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Réduction des congés à la Commission scolaire des Premières-Seigneuries: cri du coeur des enseignants

Daniel Gauthier a demandé aux commissaires de la CSDPS de protéger et d'agir avec bienveillance avec les enseignants. (Photo Métro Média – Jean Carrier) Photo:

ÉDUCATION. La Commission scolaire des Premières-Seigneuries (CSDPS) a informé la semaine dernière son personnel enseignant à l’intérieur d’une lettre que les congés sans rémunération seraient réduits à un congé par 10 jours ouvrables et à un maximum de 20 congés de ce type pour l’année scolaire dès l’année scolaire 2019-2020 afin de contrer la pénurie d’enseignants. Une mesure qui a été décriée par les enseignants lors du conseil des commissaires de la CSDPS.

La réaction a été vive alors que près de 150 enseignants se sont déplacés pour se faire entendre au conseil. La vice-présidente du syndicat de l’Enseignement de la région de Québec (SERQ), Catherine Duchaine, avait aussi en sa possession une pétition signée par plus de 1200 enseignants en moins de trois jours. «C’est très drastique, on est passé d’un système très accommodant à un système qui ne l’est plus. Il y a plusieurs professeurs qui ne pourront plus travailler avec ces nouvelles mesures.»

Le président par intérim de la SERQ, Daniel Gauthier, parlait d’un pari très risqué pris par la CSDPS. «Je ne doute pas de la bonne foi des décideurs, mais je pense que la décision a peut-être été prise trop rapidement. En essayant de forcer un 10% de tâche à plusieurs enseignants, la CSDPS prend le pari très risqué qu’elle ne perdra pas le 80% à 90% de tâche qui est bien accompli. Je pense qu’en essayant de restreindre les congés pour combattre la pénurie de main d’œuvre, c’est le contraire qui va se produire et plusieurs enseignants vont quitter la profession au lieu de garder les mêmes conditions et rendre la profession attrayante pour les nouveaux enseignants.

Témoignages poignants

Plusieurs enseignants ont ensuite défilé au micro afin de faire comprendre les conséquences des nouvelles mesures de la CSDPS aux commissaires. C’est le cas de Claudia Dubé, enseignante de 16 années d’expérience à l’École du Trivent. «J’ai eu une grosse commotion cérébrale lors d’un accident de travail et ce n’est pas possible pour moi d’enseigner cinq jours consécutifs. Volontairement, je me prive de 16 000$ de salaire afin de prendre congé, car j’en ai besoin pour pouvoir faire l’année au complet. Avec les nouvelles mesures, j’ai peur de ne pas être capable de faire mon travail l’an prochain.»

La prise de retraite progressive est aussi un problème. Jacques Labbé, enseignant à l’École des Sentiers, déplore le manque de flexibilité. «Je suis en pré-retraite et la CSDPS change les modalités ce qui veut aussi dire qu’elle change les contrats. Les mesures ne favorisent pas les premiers remplacements des nouveaux enseignants, car plusieurs enseignants dans le réseau vont repousser les congés avec les mesures imposées. La CSDPS ne gère pas de façon efficace et efficiente.»

Plusieurs autres enseignantes ont défilé pour décrier la difficulté de concilier travail-famille avec les nouvelles mesures. Le fait de ne plus être en mesure de placer un congé quand elles en ont besoin représente un réel défi pour les enseignantes monoparentales.

Une partie des enseignants qui se sont déplacés au conseil des commissaires. (Photo Métro Média – Jean Carrier)

Réactions de la CSDPS

Le président de la CSDPS, René Dion, parlait d’une période de turbulence pour expliquer la décision. «C’est une action spéciale, car nous sommes dans une période de pénurie de main d’œuvre et c’est difficile d’être flexible en traversant cette période de turbulence. Je félicite les enseignants qui sont venus au conseil et qui se sont fait entendre avec beaucoup de civisme.»

La directrice générale de la CSDPS, Marie-Claude Asselin, n’est pas insensible au tumulte des enseignants. «J’entends le cri du cœur du personnel enseignant et je dois dire que les décisions qui ont été prises pour contrer la pénurie de main d’oeuvre n’ont pas été faites de gaieté de cœur. Je vais prendre le blâme parce que le processus de collaboration a été déficient avec les professeurs.»

Sans faire aucune promesse, la directrice générale s’est engagée à revisiter la décision prise afin de vérifier si une meilleure alternative est envisageable.

Une rencontre est aussi prévue prochainement entre le SERQ et la direction de la CSDPS au sujet des arrangements locaux.

La directrice générale Marie-Claude Asselin assure qu’elle a entendu les craintes des enseignants. (Photo Métro Média – Jean Carrier)

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