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Peine de 11 ans de détention pour sadisme sexuel envers sa conjointe

TRIBUNAL. C’est à un véritable enfer de sévices corporels que Patrick Bissonnette a soumis son ex-conjointe pendant plus de cinq ans. Cette violence conjugale extrême allant jusqu’au sadisme sexuel a valu à ce récidiviste en pareille matière une peine de pénitencier de 11 ans.

Dans son jugement rendu après seulement quelques heures de délibération à la suite des représentations sur la peine, le juge Pierre Rousseau a insisté sur la responsabilité pénale très élevée de Bissonnette. «Il faut mettre l’accent sur la dissuasion dans un pareil dossier. D’autant que l’accusé en est à sa cinquième condamnation en matière de violence conjugale sur une troisième victime. Et, bien que les faits soient antérieurs aux précédentes causes, il a démontré une très faible motivation à surmonter ses multiples problématiques lors de ses détentions», s’est-il limité à commenter.

Un total de 17 chefs d’accusation pesait contre l’homme âgé de la trentaine, allant d’agressions sexuelles graves et armée, à de multiples voies de fait, en passant par des menaces de mort, la séquestration et du harcèlement. Les crimes violents se sont répétés régulièrement, au rythme des sautes d’humeur de Bissonnette, sur une longue période entre 2006 et 2011.

Le juge Rousseau l’a condamné pour chacun des chefs à des peines concurrentes allant de 36 mois et 11 ans. En soustrayant la détention provisoire de 18 mois et 11 jours, calculé à temps simple, l’accusé se retrouve avec une peine résiduelle à purger de 9 ans, 5 mois et 19 jours. S’ajoutent une déclaration comme délinquant à contrôler avec suivi pour une période de 10 ans après une éventuelle libération conditionnelle au deux tiers de la peine, ainsi qu’un prélèvement d’ADN.

Considérant l’absence de regrets de l’accusé, la multiplication des sévices et un haut risque de récidive pour ce criminel mésadapté social, l’avocate de la Couronne Me Josée Lemieux réclamait 15 ans de pénitencier. Du côté de la Défense, Me Louis Belliard suggérait une peine de 4 à 6 ans avec suivi, pour son client qui a passé sa vie en institution depuis le bas âge de 7 ans.

Climat de terreur

Perpétrés sur une longue période par l’accusé en proie à des crises en raison de ses troubles polytoxicomanes, les sévices corporels et sexuels ont fait vivre la victime âgée à l’époque de 20 ans dans un climat de terreur extrême. Violentée, maltraitée et dénigrée, elle a enduré pendant de longues années les assauts déviants de son conjoint, qui l’ont réduite à un état de profonde humiliation et de totale perte d’estime de soi. C’est à un véritable cauchemar avilissant que l’a contrainte son agresseur.

Parmi les pires événements qu’elle a dû traverser, il y a eu des relations sexuelles forcées à trois avec un ami de son conjoint, des épisodes de sodomie non consentie et des étranglements jusqu’à la perte de conscience. Lorsqu’elle reprenait ses esprits, elle avait été abusée. Son conjoint lui confessant «qu’il aime la sodomiser lorsqu’elle est inconsciente».

Un jour qu’elle revenait d’une chirurgie à la hanche pour soigner une malformation, la victime s’est plainte à son conjoint de ne pas l’aider à s’occuper de leur fils alors qu’elle est en douleur. En colère, celui-ci s’est levé et l’a plaquée au passage, ce qui l’a fait tomber au sol et se fracturer un os de la fesse. De plus, elle a souvent quitté le foyer conjugal et appelé la police, mais chaque fois elle est revenue et s’est tue sous les menaces de sévices de la part du bouillant conjoint.

Témoignage solide

Présente devant le Tribunal, la victime a livré un témoignage désarmant par la force et la résilience qui en ressortait. «Il m’a détruite de l’intérieur et a anéanti ma confiance en abusant de ma vulnérabilité. Je n’aime plus qu’on me touche ou caresse et je revois constamment des images humiliantes. Je lui ai tout donné, j’aurais donné ma vie. Lui m’a piétiné et m’a pris pour son esclave sexuelle. Je crains pour ma sécurité et j’en arrive à penser au suicide pour éviter de revivre ça un jour s’il me retrouve.»

Elle confie avoir fini par dénoncer son conjoint agresseur, en dépit des menaces répétées de sévices, pour retirer cette charge émotive sur ses épaules. «Je ne sais pas s’il a évolué depuis sa détention, toutefois je suis sûre qu’il n’éprouve aucun remords. Pour ma part, je l’ai vraiment aimé et je lui ai pardonné, mais je ne pense pas qu’il puisse changer.»

Sur un ton assuré, la femme maintenant âgée de 29 ans affirme rester forte et vouloir s’en sortir pour protéger sa famille, principalement son bébé de 5 mois qu’elle a eu avec son nouveau conjoint et son garçon de 8 ans issu de sa relation toxique avec l’accusé. Elle a d’ailleurs obtenu la déchéance des droits parentaux du père biologique, ainsi que le retrait du nom Bissonnette de l’identité de son aîné.

«M. le juge, j’ai déménagé deux fois, j’ai changé de numéro de téléphone, je consulte pour ne pas retomber dans mes souvenirs pénibles. Le processus judiciaire a été dur et très long. J’ai hâte que ça se termine, pour que ce soit enfin derrière moi. Je veux juste passer à autre chose, être en paix et voir mes enfants s’épanouir dans un climat familial sain», a conclu avec aplomb la jeune maman qui deviendra monitrice de camp de jour cet été.

Québec Hebdo

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