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Des vers dans votre assiette: le défi d’Insectes Intrinsekt

Karine Richer affirme que son entreprise sera rentable dès sa première année d'existence. Photo: /Photo Métro Média - Vincent Desbiens

ALIMENTATION. Une jeune entreprise en pleine ascension, Insectes Intrinsekt, s’est donné comme défi de démocratiser la consommation d’insectes pour offrir une alimentation durable et saine dans la Capitale-Nationale.

La présidente d’Insectes Intrinsekt, Karine Richer, s’est lancée en affaires en novembre 2020 après deux ans de recherches sur l’élevage de ténébrions meuniers, plus communément appelés les vers de farine. «J’avais envie d’un défi, on dispose de très peu d’informations pour se monter une production intéressante [dans ce domaine] et j’avais le goût de bâtir mon affaire sans mode d’emploi», explique celle qui a débuté à Stoneham avant de s’installer à Beauport.

Elle a par la suite été sélectionnée pour participer au concours en entreprenariat agricole Sur les traces de Louis Hébert, qui réunit des participants provenant de Québec, de Lévis et des environs. Son projet a remporté la deuxième place, ex-aequo avec une ferme agroforestière spécialisée dans la production de champignons, la Ferme des Sept Crans.

«J’ai été jumelée à un agroéconomiste pendant plusieurs mois pour développer mon plan d’affaire et à un coach pour préparer mon pitch de vente avant de le présenter devant le jury. Ç’a été très formateur, j’ai réussi à faire grandir mon projet rapidement et je pense que ça m’a aidé à prendre de bonnes décisions pour le futur», s’enthousiasme la biologiste de formation.

Le grand plongeon

Karine Richer a exercé le métier de plongeuse dans le domaine de la construction pendant une dizaine d’année avant de lancer son projet en pleine pandémie. Comme mère de deux enfants, elle trouvait difficile de devoir faire beaucoup de route pour le travail.

«Je devais parfois aller à Baie-Comeau et à Gatineau dans la même semaine, j’ai décidé de choisir ma famille et de devenir entrepreneure. Certains pensent que c’est pire, que l’on a pas de temps pour ses enfants quand on a une compagnie, mais moi je trouve ça vraiment plus facile», confie celle qui est épaulée par ses deux parents dans la gestion de son entreprise.

Production grouillante

Dans les locaux d’Insectes Intrinsekt, des centaines de bacs en plastique remplis de farine qui grouillent de petits vers sont empilés dans deux «serres» intérieures où l’humidité et la chaleur règnent en maître afin de garder les bestioles dans de bonnes conditions.

Les vers produisent du fumier à la texture sablonneuse que l’éleveuse récupère, puisqu’il s’agit d’un formidable engrais pour les plantes. Une organisation qui crée et qui occupe différents espaces verts dans la région, les Urbainculteurs, utilise l’engrais de Mme Richer dans ses jardins. Les vers, eux, sont déshydratés, puis séchés. Ils peuvent être intégrés à des salades, par exemple, ou être broyés et ainsi créer une poudre protéinée qui peut remplacer une partie de la farine traditionnelle dans une recette.

«Je suis très fière de produire de la nourriture qui consomme aussi peu de ressources. C’est drôle à dire, mais j’ai même croisé un végane qui m’a dit que ça entrait dans son cadre de valeurs même si ce sont des êtres vivants […] parce que c’est écologique, c’est local, ça ne consomme pas beaucoup d’eau et ça ne détruit pas la planète», raconte Karine Richer.

Le coût de production associé à l’élevage de ténébrions meuniers est également très intéressant pour un entrepreneur qui compte se lancer dans le domaine. «Pour un investissement de vingt-cinq cents, on fait environ un dollar de profit, c’est vraiment très avantageux», poursuit-elle.

Insectes Intrinsekt déménagera dans quelques mois dans un local deux fois plus grand, afin d’augmenter sa production de manière significative pour répondre à la demande. «Je vais devoir engager un employé, je ne pourrai pas gérer le double de superficie à moi toute seule», conclut celle qui compte également s’allier à des entreprises de transformation d’aliments afin de diversifier son offre.

Économique et écolo

Plusieurs études le confirment, l’avenir de l’alimentation passe par la consommation d’insectes comestibles. Ces petites bêtes offrent un apport en protéines plus important que la viande provenant du bétail et consomment une infime quantité de ressources en comparaison avec leurs cousins à deux ou quatre pattes.

 

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