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Survie de la Maison de Job – La fin annoncée pour le 15 novembre

Stéphanie Rose et Philippe parlent de leur expérience à la Maison de Job à visage découvert. (Photo Métro Média – Alain Couillard) Photo:

FINANCEMENT. La Maison de Job de Loretteville cessera ses activités le 15 novembre si une somme de 200 000$ ne lui est pas accordée très rapidement. L’organisme, qui a reçu près de 5000 individus depuis sa fondation en 1983, aide à la réhabilitation de personnes démunies ou à faible revenu vivant une dépendance à l’alcool, aux drogues ou aux médicaments qui sont souvent liées à un trouble de santé mentale.

L’organisme dispose de plusieurs salles de conférences (Photo Métro Média – Alain Couillard)

Stéphanie Rose et Philippe, tous deux de Québec, témoignent de l’importance qu’a la Maison de Job sur leur vie. «J’ai complété deux semaines de réinsertion et je suis ici aujourd’hui [le mercredi 4 septembre] pour l’atelier de l’ego. Cela m’a permis d’arrêter ma consommation et surtout me retrouver et m’aimer. J’en apprends davantage sur moi et surtout pourquoi je consommais», précise-t-elle.

«Nous avons 24 employés et le plus haut salarié, dont des professionnels, reçoit 19$/heure et la masse salariale représente 90% des dépenses.»
-Jean Rosa

Philippe, qui s’est inscrit aussi pour une situation similaire, vient de compléter une thérapie d’un mois. «J’ai pas mal tout perdu à cause de ma consommation et je sais que mon problème venait du fait que je n’étais pas heureux dans ce que je faisais. C’est vraiment un travail de tous les jours.» Il affirme sans détour que ce temps d’arrêt lui a permis de mieux se comprendre et de définir ses besoins.

Jean Rosa, qui était directeur général par intérim depuis quelques mois, jusqu’à la nomination récente d’Hélène Coulombe, insiste sur la nécessité de maintenir ce centre d’hébergement dont 90% de la clientèle reçoit de l’aide sociale. «Il faut savoir que 64% de nos clients complètent les 30 jours de leur thérapie. Pour certaines personnes le problème se règle avec une thérapie alors que pour d’autres cela en prend deux ou trois.»

Bon nombre de ces individus, précise Hélène Coulombe, n’ont plus de réseau social, ni de famille. Certains d’entre-eux font le tour des centres d’hébergement pour diverses thérapies. La directrice générale déplore la décision du gouvernement du Québec qui ciblait, en 2015, les gens bénéficiant d’un hébergement en toxicomanie en maison de dépendance. «Les clients recevaient leur 600$ et l’Aide sociale payait la thérapie pour leur réinsertion dont la durée varie d’un à six mois. Avec ce règlement, ce montant est passé à 200$ alors nos chambres se sont vidées.»

Chaque personne hébergée dispose d’une chambre individuelle (Photo Métro Média – Alain Couillard)

Éviter la fermeture

Jean Rosa affirme qu’il manque environ 200 000$ par année pour maintenir les services qui visent le développement de l’autonomie par l’apprentissage d’habileté personnelles, rationnelles et sociales. Deux programmes gouvernementaux assurent une partie du financement alors que le reste provient de dons de charité, d’institutions religieuses, etc. La vente d’un actif, il y a 5 ans, a permis à l’organisme de combler chaque année le déficit, mais le surplus cumulé arrivera bientôt à zéro. «On ne veut pas fermer du jour au lendemain, car nous avons un licenciement collectif à prévoir et tous les résidents vont terminer leur thérapie. À un moment donné nous allons arrêter d’accepter de nouveaux résidents.»

Installée sur la rue de l’Hôpital à Loretteville depuis 2003, la maison de Job reçoit et héberge en moyenne 230 individus par an. L’hébergement étant gratuit pour la majorité des utilisateurs, le ministère de la Santé alloue à l’organisme un montant de 52$ par jour, par résident, pour la thérapie et les services. «Cette somme couvre environ le tiers du coût réel. Si nous recevons une aide financière, il faut qu’elle soit récurrente sinon nous vivrons le même problème l’an prochain», révèle Jean Rosa.

Hélène Coulombe rappelle que l’organisme est aussi confronté à de mauvaises créances. «Une personne, qui a profité de nos services pendant un mois, a déclaré faillite à sa sortie d’ici et nous n’avons rien reçu d’elle. Nous avons parfois des problèmes avec des personnes assurées puisque la compagnie libelle le chèque au nom du client et non au notre.»

La direction de la Maison de Job en est rendue à vérifier l’éligibilité de chaque personne qui souhaite bénéficier de ses services. «Il y a une rencontre et une évaluation qui sont faites pour nous assurer que la personne est admissible au niveau gouvernemental», conclu M. Rosa.

www.maisondejob.org

Stéphanie Rose et Philippe parlent de leur expérience à la Maison de Job à visage découvert. (Photo Métro Média – Alain Couillard)

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