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Audrey: une ado branchée, et… travaillante!

(Par Mathias Marchal) Elle s’appelle Audrey, a 16 ans, utilise frénétiquement son téléphone portable pour consulter les réseaux sociaux, consomme de la drogue, possède une voiture et a déjà eu ses premières relations sexuelles. À l’aube de la rentrée, Audrey est le portrait type de ces milliers d’adolescentes qui s’apprêtent à retourner sur les bancs d’école au Québec, indiquent des données statistiques compilées par TC Média.

Si elle s’appelle Audrey, c’est parce que ses parents ont manqué un peu d’imagination. L’année de sa naissance, en 1997, c’est en effet son prénom qui trônait au sommet des prénoms les plus populaires.

Comme pour environ 37 000 autres Québécoises de son âge qui s’apprêtent à prendre le chemin des classes pour compléter leur dernière année de secondaire, c’est jour de rentrée.

6 h 50. Son réveil sonne. Ou plutôt son cellulaire sonne, car comme 43 % des jeunes de la génération C (C pour connectée), Audrey est ultra branchée et possède évidemment un téléphone intelligent.

À peine a-t-elle les yeux entrouverts, que son premier geste est de vérifier sur Facebook ce qui s’est passé depuis hier soir au sein de son groupe qui compte plusieurs centaines «d’amis». Ce n’est d’ailleurs que la première d’une longue liste de consultation de son compte, puisqu’elle va répéter ce geste plus de 11 fois durant la journée… pour un total de 3 heures.

Malgré qu’ils aient reçu un compte de taxes salé cette année, les parents d’Audrey ne rechignent pas. Ils sont bien confiants que leur fille adorée ne fera vraisemblablement pas partie des 12,6 % de filles qui auront décroché avant la fin du secondaire.

Au Québec, ce sont les adolescentes de la région Chaudière-Appalaches et de la Capitale-Nationale qui réussissent le mieux à l’école. L’année dernière, elles ont obtenu un taux de diplomation de 80,8 % après 7 ans d’études. À l’inverse, les jeunes filles du Nord-du-Québec (39%) et de Lanaudière (71,2 %) arrivent en queue de peloton.

8 h. Il est temps de prendre le chemin de l’école. Comme 69,3% des filles de son âge de Québec, Audrey occupe un emploi, même occasionnel (la moyenne québécoise est de 59%). Cela lui a permis de se payer une auto d’occasion (3,92 % des filles de 16 ans en possèdent une). Mais pour l’instant, l’adolescente doit encore se résigner à conduire sous la supervision de papa, le temps d’acquérir les bonnes techniques nécessaires et éviter les accidents.

Midi, l’heure est au lunch. Avec ses copines, Audrey se lance dans la première chaîne de restauration rapide près de l’école. Comme 27 % des adolescentes dans la belle province, selon la plus récente Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire, la jeune fille mangera au moins trois fois de la malbouffe dans un restaurant ou un casse-croûte pendant sa semaine d’école.

Cela ne lui laisse pas beaucoup d’occasions pour avaler ses 6 à 8 portions de fruits et légumes, tel que le recommande le Guide alimentaire canadien. D’ailleurs, à peine 33 % des élèves du secondaire consomment le minimum de portions recommandées.

Facile de comprendre alors pourquoi Audrey, comme 18 % des adolescentes du Québec de 16 ans, est sujette à l’embonpoint et à l’obésité. Du temps de sa mère, ce pourcentage n’était que de 10,8 %. Avec un taux de 23,5 %, ce sont les jeunes filles de la région Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine qui ont le plus de problèmes à maîtriser leur poids. À Québec toutefois, les filles se situent sous la moyenne québécoise, avec 14,5% des adolescentes présentant un surplus de poids.

Mais ce n’est pas ce qui inquiète le plus son père. Papa tente plutôt de savoir qui se cache derrière le pseudonyme «SamTheBoy», avec qui sa fille flirte sur Facebook. Comme 50 % des parents, le père d’Audrey est de ceux qui rejoignent le populaire réseau social principalement pour être «ami» avec sa fille et voir ainsi avec qui elle fraie sur le Web.

Le père d’Audrey peut bien s’inquiéter des fréquentations de sa progéniture quand on sait que 53,8 % des filles de 5e secondaire ont déjà eu des relations sexuelles et que 9,1 % ont même eu des relations anales.

Ce sont les adolescentes de la Côte-Nord qui sont les plus actives sexuellement (70,9 %) et celles de Montréal et Laval, les plus chastes (40,5 %). À Québec, la statistique est plutôt de 53,2%. Quand le père d’Audrey avait le même âge que sa fille, en 1983, l’âge de la première relation sexuelle était de 18 ans, soit 1,5 année de plus.

Sources des données

Santé, emploi, drogue, tabagisme, relations sexuelles: Institut de la statistique du Québec

Éducation: ministère de l’Éducation du Loisir et du Sport (secteur public)

Automobile : SAAQ

Possession d’un cellulaire: Ipsos Reid

Addiction à Facebook : Dr Éric Charles, psychiatre à l’hôpital de Limoges

Consommation de fruits et légumes : Agence de la santé et des services sociaux

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