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Maxime Geoffroy: Voyage au cœur de l’Amundsen

AVENTURE. L’étudiant au doctorat à l’Université Laval embarque régulièrement depuis 2009 en mission scientifique à bord de l’Amundsen. Lorsque le bateau endosse le rôle de navire de recherche, il se rend dans l’Arctique canadien afin d’y effectuer des missions scientifiques des plus diverses. Embarquez à bord…

Maxime Geoffroy n’était pas destiné à avoir le pied marin. Originaire d’Abitibi-Témiscamingue, l’étudiant embarque pour la première fois en 2008, à bord d’un bateau russe qui se rend en Sibérie. Un an plus tard, il renouvellera l’expérience avec l’Amundsen et découvrira l’Arctique. «Je savais déjà que je n’avais pas le mal des transports en général, et j’ai découvert ma chance de ne pas avoir le mal de mer. Beaucoup d’autres l’ont et se mettent un patch derrière l’oreille. Mais bon, ça a quelques effets secondaires… », sourit l’étudiant à l’Université Laval. Au jour d’aujourd’hui, le jeune chercheur continue d’embarquer chaque année à bord du navire afin de récupérer des données acoustiques pour sa thèse en doctorat portant sur les mammifères marins, notamment les phoques et les baleines. Une aventure régulière qui lui permet de mêler théorie et pratique sur le terrain.

Le navire embarque généralement 80 membres, dont la moitié sont des scientifiques. Chaque passager à bord, toute fonction confondue, est remplacé toutes les six semaines, mis à part exception. «L’Amundsen est une plateforme multidisciplinaire avec des équipes scientifiques nombreuses et complémentaires entre elles. Chacune s’appuie sur les compétences des autres et ça apporte une vue d’ensemble», détaille Maxime.

Pour organiser tout ce monde, une hiérarchie claire est mise en place sur le bateau: le capitaine est le maître à bord, vient ensuite les membres d’équipages et les scientifiques sur un pied d’égalité. «Pour l’ensemble des équipes scientifiques, il y a un leader. Généralement, c’est un chercheur sénior réputé. Ensuite, au sein de chaque équipe, on nomme un porte-parole, une personne qui connaît bien l’expédition. Pour exemple, j’ai souvent ce rôle vu que j’embarque déjà depuis plusieurs années. Ça facilite la communication avec les instances au-dessus», explique Maxime.

La vie en mer

Lors de ses sessions, Maxime Geoffroy intègre une cabine qu’il partage avec un congénère. Au niveau du confort, relatif à l’hygiène notamment, le jeune homme ne voit rien à redire, y compris au niveau de la propreté. De plus, contrairement aux idées qu’on pourrait se faire d’un repas en mer, les plats servis sur le bateau sont «très bons». «Il y a trois cuisiniers à bord et ils cuisinent vraiment bien. En plus, il y a toujours de la nourriture disponible. C’est bien pratique quand tu dois attendre au froid sur le pont pendant des heures, dans ce genre de moment, tu es content de pouvoir grignoter», nous confie l’étudiant.

Dans les cabines doubles, il y a une possibilité de choisir son coéquipier. Mais dans tous les cas, même en se retrouvant avec un inconnu, Maxime assure que chacun respecte l’autre: «Tout le monde a une dose de savoir-vivre. Par exemple, quand on sait que notre compagnon de cabine a travaillé toute la nuit, on va le laisser dormir tranquille la journée, sans le déranger.» Et il y a de quoi prendre garde à préserver son sommeil et celui des autres, car une fois sur le navire, il n’est plus question de compter ses heures. « Les journées sont longues avec beaucoup de travail, sept jours sur sept. On se retrouve souvent en carence de sommeil. Quand on arrive à un endroit où l’on doit récupérer des données, il faut être prêt, car le bateau ne nous attend pas. C’est vraiment six semaines de travail intensif» assure Maxime. Heureusement, les tensions sont rares, chacun prenant sur soi en étant conscient du rythme de la vie à bord: «Sans mauvais jeu de mots, on est tous sur le même bateau!».

Pour se détendre, trois soirées bars sont organisées dans la semaine. «Ce sont des moments qui permettent d’avoir un cadre social autre que le travail. Tu mets une chemise plus propre, tu prends une bière et tu vas jaser avec les gens ou jouer aux cartes». Le dimanche est quant à lui le jour «chic»: «Ça permet d’avoir un indicateur temporel, car toutes les journées se ressemblent en mer. On a un très bon souper avec un bon verre de vin rouge, ça change de la routine». L’étudiant se souvient même d’une fête d’Halloween à bord : «C’est fou comme les gens avaient trouvé des idées de costumes impressionnants avec quasiment rien!».

L’ambiance bon enfant est donc de pair, «on fait même des petits tours entre nous, des plaisanteries à bord». De tous ces échanges sociaux, Maxime a retenu de bons contacts et des discussions particulièrement intéressantes, avec les autres membres scientifiques et ceux de l’équipage. Aussi avec les Inuits présents à bord, reconnus pour leurs compétences de chasseurs et qui aident à repérer les traces de baleines.

Face à la beauté glaciaire

Embarquer sur l’Amundsen est éprouvant et représente une véritable aventure. Une fois sur le pont, face au vent, les vêtements mouillés, Maxime n’a jamais reculé. «C’est le fun!», affirme-t-il, sourire aux lèvres. Selon les mois où il part, l’étudiant doit affronter le climat de l’Arctique, avec le jour qui ne s’arrête jamais ou au contraire, la pénombre avec à peine quatre heures de lumière grisâtre par jour. Mais face aux désagréments, notamment le bruit ambiant constant du moteur et des sondeurs, les points positifs prennent largement le pas. «L’arctique, c’est un écosystème vraiment intéressant. On voit des baleines boréales, qui peuvent avoir plus d’une centaine d’années. On observe aussi des ours polaires, des phoques, des morses, des renards arctiques… C’est vraiment le paradis des bons photographes», assure Maxime. « La première année où je suis partie, il faisait nuit noire. Le bateau a cassé de la glace et des organismes ont activé leur bioluminescence. Avec les aurores boréales au-dessus de la tête, et la lumière du dessous, c’était vraiment beau. Tu voyais du fluo mauve dans le ciel et sur le sol» se souvient-il.

De plus, prendre les échantillons à la source représente une aide concrète à la thèse que développe Maxime: «Je ne me base pas juste sur des données en restant dans mon bureau, je vais directement à la source. Ça m’aide à comprendre vraiment ce que je fais. C’est très stimulant sur le terrain. Et puis il y a aussi le partage d’idées avec les autres personnes à bord, ça permet de sortir des vases clos et de prendre de la hauteur dans sa réflexion». Maxime Geoffroy partira l’année prochaine en post doc en Norvège pour continuer son aventure et découvrir d’autres écosystèmes. Pour ceux qui seraient tentés de le remplacer à bord de l’Amundsen: «Personne ne déteste son expérience. Finalement, pour voyager à bord, il suffit juste d’être sociable… Et de savoir dans quoi on s’embarque!».

Québec Hebdo

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