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Le monument de tempérance de Beauport rendu accessible au public

Dans le cadre de l’exposition qui retrace les 100 ans de la paroisse de Saint-Ignace-de-Loyola, il est possible de voir à l’intérieur de l’église un artéfact majeur de l’histoire locale, le monument de tempérance datant de 1909.

L’importance historique et patrimoniale de la relique est indéniable. C’est au cœur de Giffard, sur le chemin Royal, à la hauteur de l’avenue du Monument, que s’élevait autrefois un monument de tempérance. Érigée par Charles Chiniquy, l’énorme colonne surmontée d’une croix confirmait le succès de sa croisade.

Confronté aux problèmes de consommation d’alcool des Beauportois, Chiniquy [1809-1899], inspiré par le mouvement de tempérance fondé en Irlande en 1837, décide de prendre les grands moyens pour ramener ses paroissiens dans le droit chemin de la sobriété.

Ainsi, à la suite d’une assemblée tenue le 29 mars 1840, les habitants de Beauport décident d’établir une Société de tempérance. Les adhérents s’engagent à arrêter de consommer toute boisson enivrante.

Pour montrer à tous le triomphe de la tempérance dans sa paroisse, Chiniguy fait ériger une colonne surmontée d’une croix sur la terre d’Antoine Laurent dit Lortie et dont la réalisation est confiée à Louis-Xavier Leprohon, un sculpteur de mobilier religieux. Peint en brun, avec un petit coffre-fort destiné à recueillir les aumônes, l’ensemble du monument s’élève à plus de 40 pieds.

C’est en grande pompe que le monument est béni le 7 septembre 1841, par Mgr de Forbain-Janson, évêque de Nancy en France, grand orateur qui prêche la tempérance. Abondent de partout convertis et curieux : la foule est évaluée à environ 10 000 personnes. L’année suivante, Chiniguy est nommé curé de Kamouraska, laissant avec leur monument les paroissiens de Beauport chagrinés.

Avec le déclin du mouvement, le monument subit les affres du temps qui auront raison de lui en 1906. La colonne s’écroule.

À la suite d’une retraite prêchée le 27 octobre 1907 par Mgr Paul-Eugène Roy, apôtre de la tempérance également, il est décidé de réinstaurer la Société de tempérance à Beauport. Reconnaissants des bienfaits de la Société sur leurs mœurs, les paroissiens décident de relever le monument sur le même site.

La tâche est confiée, en janvier 1909, à un résident du coin, menuisier et entrepreneur spécialisé dans les travaux d’église, Alphonse Laberge. Le plan du monument est l’œuvre d’Héliodore Laberge, étudiant en architecture et fils d’Alphonse. Réalisée à l’identique de la précédente colonne, outre sa couleur blanche, elle est placée sur une plate-forme entourée d’une balustrade avec un escalier devant.

Ce second monument est béni le 26 septembre 1909 par Mgr Roy. La foule, estimée à 2 000 personnes, écoute le sermon qui leur rappelle les promesses de sobriété qu’ils ont pris deux ans plus tôt.

Le 23 juin 1944, le monument s’effondre pour la deuxième fois. Le voyant au sol, Joseph Drouin, alors secrétaire-trésorier de la municipalité du village de Giffard, écrit une requête à la Commission des monuments historiques afin qu’ils souscrivent au projet de reconstruction du monument. Ses démarches ne donnant pas les résultats escomptés, le monument est placé sous le perron de l’église de Giffard.

Oubliés, les vestiges reposent ainsi jusqu’en 1986. Au mois de mai, Michel Gaumond et Jean-François Audet, deux employés du ministère des Affaires culturelles, mettent à jour les parties restantes, soit le fut et le chapiteau de la colonne ainsi qu’une partie de la section supérieure. La croix et le piédestal restent introuvables.

Les fragments étaient conservés, jusqu’à sa grande sortie publique pour l’exposition des 100 de la paroisse, dans un coin sombre et discret d’une cage d’escalier de la salle Châteauvert au sous-sol de l’église Saint-Ignace-de-Loyola. Il est possible de voir les parties restantes de la colonne jusqu’à la fin juin, durant les heures d’ouverture des messes.

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