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La défavorisation même en banlieue

Le Centre de santé et des services sociaux (CSSS) de la Ville-Capitale a publié cet automne le portrait de défavorisation de son territoire à l’aide des données de Recensement 2006. La semaine passée, le portrait de Vanier a été présenté. Duberger-Les Saules est au programme dans cette édition.

La défavorisation a progressé dans le quartier Duberger-Les Saules entre 2001 et 2006 par rapport aux données du Recensement. «Ce n’est pas une surprise parce qu’il a toute une conjoncture économique. Pour plusieurs personnes cependant, c’est surprenant qu’il y ait de la défavorisation dans les quartiers en banlieue comme Duberger-Les Saules», commente l’organisatrice communautaire au programme Famille-Enfance-Jeunesse au CLSC des Rivières, Ginette Buist-Olivier. Le revenu moyen dans le quartier s’élève à 27 942$, près de 5000$ de moins qu’à l’échelle du territoire du CSSS de la Vieille-Capitale. Le pourcentage de la population n’ayant pas de diplôme d’études secondaire (DES) est également un indicateur révélateur. Près de 20% des résidents du quartier ne possède pas de DES, dans le secteur du Buisson, le taux atteint 25%. «Ça dénote un certain écart qui n’est pas banal. Ça a une incidence, c’est la pauvreté sous l’aspect matériel», fait remarquer Mme Buist-Olivier.

«Malheureusement, comme la défavorisation est plus récente dans Duberger-Les Saules, c’est difficile et long de mettre en place des organismes», constate cette dernière. Un facteur n’aidant pas la naissance d’organismes est le manque de locaux notamment dans le secteur du Buisson, les infrastructures étant limitées. «C’est un frein au développement», complète Mme Buist-Olivier. La solution trouvée jusqu’ici dans ce secteur est un local commercial sur le boulevard de l’Ormière, YMCA-Communautaire Les Saules. Le site est utilisé par différents organismes de proximité. Une solution à court et moyen terme.

«Au niveau de la sécurité alimentaire, le revenu pas très élevé, lié au pourcentage du revenu accordé au loyer, ça veut dire qu’il en reste moins pour les besoins de base. C’est souvent les dépenses en alimentation qui sont réduites, ce qui a un impact sur la santé des gens», complète Mme Buist-Olivier.

Une programmation remise au goût du jour

Solidarité Familles Duberger-Les Saules a innové cette année. En fonction depuis maintenant 11 ans, l’organisme a dû s’ajuster à la demande, cette dernière s’étant modifiée avec les années. «Je vois une hausse des demandes spécifiques. Les gens ont des besoins plus spécifiques exigeant une gymnastique différente», explique la directrice, Andrée-Anne Roy-Ross. Depuis août, de nouvelles activités sont offertes comme l’Équipe de tri et transformation. Les horaires ont été modifiés, un atelier a été ajouté le samedi pour donner la chance aux personnes non disponibles la semaine d’y participer.

Une partie des opérations dans le cadre de la Cuisine créative peut se faire en position assise à la table ce qui permet aux personnes avec limitation de se joindre aux groupes. Une cinquantaine de personnes ont participé en septembre à la cuisine créative, une trentaine de personnes bénéficient du nouvel atelier Tri-Transformation et une quarantaine de personnes participent régulièrement au Groupe d’achats. Les types de clientèle sont variés, des familles, aux personnes vivant seules. Autant les hommes que les femmes fréquentent les points de service de l’organisme situés dans le presbytère sur le boulevard Père-Lelièvre ou sur la rue de Pertuis dans Les Saules. Les résidents des quartiers du Buisson et Duberger Sud constituent la principale clientèle de l’organisme ayant pour mission de diminuer les impacts de la pauvreté et de l’exclusion sociale. «Notre but n’est pas d’avoir plus de personnes dans nos locaux, c’est plutôt que plus de gens reprennent le contrôle et le pouvoir sur leur vie. On essaie d’être un tremplin», complète Mme Roy-Ross.

En 2010-2011, près de 6000 heures de bénévolats ont été effectuées et deux employés oeuvrent au sein de Solidarité Familles Duberger-Les Saules. «Parmi les organismes en sécurité alimentaire, je crois que la hausse est généralisée. On manque de locaux, de ressources humaines et du financement. On essaie de changer les choses à la portée de nos moyens. Si demain, nous avons une maison de la famille avec des employés, on en comblera des besoins», confirme Mme Roy-Ross. En collaboration avec les partenaires du secteur comme Partage-Chrétien et la Société Saint-Vincent-de-Paul, l’organisme chapeaute également le Groupe d’achats, le Jardin communautaire Croque-Soleil et la Friperie les Trouvailles du Père-Lelièvre.

Lors de la visite de L’Actuel au presbytère Saint-François-Xavier, des odeurs de sauce à spaghetti et de chou-fleur au cari avaient envahi le sous-sol, de quoi ouvrir l’appétit. Lyne Langlois participe au groupe de cuisine créative depuis une quinzaine d’années. Un peu tout lui plaît dans l’expérience vécue à Solidarité Familles Duberger-Les Saules, comme elle dit. De la vie de groupe, aux découvertes culinaires faites en compagnie de participants immigrants, l’apprentissage est riche. Le nouvel atelier de Tri et Transformation fait également partie de ses coups de cœur. «J’aime beaucoup l’activité et les autres ateliers également, commente Mme Langlois tout en brassant la sauce à spaghetti. Les gens sont satisfaits, on apprend en lien avec le Guide alimentaire canadien.»

 

Quelques statistiques

-Dans Duberger-Les Saules, le revenu moyen est de 27 942$ par rapport à 33 122$ pour les résidents du territoire du CSSS de la Ville-Capitale. Dans le secteur Duberger Sud, le revenu moyen est encore plus faible, soit 23 986 $.

-Près du quart de la population du secteur du Buisson est constitué de familles monoparentales. La situation est semblable dans Duberger Sud.

-Près de 30% des ménages dans Duberger-Les Saules accordent plus de 30% et plus du revenu au logement.

-25% de la population résidant dans le secteur du Buisson n’a pas de diplôme d’études secondaires, c’est 5% de plus que dans le quartier et 10% de plus qu’à l’échelle du territoire du CSSS de la Vielle-Capitale.

L’Actuel, membre du Groupe Québec Hebdo

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