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Peut-on se passer de viande? Ça dépend

Le végétarisme gagne en popularité, mais peut-on complètement couper la viande de notre alimentation?
La viande rouge devrait toujours être consommée avec modération. Photo: James Kern/Unsplash
Catherine Crépeau - Agence Science Presse et Un point cinq

La viande est de plus en plus pointée du doigt en raison de ses effets négatifs sur le climat. Mais qu’en est-il de son impact sur la santé? Le Détecteur de rumeurs de l’Agence Science Presse et Unpointcinq ont consulté des experts.

Boeuf ou volaille?

Pour commencer, tout dépend de quelle viande on parle. Par exemple, une méta-analyse parue en 2013 mettait au banc des accusés la viande rouge (bœuf, porc, agneau, veau) et la viande transformée (saucisses, charcuterie), qui sont associées à un risque accru de plusieurs maladies chroniques et cardiovasculaires.

En revanche, on en connaît beaucoup moins sur l’impact de la consommation de volaille sur la santé, les études sur le sujet étant très rares. Pourtant, au Québec, le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ) évalue que plus du tiers de la viande vendue entre dans cette catégorie.

La volaille est présentée comme un choix plus « santé » parce qu’elle contient moins de gras saturés, eux-mêmes associés à une augmentation du « mauvais » cholestérol dans le sang. « Mais on n’a pas d’études pour le démontrer », souligne Benoît Lamarche, chercheur en nutrition et directeur de l’unité de recherche Nutrition, santé et société (NUTRISS) de l’Université Laval. « Au mieux, la viande blanche ou la volaille semble neutre pour la santé. »

Une étude parue en 2019 et qui comparait viande rouge et viande blanche concluait que la consommation de viande blanche présente un risque moins élevé que la viande rouge —mais plus élevé que le poisson— d’augmenter le cholestérol sanguin et, possiblement, le risque de maladies cardiovasculaires. « Le risque n’est donc pas nul », commente le Dr Samer Mansour, cardiologue au CHUM, qui recommande à ses patients de manger leur poulet et leur dinde « sans peau et sans gras ». Et le risque serait selon lui « équivalent à celui de la viande rouge si les quantités de gras saturés sont équivalentes ».

Consommation de viande rouge, mais modérée

Le plus récent Guide alimentaire canadien, publié en 2019, ne recommande pas d’éliminer totalement la viande rouge, qui représente près de 60 % de la viande vendue au Québec, selon le MAPAQ. « Aucune recommandation ne dit [d’éviter la] viande rouge, mais il y a un important consensus pour la remplacer par des protéines végétales », indique Benoît Lamarche,

Santé Canada, l’OMS et le World Cancer Research Fund estiment que la viande rouge pourrait occuper une place dans notre assiette environ trois fois par semaine. Cela équivaut à une consommation maximale de 500 g par semaine. Ce qui correspond à la consommation actuelle de viande rouge et de viande transformée en Amérique du Nord et en Europe, selon les auteurs de l’étude de 2019. La Société canadienne du cancer recommande des portions plus petites, ce qui équivaut au final à 255 g par semaine.

Par contre, la charcuterie est à éviter puisqu’elle contient de fortes quantités de sel et de gras, ainsi que des agents de conservation ajoutés, qui pourraient être cancérogènes.

Abandonner complètement la viande?

La solution santé serait-elle de laisser tomber la viande? Pas nécessairement, selon Benoît Lamarche. Oui, remplacer les gras saturés de la viande par les gras insaturés que renferment notamment l’huile d’olive, les noix et l’avocat, est associé à une baisse de la mortalité et du risque d’accident cardiovasculaire. Par contre, certains nutriments sont présents dans la viande de façon plus concentrée que dans les végétaux. « La viande rouge est riche en fer héminique, facilement absorbable par l’organisme. En y renonçant, on doit compenser en mangeant des végétaux qui contiennent beaucoup de fer », illustre le chercheur.

De son côté, le Dr Martin Juneau, cardiologue et directeur des Services professionnels, prévention et réadaptation cardiovasculaire à l’Institut de cardiologie de Montréal, ne voit que des avantages aux protéines végétales pour la réduction des risques d’hypertension, de diabète de type 2, de maladies cardiovasculaires et, peut-être, de certains cancers. À condition de bien les choisir.

« Si on choisit des produits ultra-transformés comme les imitations de viande qui ne contiennent pas de cholestérol, mais presque autant de gras saturés et beaucoup plus de sel qu’une galette de viande de bœuf maigre, on n’améliore pas son alimentation », souligne-t-il, en ajoutant qu’un régime sans viande devrait être varié et inclure des végétaux riches en protéines telles que les grains entiers, les légumineuses (par exemple, les pois chiches, les haricots, les lentilles, le soja, la gourgane) et les graines oléagineuses (noix, noix de cajou, amande, noisette).

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