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Un jeune réfugié syrien se démarque par sa persévérance 

Photo: Gracieuseté Forces Avenir - Gilles Fréchette

Un jeune réfugié syrien habitant le secteur D’Estimauville s’est démarqué pour sa persévérance scolaire lors du dernier Gala Force Avenir. Mohamad Shahin est arrivé au Canada il y a cinq ans alors qu’il avait 13 ans et qu’il ne parlait pas français. Aveugle, il parle aujourd’hui quatre langues et maîtrise le braille.  

Né en Syrie, Mohamad Shadin a dû subir une intervention chirurgicale très poussée à l’âge de quatre ans afin de lui retirer une tumeur au cerveau. Malheureusement, cette intervention de plus de vingt heures l’a laissé aveugle de manière permanente. «La tumeur était appuyée sur le nerf optique. Le médecin l’a coupé pendant l’opération», explique-t-il.

Départ pour la Turquie 

En 2015, alors âgé de 10 ans, Mohamad et sa famille sont contraints de quitter la Syrie en toute urgence en raison de la guerre civile faisant rage dans leur pays natal. «On savait que l’État islamique (ÉI) allait venir attaquer la région de Kobané où nous habitions. On ne savait juste pas quand. Une nuit, à 3h du matin, mes oncles ont appelé mon père et lui ont dit d’aller chez ma grand-mère. Tout le monde s’est présenté. Nous étions 250-300 personnes chez ma grand-mère. On est resté douze heures là-bas, mais tout le monde était réveillé parce qu’on ne savait pas quand la guerre commencerait. Vers 16h30-17 h, nous avons quitté la Syrie pour traverser la frontière vers la Turquie. Quand l’ÉI est venue à Kobané, le premier ministre de la Turquie a ouvert la frontière pour nous protéger», raconte le jeune homme.

«On est arrivé en Turquie, c’était très difficile. Pour ma famille, c’était la première fois qu’ils vivaient une guerre. On est sorti de chez nous avec juste nos vêtements sur le dos. On a tout laissé derrière, les voitures, les maisons, etc. C’était extrêmement difficile. J’étais très bien, et j’étais très jeune. J’ai passé plusieurs années de ma vie dans ma ville avec mes amis et la famille. Quand on a quitté la Syrie et quand on a quitté la Turquie, on n’a plus de famille à voir…», poursuit-il.

Le départ vers le Canada 

Trois ans passent. Puis, constatant que la situation ne s’améliorait pas en Syrie, le père de Mohamad entreprend des démarches pour immigrer au Canada. Le 14 février 2017, la famille arrive au pays et découvre l’hiver québécois. «On est arrivé en plein milieu de l’hiver. C’était la première fois qu’on sentait une météo comme ça. On a pleuré. Je n’avais pas étudié en Syrie et en Turquie, quand j’ai commencé la francisation, ça a été extrêmement difficile», se souvient Mohamad qui travaille maintenant comme serveur au restaurant Ô 6e Sens à Sainte-Foy. Il maîtrise aujourd’hui très bien la langue de Molière, sa 4e langue après le Kurde, l’Arabe et le Turc.

Reconnaissance 

Le jeune homme souhaite pour le moment compléter ses cours de français de niveau secondaire un ainsi que ses cours de mathématiques de niveau secondaire deux. Une fois qu’il aura atteint ce premier objectif, il espère poursuivre ses études. «C’est grâce au Canada que j’ai pu étudier. J’essaie d’obtenir mon diplôme du secondaire et aller à l’université par la suite. Je sens vraiment que j’ai deux pays, la Syrie et le Canada. Tout le monde est gentil ici!», admet-il avec émotion.

 

Son patron impressionné par sa vitesse d’adaptation

Embauché comme serveur au restaurant Ô 6e Sens à Sainte-Foy il y a environ deux ans, Mohamad Shahin s’est très bien intégré à sa nouvelle équipe, selon son patron Jean-François Lessard, propriétaire du restaurant.

«C’est son enseignante de francisation qui nous l’a présenté au moment où elle a cru qu’il serait suffisamment en mesure de nous comprendre et de se faire comprendre. Pour lui, la langue a été un défi au début, mais il prenait ça très au sérieux. En travaillant chez nous, c’est une belle façon d’apprendre la langue vu le contact avec la clientèle. Il aime les défis et être stimulé», raconte M. Lessard.

Rapidement ses collègues sont devenus des amis. Selon le restaurateur, la famille Shahin invite même régulièrement des membres de l’équipe à aller manger chez eux.

Le restaurant Ô 6e Sens sert un menu dégustation de plats québécois servis par des serveurs aveugles. Les clients sont plongés dans l’obscurité et ils y vivent une expérience qui stimule leurs autres sens.

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