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Maladie mentale: de nombreux défis pour les proches

Les relations entre les proches de personnes atteintes de maladies mentales et les équipes soignantes peuvent parfois être tendues. L’événement «Mûrs pour construire ensemble», qui a eu lieu au Manoir Montmorency, avait pour but de réunir intervenants et proches afin de les aider à construire des ponts pour mieux se comprendre et collaborer. 

Raphaël possède maintenant son propre logement et est en voie de devenir pair aidant pour des jeunes qui vivent la même problématique que lui.

PATRICIA DESJARDINS

«Il ne faut pas se cacher qu’il y a des irritants dans les relations. Ce ne sont pas des irritants voulus, mais plutôt des incompréhensions de part et d’autre», explique Jean-Pierre Langevin, bénévole à la Boussole depuis 20 ans, un organisme qui vient en aide aux proches d’une personne atteinte de maladie mentale, comme la schizophrénie, la bipolarité ou un trouble de la personnalité. Le but de l’événement était de parler du vécu des deux parties et de faciliter les communications.

L’un de ces irritants est la confidentialité du dossier d’une personne traitée, explique M. Langevin, qui estime qu’il y a moyen, pour l’équipe traitante, de véhiculer certaines informations pour réconforter un parent qui voit son enfant souffrir.

«C’est important de respecter le droit des parents d’accompagner leur enfant, sans brimer la confidentialité du dossier. La nuance est très subtile et cette approche humaine n’est pas dans les mœurs de tout le monde», estime M. Langevin. «Ça devient lourd pour les parents de vivre avec un enfant perturbé, mais aussi de manquer d’information pour pouvoir comprendre sa situation», ajoute-t-il.

Nathalie Gauthier et son fils Raphaël, atteint de schizophrénie, ont offert une conférence, lors de l’événement au Manoir Montmorency. «Quand un enfant comme Raphael vient parler, ça donne de l’espoir aux parents. Il a été le héros de cette journée-là. Il a donné les vraies réponses aux parents, celles que nos enfants ne nous disent pas. On voyait aussi qu’il y avait un lien très fort avec sa mère», a constaté Jean-Pierre Langevin.

 «Je ne refuserai jamais de parler de la maladie de mon fils, parce que je suis fière de lui et c’est important d’en parler pour déstigmatiser», conclut Mme Gauthier.

L’histoire de Raphaël

L’entrée au Cégep de Raphaël a été difficile et une anxiété constante l’a forcé à abandonner les cours. À la recherche de son identité, il consommait également du cannabis et des hallucinogènes. «Ça a été l’étincelle», rapporte la mère du jeune homme, Nathalie Gauthier.

«Je faisais des recherches sur internet sur la télépathie. J’avais l’impression que les gens pouvaient entendre mes pensées. Ça créait beaucoup de malaises parce que je croyais que les gens savaient tout ce que je pensais», se rappelle Raphaël. Pendant un autre épisode, Raphaël a passé plusieurs mois à faire des rituels pour retrouver son âme: «C’était épeurant. Il y a des gens qui parlaient à travers moi, comme si je ne contrôlais plus ce que je disais. J’étais seul quand ça arrivait».

Sobre depuis 3 ans, presque jour pour jour, Raphaël se porte aujourd’hui beaucoup mieux, même si accepter de prendre de la médication et s’entourer des bonnes personnes demeurent un défi au quotidien. Après avoir vécu deux hospitalisations, en 2012 et en 2014, ainsi qu’un séjour en maison d’hébergement, il a pu reprendre le contrôle sur sa vie et se concentrer sur l’une de ses passions: le rap. D’ailleurs, il aimerait sortir un album l’an prochain, inspiré de son vécu, sous le nom d’Artista le MC.

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