Soutenez

Vendeur de pain à domicile, un métier en voie de disparition

Dès l’âge de 10 ans, Serge Garneau de Beauport aidait son père Paul-Émile à faire sa route de vendeur de pain, en voiture à cheval de porte en porte, dans le secteur des rangs Saint-Joseph et Sainte-Thérèse, jusqu’au lac John, au nord de la municipalité. Travaillant à son compte aujourd’hui, il poursuit avec son propre camion ce métier en voie de disparition sur les mêmes pas que le paternel lui a tracés.

«Ma clientèle, c’est une grande famille. J’ai servi les parents, leurs enfants et maintenant ce sont les petits-enfants qui viennent m’accueillir à la porte quand j’arrive avec mes pains et mes gâteaux. À Québec, il doit en rester à peine 10 qui font le même métier que moi alors qu’il y en avait plus de 200 il n’y a pas si longtemps dans les années ’70», souligne le Beauportois de 64 ans qui se rappelle encore de nombreux souvenirs.
«Mon père a commencé à travailler avec une voiture à cheval au début des années ’50. En hiver c’était beaucoup plus dur. Je me souviens qu’une traîne sauvage était attachée en arrière de l’attelage et quand on arrivait dans le rang Sainte-Thérèse et qu’il fallait desservir des familles plus au nord, vers la rue Saint-Pierre qui n’existait pas à ce moment-là, mon père détachait la traîne sauvage et me disait de monter là-haut à pied dans la neige et qu’il viendrait me rechercher en revenant. Je peux vous dire que j’avais hâte à l’été pour remonter dans le camion !».

Du bon pain tranché de deux livres à 33 cents !

Serge Garneau a débuté en 1960 dans la pâtisserie de la boulangerie Ferland qui fabriquait et commercialisait le pain Léo et diverses sortes de gâteaux dans le Vieux-Beauport. En ce temps-là, un bon pain tranché de deux livres (900 grammes) se vendait 33 cents et une boîte de gâteaux Jos Louis 59 cents comparativement à 3, 59 $ aujourd’hui. Une boîte d’éclairs au chocolat coûtait 75 cents, ce qui était cher à l’époque. On peut s’en procurer encore aujourd’hui pour 5, 39 $.
Un jour, quand son père a pris sa retraite comme vendeur de pain à domicile alors que l’entreprise beauportoise avait été vendue à la compagnie Gailuron, la direction a transmis sa route à un autre employé. «En moins d’un an seulement, le nouveau vendeur était en train de perdre toute sa clientèle. C’est là que j’ai décidé de reprendre le métier de mon père et comme je connaissais beaucoup de monde pour l’avoir aidé pendant longtemps, j’ai tout de suite obtenu du succès tant et si bien que j’exerce encore ce métier aujourd’hui. J’ai déjà eu jusqu’à 200 clients par jour, six jours par semaine, mais aujourd’hui je fais environ 125 portes par jour, de 7h à 13h, du mardi au samedi, 52 semaines par année. Je dois cependant me lever dès 5h pour me rendre au Maxi sur Clémenceau et effectuer mon chargement. Je ne prends pas de vacances parce qu’il n’y a personne pour me remplacer».

Des anecdotes savoureuses

Questionné à savoir s’il se rappelait quelques anecdotes savoureuses de ses 41 ans de service, M. Garneau a relaté au Québec Hebdo que sur sa route il y avait plusieurs maisons anciennes qui possédaient un panneau pour descendre dans la cave directement en entrant dans la maison. «Une fois, je rentre avec les bras chargés et j’entends une dame me dire:«Attention à la cage». Je regarde en l’air pensant voir une cage d’oiseaux et je me retrouve les quatre fers en l’air dans la cave. C’est là que je me suis rendu compte que j’aurais dû comprendre «Attention à la cave !». M. Garneau se souvient aussi de la fête de l’Halloween alors qu’il se déguisait avec sa fille pour faire sa tournée. « Je demandais toujours des bonbons à la compagnie pour les distribuer aux enfants de mes clients et elle acceptait. Lorsque l’on arrivait chez les clients, ce sont eux qui en donnaient à ma fille pour son costume!».
Parcourant aujourd’hui quelque 200 kilomètres par semaine toujours dans le même secteur que son père, M. Garneau entend prendre sa retraite au même moment que son camion de livraison GMC 1979 cessera de rouler !

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Toute l'actualité locale au même endroit.

En vous inscrivant à Mon Métro, vous manifestez votre engagement envers la presse locale. + Profitez d’une expérience numérique personnalisée en fonction de vos champs d’intérêt et du quartier où vous résidez. + Sélectionnez vos articles favoris pour une lecture en différé.