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Temps devant la télé: pas d’impact sur le rendement scolaire

Pour corroborer les résultats de l'étude, d’autres recherches seraient pertinentes pour évaluer les conséquences sur le rendement scolaire à moyen et à long terme. /Photo 123RF Photo:

ÉDUCATION. Contre toute attente, le temps d’écoute de la télévision aurait un effet négligeable et presque nul sur la performance scolaire des enfants québécois, révèle une récente étude de l’Université Laval, contredisant ainsi plusieurs messages portés par la recherche au cours des dernières années.

Avant l’arrivée des écrans mobiles en 2010, les enfants consacraient en moyenne deux heures par jour à regarder la télévision selon une étude publiée dans l’Economics of Education Review. En 2015, l’écoute du poste de télévision a diminué, mais l’ajout des nouveaux écrans a fait augmenter le temps total consacré à des contenus vidéo, grimpant la moyenne à 2h30 par jour selon une seconde étude publiée dans Journal of Children and Media.

Particulièrement en temps de pandémie, le temps consacré à l’écoute de la télévision continue de susciter de fortes inquiétudes auprès de parents et de professionnels de l’enfance, mais les études sur le sujet présentent des résultats très hétérogènes. C’est ce qui a motivé le chercheur Wilfried Supper à dégager un consensus parmi la diversité de conclusions.

«Les études qui s’intéressent aux impacts de l’écoute de la télévision sur les notes académiques des enfants sont partagées. Certaines indiquent que le rendement scolaire est négativement affecté et d’autres affirment qu’il n’y a aucune association. Je voulais démêler tout ça et avoir une idée plus précise de la conclusion», affirme le candidat au doctorat au programme en mesure et évaluation de la faculté des sciences de l’éducation à l’Université Laval.

Études comparées

Depuis 2016, le chercheur a comparé dans une recension systématique et une méta-analyse les résultats de 27 études sur le rapport entre l’écoute de la télévision et le rendement scolaire de Québécois âgés de 3 à 21 ans. Les principales craintes soulevées quant à l’écoute de la télévision concernaient les effets de substitution et d’inhibition. Pour la première hypothèse, on craignait que l’écoute de la télévision remplace le temps accordé à la lecture ou aux jeux, par exemple.

L’effet d’inhibition présumait que la télévision habitue l’enfant à une paresse mentale, où le cerveau ne serait pas suffisamment entraîné à imaginer. En compilant les résultats des 27 études, Wilfried Supper a établi une association entre le temps d’écoute de la télévision et le rendement scolaire à une taille de -0,025. Le résultat, très près de zéro, signifie l’absence de relation entre les deux variables.

Conséquences sur d’autres comportements

Soucieux de connaître si l’écoute de la télévision pouvait avoir des répercussions sur d’autres comportements de l’enfant, Wilfried Supper a également analysé quatre variables médiatrices, soient la fréquence du temps que les enfants consacrent à lire pour le loisir, la fréquence des interactions de l’enfant avec les parents, leur motivation à lire et leur niveau d’inattention.

À l’aide de données compilées par l’Institut de la statistique du Québec, le chercheur a analysé 2 223 participants, âgés de 6 à 10 ans. Les résultats obtenus se sont avérés quasiment nuls pour les quatre variables, indiquant un temps d’écoute de la télévision associé au niveau d’inattention des élèves à 0,024, à leur motivation intrinsèque à lire à -0,016, aux interactions parent-enfant à 0,040 et à la fréquence de lecture à -0,072.

La fréquence des élèves à lire pour le loisir est affectée plus significativement que les autres variables, mais demeure trop modeste pour la considérer comme un effet au temps d’écoute de la télévision. L’étude des quatre facteurs confirme que l’écoute de la télévision n’est pas associée aux résultats scolaires des enfants, de façon directe ou indirecte. Wilfried Supper a également noté que les résultats ne diffèrent pas entre les garçons et les filles.

Nuance secondaire

Le contenu visionné à la télévision ne devrait-il pas être pris en compte pour évaluer les conséquences sur le rendement scolaire? Interrogé sur cette nuance, le chercheur estime qu’il s’agit à ce stade d’une question secondaire à sa recherche.

«Près de 90% des contenus regardés par les enfants sont des émissions de divertissement. Il y a donc peu de place à la comparaison», explique Wilfried Supper. Bien que la conclusion de ses recherches soit une bonne nouvelle pour la réussite académique des enfants, le candidat au doctorat rappelle que l’écoute de la télévision peut avoir des conséquences sur d’autres sphères de la vie, comme sur la santé physique. «Les institutions de santé publique ont donc de très bonnes raisons de continuer à encourager l’équilibre dans les loisirs», précise Wilfried Supper.

Québec Hebdo – Collaboration Magalie Masson

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