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Dans les souliers d’une directrice d’école: impliquée à fond dans son milieu

Annie Guilbault a été directrice adjointe à l’École de Boischatel ainsi qu’à l’École Saint-Michel et a déjà enseigné avant d’arriver à l’École du Parc. (Photo Métro Média – Jean Carrier) Photo:

ÉDUCATION. Dans le cadre de la semaine québécoise des directions d’établissement d’enseignement, le Beauport Express est allé à la rencontre d’Annie Guilbault, directrice adjointe à l’École du Parc, à Beauport. L’auteur de ces lignes a suivi la dirigeante dans ses tâches quotidiennes pendant une matinée complète.  

L’École du Parc est une école de quartier située à Montmorency. Elle est identifiée comme une école avec une clientèle défavorisée. Il y a 230 élèves qui fréquentent l’institution avec des classes de la maternelle à la sixième année. Il y a quatre concentrations sportives à l’intérieur de l’école et quatre classes spécialisées (TSA) avec des élèves autistes dont une nouvelle de cette année. Il y a un total de 22 élèves autistes. Ces classes demandent une attention particulière avec plusieurs intervenants spécialisés qui travaillent avec cette clientèle exigeante. Annie Guilbault tient également à être présente à chaque intervention où l’on doit restreindre physiquement un élève en détresse. «J’ai suivi une formation où l’on apprend à gérer ce genre de crise. C’est important pour moi de montrer l’exemple et ce que je demande à mon personnel, je suis capable de la faire. S’il faut maîtriser physiquement un élève, je quitte tout ce que je fais. Je tiens à être présente quand ça arrive», mentionne la femme de 41 ans.

9h00: Accueil de ma visite au bureau de la directrice. Elle me dit immédiatement:«J’espère que t’es prêt à marcher parce que c’est rare qu’on reste dans le bureau.»

9h10: Début de son tour d’école habituel. Elle passe au gymnase, discute brièvement avec son professeur d’éducation physique et vérifie la pièce de rangement.»

9h14: Sa présence est demandée au deuxième étage pour un élève en crise. C’est un élève du cursus régulier qui a des problèmes de comportement de façon récurente. Il a été isolé dans une classe pour sa sécurité et celle de ses camarades. Une brève discussion avec le personnel en place lui permet d’évaluer la situation. Elle entre dans le local et lui demande de commencer son travail. Après plusieurs objections de l’élève, elle lui dit qu’elle va passer dans 45 minutes pour vérifier s’il est bien à la tâche. Elle vérifie aussi que l’élève a bien mangé ce matin et va même vérifier sa boîte à lunch pour regarder s’il a apporté son lunch. Elle me dit:«Ça bien été, ça arrive qu’il m’insulte en me traitant de salope. Il faut se faire une bonne carapace et avoir une mémoire courte avec certains de mes élèves»,explique-t-elle.

9h25: Visite de plusieurs locaux dont celui de musique. «Je suis contente, j’ai réussi à engager une nouvelle professeure de musique. C’est difficile partout avec la pénurie d’enseignants, les professeurs se relayaient pour enseigner la matière depuis le début de l’année.»

9h30: Discussion avec un autre élève sur un incident qui a eu lieu la veille. Un élève autiste a infligé une coupure à un membre du personnel avec une paire de ciseaux. Il est convenu que l’élève fasse une réflexion et s’excuse.

9h36: Mme Guilbault en profite pour me faire visiter les classes spécifiques aux élèves autistes. «Chaque élève a un espace individuel pour travailler. L’horaire de la journée est toujours affiché parce que c’est vraiment important pour eux. On essaie d’en faire un endroit calme. Nous avons aussi un local d’apaisement pour décharger les élèves en situation de crise. Les quatres classes avec nos élèves autistes sont regroupées ensemble dans la même partie de l’école. Nous avons aussi un local qui sert à isoler un élève en crise.»

Annie Guibault pose dans une classe spécialisée en autisme. L’horaire des élèves est toujours visible avec cette clientèle. (Photo Métro Média – Jean Carrier)

9h40: La directrice déambule dans les corridors, beaucoup de jeunes élèves la salue au passage.

9h50: Retour à son bureau pour une gorgée de café et faire un tri de sa boîte courriel.

10h00: Elle retourne au 2e étage pour vérifier si l’élève en crise, qui avait un problème de comportement, s’est remis à travailler. Il est calme et travaille très bien.

10h05: Discussion dans l’escalier avec la personne responsable des travaux à l’intérieur de l’école. Il y a eu un panne de courant la veille et la directrice s’assure que le système en place est adéquat.

10h07: Retour au bureau pour parler avec la secrétaire. «Elle est mon prolongement dans l’école. Elle connaît les horaires de tout le monde et l’école peut vivre sans moi, mais certainement pas sans elle.»

10h26: Fin de la récréation des élèves. Elle en a profité pour continuer à vider sa boîte de courriels et deux professeurs sont venus la voir pour des problèmes mineurs rapidement réglés. «Je ne fais pas dans la dentelle et mon personnel le sait. J’aime que les choses soient réglés rapidement et je dis les choses comme elles sont.»

10h31: Un élève a fait pipi dans ses culottes à plus d’une reprise et n’a plus de linge sec. La directrice appelle le papa pour lui demander de venir porter des vêtements. L’élève reste au secrétariat en attendant.

10h37: La directrice prend connaissance d’un problème qui a eu lieu dans le transport scolaire. Une élève d’une autre école a coupé une mêche de cheveux d’une de ses élèves. «En raison des concentrations sportives, notre transport scolaire possède des élèves de d’autres écoles dans les autobus.»

10h39: Rencontre avec l’élève qui s’est faite couper une mèche de cheveux dans son bureau.

10h49: Un élève est en crise dans la section des classes autistes. Quand elle arrive sur place, trois membres du personnel sont en train de calmer l’enfant. Il revient au calme peu à peu.

Annie Guilbault en intervention avec un élève. (Photo Métro Média – Jean Carrier)

10h55: Retour à son bureau, elle appelle le transport pour régler le problème de la coupe de cheveux prohibée.

11h15: Elle prend la pochette de documents qui demande sa signature. La fiche est remplie.

11h20: Elle sort à nouveau pour aller annoncer à un élève autiste qu’il est privé de jeu de ballon pour le reste de la semaine en raison de son mauvais comportement.

11h25: De retour à son bureau pour signer les nombreux documents et continuer à éplucher sa boîte de courriels.

11h35: Un professeur vient discuter d’un cas avec la directrice. Ils échangent aussi sur les activités parascolaires. «Je suis fière de nos concentrations sportives. J’ai moi-même initié celle du basketball il y a sept ans. Il y a beaucoup de belles histoires avec ça. Nous nous servons du sport comme levier pour la réussite éducative de nos jeunes et ça fonctionne.»

12h00: Fin de mon expérience et dîner pour la directrice adjointe.

«C’est une matinée normale dans mon école. Je marche beaucoup parce que je veux que les élèves me voient. Je veux établir un lien de confiance pour qu’ils soient à l’aise de venir me parler des problèmes qu’ils ont. Ce n’est pas un milieu facile et parfois je trouve mon métier très difficile, mais je suis très heureuse et je ne me vois pas faire mon travail assis à mon bureau toute la journée.»

L’équipe qui fait fonctionner l’école: Annie Guibault et sa secrétaire. (Photo Métro Média – Jean Carrier)

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