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La famille d’un patient mort étouffé poursuit l’Institut de cardiologie

TRIBUNAL. La famille de Jean Dugré, patient mort étouffé par de la nourriture durant son hospitalisation, intente une poursuite de 1,8M$ contre l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ). L’homme de 55 ans est décédé le 29 décembre 2012 d’une asphyxie secondaire à l’obstruction de ses voies respiratoires, après qu’une préposée lui ait servi de la nourriture et l’ait laissé s’alimenter seul.

Le Centre de recherche de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec, aussi connu comme l’hôpital Laval, sera agrandi. (Photo gracieuseté)

Selon la poursuite déposée en Chambre civile par la conjointe et les deux enfants de M. Dugré, «il serait toujours en vie, n’eût été des fautes et négligences de la préposée». L’homme qui souffrait, entre autres, de dysphagie (difficulté à avaler) ayant nécessité une intervention de dilatation de l’œsophage, avait été hospitalisé le 20 novembre 2012. Une investigation avait alors permis d’identifier une endocardite, qui se compliquera plus tard en pneumonie d’aspiration.

Les faits évoqués dans la poursuite indiquent que M. Dugré «ne devait pas être laissé sans surveillance lors de son alimentation et que celle-ci devait être à base d’aliments en purée». Or, durant la nuit du 29 décembre 2012, vers 2h20, la préposée lui aurait servi une rôtie au beurre d’arachide et l’aurait laissé seul dans son lit sans en relever adéquatement le dossier. Autour de 2h30, une infirmière a découvert le patient en arrêt cardiorespiratoire et a déclenché une alerte code bleu, conformément à l’état d’urgence.

Les demandeurs estiment que la préposée a commis des fautes en fournissant une nourriture contre-indiquée à M. Dugré et en le laissant manger seul. «Elle contrevenait ainsi aux ordonnances de la nutritionniste, de l’ergothérapeute et du plan de traitement des soins infirmiers, insistant sur une surveillance continuelle. L’usage d’un fauteuil gériatrique pour l’alimentation était aussi clairement indiqué au dossier», soutient la famille du défunt.

Par ailleurs, il est mentionné que la préposée estimée fautive «était une employée qui présentait des lacunes. Elle avait été réprimandée à plusieurs reprises dans le passé. Or, l’IUCPQ l’a laissée fournir des prestations de travail sans supervision». Aussi, il est déploré que l’institution de santé a commis une faute en n’avisant pas ses préposées par une pancarte ou un bracelet que M. Dugré souffrait de dysphagie.

«De façon générale, l’IUCPQ a failli à son obligation de sécurité à l’égard de M. Dugré, en lui fournissant sans surveillance des aliments contre-indiqués à sa condition ayant mené à son décès par étouffement. Ces fautes ont directement causé son décès», prétendent les demandeurs.

Dommages

Dans l’énumération des dommages subis, il est précisé que Jean Dugré était analyste en informatique pour Revenu Québec. Depuis juillet 2002, il se trouvait en invalidité et recevait des prestations d’assurance collective de 3673$ par mois, soit plus de 44 000$ nets annuellement. La conjointe Lucie Labbé et ses deux enfants, Martin et Stéphanie (alors âgés respectivement de 21 et 19 ans) subissent une perte de soutien financier de 23 000$ annuellement, en soustrayant les frais d’hébergement en CHSLD.

Malgré sa condition médicale, M. Dugré restait très présent dans la vie familiale et parlait quotidiennement à ses proches au téléphone. Sa mort a grandement affecté sa conjointe et ses enfants. Eux et le reste de la famille ont vécu difficilement ce décès prématuré et traumatique. La mère a été en arrêt de travail plusieurs mois, tandis que le choc post-traumatique vécu par le fils Martin a eu un impact sur ses résultats scolaires et provoqué son exclusion du programme universitaire de médecine. Étudiante en graphisme au collégial, la fille Stéphanie a également été très ébranlée. En conséquence, tous trois réclament des compensations pour dommages moraux, frais funéraires et pertes de revenus s’élevant à 1,8M$.

Les demandeurs ont tenté d’obtenir une entente à l’amiable par une mise en demeure auprès de l’institution de santé. N’ayant pas obtenu de réponse dans les délais accordés, ils ont pris des mesures légales pour obtenir réparation.

Québec Hebdo

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