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Accusation d’agression sexuelle contre une entraîneuse de patinage artistique

TRIBUNAL. Entraîneuse émérite de patinage artistique durant plusieurs années auprès des clubs sportifs de la région de Québec, Lucie Verret fait face à une accusation d’agression sexuelle. À l’occasion d’un crime d’époque remontant à une trentaine d’années, elle aurait abusé de sa situation de confiance et d’autorité contre un garçon de 14 ans faisant partie d’un groupe de patineurs prometteurs sous sa responsabilité.

Lucie Verret réfugiée derrière son conjoint et son avocate. @CP:(Photo TC Media – François Cattapan)

Selon les dires de l’homme aujourd’hui âgé de 46 ans, les gestes reprochés auraient eu lieu en 1985 dans l’appartement de l’accusée alors âgée de 24 ans. Le garçon qui prenait du galon sur la scène provinciale du patinage artistique se rendait chez Verret pour améliorer sa technique et parfaire une chorégraphie. Répondant à la procureure de la Couronne, Me Valérie Lahaie, c’est sans trop se souvenir comment les choses ont évolué qu’il s’est retrouvé nu et a eu deux relations sexuelles complètes avec elle. Une dans la chambre et une dans le salon. Le tout avait été précédé d’un baiser volé, lors d’un raccompagnement à la maison quelques semaines auparavant.

Le délit a été dénoncé environ 25 ans plus tard, soit en juin 2011 comme l’indique la déposition faite à la police. C’est un reportage télévisé sur une histoire d’agression sexuelle ressemblant à la sienne qui a fait remonter les souvenirs et la perturbation chez l’homme. Pris de détresse, de colère et de remords, la victime cherchait à obtenir de l’aide et du réconfort. Comme son entourage lui a toujours dit de garder le silence, il a ravalé ses craintes et caché ses soucis en se réfugiant dans l’alcool et le déni.

«Je me sentais coupable de la situation. J’ai fermé le coffre à souvenirs et j’ai tenté d’oublier cette histoire. Mais, ça continuait de me hanter, parce que j’ai été élevé dans la religion catholique. Je m’en voulais d’avoir couché avec une femme mariée qui venait d’avoir un deuxième enfant. Moi, en tant qu’étudiant de 14 ans dans une école privée non mixte, les filles je ne connaissais pas ça. Le fait qu’elle a voulu me rassurer en disant qu’on l’avait fait par amour et qu’elle m’attendrait à ma majorité pour quitter son mari, ça m’a perturbé», raconte le plaignant qui s’est senti manipulé, trahi et trompé.

Après l’âge de 16 ans, le plaignant a changé d’entraîneur et s’est spécialisé dans les compétitions de patinage artistique en duo. Il a ultérieurement revu Verret lors d’une soirée dans un bar. Âgé de la mi-vingtaine, il l’a confronté et lui a demandé si elle avait l’intention de vivre avec lui maintenant qu’il était majeur. Beaucoup plus tard, soit vers le tournant des années 2010, il a reçu via le réseau social Facebook une demande d’amitié de la part de son ancienne entraîneuse de patin. Cet épisode a semblé rouvrir des blessures qui ont contribué à vouloir se libérer du fardeau de ses souvenirs.

«Un jour, je lui ai écrit que j’avais finalement porté plainte contre elle. Il a suffi de quelques minutes pour qu’elle me contacte. On s’est rencontré dans un restaurant. Là, elle m’a dit qu’elle n’avait pas d’argent et qu’elle ne voulait pas aller en prison. Elle a promis qu’elle allait m’aider en commençant par me suggérer d’arrêter de boire. Ce que j’ai fait et, depuis, je me suis repris en main. Je me suis mis au Taekwondo, j’ai un coach personnel et j’ai une meilleure hygiène de vie», précise la victime ajoutant ne plus avoir eu de nouvelles de Verret par la suite.

Crédibilité attaquée

En contre-interrogatoire, l’avocate de la Défense, Me Suzanne Corriveau s’est employée à discréditer le témoignage de la victime de ce crime sexuel d’époque. Elle a d’abord mis en doute ses souvenirs d’une période aussi lointaine. Sans oublier de mentionner que les actes dénoncés ont d’abord été rapportés comme remontant à mars 1984, pour ensuite être corrigés pour janvier 1985 dans la déclaration.

Me Corriveau a aussi souligné que l’homme se souvenait de beaucoup de détails concernant les délits, mais qu’il ne se souvenait pas de grands moments de sa carrière de patineurs qui ont eu lieu dans les mêmes années. Elle a notamment évoqué un spectacle important organisé en 1988, alors que la victime était âgée de près de 18 ans et que l’entraîneuse accusée était encore à ses côtés contrairement à ses prétentions.

Avant d’entendre le témoignage de la sœur du plaignant, Me Corriveau a continué à saper la crédibilité de l’ancien patineur en lui faisant avouer ses problèmes de consommation et ses antécédents criminels. Celui-ci a admis avoir été arrêté pour vol dans sa jeunesse et trois fois pour conduite avec les facultés affaiblies par l’alcool dont deux fois consécutives en 2011 peu de temps avant de porter plainte.

La cause se poursuit mardi au palais de justice de Québec. Ce sera au tour de l’accusée de témoigner avant que la juge Réna Émond prenne l’affaire en délibéré.

Québec Hebdo

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