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Médiation de quartier: faire partie de la solution

JUSTICE ALTERNATIVE. Un voisin qui a l’habitude de passer sa tondeuse à 7h le dimanche. Un collègue de travail qui fouille dans les bureaux pour emprunter du matériel sans demander la permission. Deux membres d’une famille qui ne s’entendent pas sur la succession d’un parent. Pas de quoi alerter la police, mais comment pour autant gérer de tels conflits interpersonnels qui peuvent dégénérer? Cinq mots: le programme Médiation de quartier.

Mis sur pied il y a 10 ans par l’organisme de justice alternative L’Autre Avenue, sis à Charlesbourg, le programme Médiation de quartier propose des services d’accompagnement aux citoyens qui souhaitent régler à l’amiable des conflits interpersonnels en tous genres. Des situations en apparence banales, parfois, mais qui mettent les nerfs à vif.

Bénévole depuis deux ans, Claudya Vachon s’occupe de répartir les demandes, toutes reçues via un système de boîte vocale, entre la dizaine de médiateurs eux aussi bénévoles. On commence par rappeler pour évaluer la demande selon certains critères d’admissibilité, excluant d’emblée tout ce qui a trait au droit familial, à la défense des droits, à l’information juridique ou à des situations de crise.

Au cours d’une première rencontre, le médiateur expliquera le rôle et les services du programme au citoyen qui, de son côté, partagera ses attentes et besoins. Plusieurs rencontres pourront alors suivre ce premier contact, auxquelles l’autre partie concernée dans le conflit pourra avoir été invitée. Cette autre partie bénéficiera du même soutien du médiateur.

Il arrive par contre qu’on n’atteigne pas l’étape de la médiation. L’autre partie aura décliné l’invitation, ou le citoyen considère avoir acquis les outils nécessaires pour continuer seul la démarche, quand il ne décide pas plutôt d’opter pour des recours légaux.

Se parler

«L’objectif, ce n’est pas nécessairement de se rendre à la médiation», explique d’ailleurs Annick Paquet, coresponsable du programme. L’enjeu se situe d’abord dans la démarche en elle-même, dans les discussions entre le médiateur et le citoyen.

«Il n’y a pas de finalité en soi; l’idée est de se parler», renchérit Andréanne Coupal. Celle qui agit comme médiatrice depuis un an poursuit: «Les médiateurs amènent à réfléchir. Ils permettent au citoyen de parler à quelqu’un de neutre dans la situation. Ça peut ouvrir les œillères. Juste ça, ça peut faire la différence.»

Surtout, le médiateur n’est pas là pour proposer des solutions, mais plutôt pour mettre en place les «conditions gagnantes» pour amener les parties concernées à en trouver une par elles-mêmes. C’est là où, souvent, le bât blesse alors qu’une majorité cherchera à remettre le problème entre les mains du bénévole pour qu’il le règle à sa place.

«On essaie de défaire ce réflexe-là. Parfois, c’est difficile», admet Claudya Vachon qui, à titre de médiatrice, en a été quitte pour quelques maux de tête. Certaines demandes se règlent en 2h, d’autres, en 15h.

Gérer l’émotivité, désamorcer les tensions, déconstruire les réflexes…: le mandat du médiateur est exigeant, conviennent les trois femmes autour de la table. Mais pour autant qu’elles auront travaillé à rendre les gens autonomes dans la gestion de conflits, elles auront rempli la mission que poursuit le programme.

Le programme Médiation de quartier en chiffres

10 ans

d’existence

50 médiateurs

bénévoles depuis les débuts

800 demandes

reçues au total

20% des demandeurs

référés par les policiers selon le dernier rapport annuel

3 mots clés

Dialogue, participation active et coopération

Pour plus d’info: www.lautreavenue.com.

À lire aussi: Médiation de quartier: une philosophie à contre-courant

Québec Hebdo

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