepreneurs, à le faire ici. Rencontre avec François Giraudet, propriétaire de la boulangerie Le Goût du Plaisir.

Originaire du département de la Vendée en France, François Giraudet est arrivé au Québec il y a 14 ans. Boulanger de troisième génération, il a fait ses études en pâtisserie et en boulangerie en France. Le 21 novembre 2016, il démarrait sa propre boulangerie sur la rue de Nemours.

Pourquoi Charlesbourg? «J’habite tout près et comme je me lève à 23h, je ne veux pas avoir à faire de la route pour me rendre au travail», explique-t-il. Natif d’un village de 1000 habitants, l’entrepreneur désirait aussi un endroit calme où il y a moins de bruit. Alors qu’en France, les boulangeries se retrouvent partout, elles sont plus rares dans un quartier à vocation principalement résidentielle. «En France, on va saluer le boulanger du village le matin, ça fait partie de notre coutume», relate M. Giraudet.

Les croissants, populaires en France, comme ici!

Entreprendre différemment
Comme on le sait, la baguette est un produit qu’on consomme quotidiennement en France, alors qu’au Québec, elle s’invite seulement occasionnellement à table. «En France, c’est dans notre culture, on mange du pain tous les jours, du pain tout chaud, tout droit sorti du four. Et les croissants c’est la fin de semaine.» Ici, une adaptation était donc nécessaire. «En boulangerie au Québec, il faut s’adapter au quartier, s’adapter à la clientèle, savoir ce que les gens veulent ».

Et que veulent les gens de Charlesbourg? «Des éclairs!». La production n’est donc pas la même. «Ici, on sort environ 100 baguettes par jour; 150 avec les restaurants. En France, on sort facilement 500 à 600 baguettes par jour. Pour les croissants, ce serait une centaine par jour là-bas et ici c’est le quart. Il faut savoir s’ajuster.» L’ajustement, l’entrepreneur a aussi dû en faire au niveau du matériel et des ingrédients disponibles.

Plus facile ici ou là-bas, l’entrepreneuriat? «Ici, en deux semaines, si tu as ton local, tu peux t’installer. En France, à cause de la bureaucratie, c’est six mois avant de lancer ton entreprise», raconte le boulanger.

Connaître le goût des Québécois
Établi dans la province depuis plusieurs années, François Giraudet a eu la chance de travailler dans plusieurs restaurants et boulangeries avant d’ouvrir son propre commerce. Un conseil qu’il donne sur le champ aux immigrants qui souhaitent entreprendre ici. «Je leur déconseille d’arriver ici et d’ouvrir leur boulangerie ou leur commerce tout de suite, car ils vont faire comme en France et ça ne fonctionnera pas. Ici, la demande n’est pas la même. Il faut s’adapter à ce que la clientèle d’ici veut». Il s’agit surtout d’être à l’écoute de ses clients. «Je suis arrivé avec la baguette que je fais aujourd’hui en l’adaptant selon les commentaires des clients. Ici, on la mange moins cuite. La même baguette, en France, elle aurait été 5 minutes de plus au four. Je m’adapte.»

Faire des heureux
Plusieurs Français se déplacent aussi pour aller chercher leur pain frais. Le boulanger note une différence entre les deux types de clients. «Les Français viennent manger le croissant entre 7h et 9h et les Québécois arrivent entre 9h et 11h.» Des Français font même le détour à la boulangerie cinq jours par semaine et plus de 200 familles y viennent régulièrement. «Je reçois des commentaires de gens qui me disent merci de m’être établi ici. Un Français m’a même dit qu’il a acheté une maison tout près lorsqu’il a su qu’il y avait une boulangerie dans le quartier.»

La boulangerie a son petit coin pour les enfants.

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