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Le cauchemar vénézuélien

SOCIÉTÉ. Si on vous plaçait dans une situation où vos parents sont pris au piège à plus de 4000 km de votre domicile, dans un pays où la justice n’existe plus et où la violence prend toute la place, que feriez-vous? 

Claudia Delgado aimerait que le gouvernement canadien démontre plus d’ouverture pour les Vénézuéliens comme ils l’ont fait dans le passé pour Haïti.

(Photo Métro Média – Jean Carrier)

C’est maintenant le quotidien de la Beauportoise Claudia Delgado, qui vit au Québec depuis 1997, mais dont les parents sont à Maracaibo, au Vénézuéla. «La violence domine au pays en raison de l’écroulement de l’économie et l’inflation fait en sorte que les produits de base comme l’eau, la farine et les médicaments sont hors de prix. Mes parents étaient des professeurs à l’université et ont tout perdu, c’est partout comme ça. La population fuit dans les pays limitrophes, mais c’est impossible pour mon père, car il souffre d’Alzheimer», déplore celle qui s’en fait énormément pour ses parents et le reste de sa famille.

«J’envoie de l’argent en devise américaine et c’est difficile, car cela ne peut pas se faire par le réseau traditionnel bancaire. L’argent américain vaut plus et c’est plus facile pour faire du troc au marché noir par la suite. C’est aussi difficile de communiquer avec eux, car les résidents n’ont plus le droit de faire des appels à l’étranger et nous communiquons par Skype, quand ça fonctionne.» 

La situation critique du Vénézuéla a comme conséquence que personne n’est à l’abri de gestes violents. Les parents de Claudia Delgado ont déjà été attaqués par des voleurs ainsi que plusieurs autres membres de sa famille. Malgré tout ça, elle refuse de condamner les criminels. «Les gens ont faim et ils sont prêts à tout. Tu ne peux pas te tourner vers le système judiciaire qui est corrompu jusqu’à l’os. Présentement, le Mexique est un paradis et un exemple de droiture pour les forces de l’ordre comparé au Vénézuéla», spécifie la femme qui s’efforce de garder le moral malgré la situation. 

La vie continue

Un aspect difficile à gérer est le fonctionnement de la vie quotidienne. Avec trois enfants à la maison, la mère de famille ne peut pas seulement avoir ses pensées dans son pays d’origine. «J’ai aussi ma famille et mon travail à m’occuper, ce n’est pas facile de continuer à fonctionner normalement. Par moments, je suis moins patiente. L’autre jour, j’ai vu mes enfants gaspiller de la nourriture et j’ai piqué une colère. La surconsommation me dérange beaucoup plus qu’avant, j’ai toujours une pensée pour mes parents qui sont amaigris et ça m’enrage!»

Fort heureusement, la profession de Claudia l’aide à passer à travers cette épreuve quotidienne. La professeure de yoga se replie souvent sur ses exercices de respiration dans les moments difficiles. «C’est une situation pénible pour tout le monde. Les enfants réalisent que c’est très difficile pour leurs grands-parents et tout ce que je peux faire, c’est de conscientiser les gens d’ici à ce qui se passe là-bas et de continuer à essayer de faire venir mes parents au Canada. En attendant, je vais continuer à envoyer de l’argent.»   

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