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Intérêts aux antipodes lors de la comparution de Bissonnette

TRIBUNAL. Parmi les nombreux spectateurs massés dans la salle d’audience lors du second passage d’Alexandre Bissonnette au palais de justice de Québec, on retrouvait deux personnes dont l’intérêt pour la cause avait des origines bien différentes. L’une représente la communauté musulmane, qui a perdu six des siens sous les balles du tireur ayant vidé ses armes dans la Grande mosquée de Sainte-Foy, tandis que l’autre est une connaissance de l’accusé, qui l’a côtoyé à l’école.

Mohamed Labidi, vice-président du CCIQ assailli par les médias.

(Photo TC Media – François Cattapan)

Venu pour assister à la brève comparution de Bissonnette, à l’étape de la transmission de la preuve, Mohamed Labidi tenait à être présent au nom des victimes de sa communauté. Au cours d’un point de presse impromptu, le vice-président du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ) a déclaré que lui ou d’autres collègues avaient l’intention de suivre chaque étape des procédures judiciaires.

L’homme encore ému et ébranlé par les événements tragiques du dimanche 29 janvier dit éprouver un sentiment partagé envers l’assaillant. «Ça fait mal de voir un jeune comme ça. Ce n’est pas sa place, soutient-il. Pareil crime haineux amène un mélange de pitié pour lui et, en même temps, une grande tristesse pour nos frères décédés pour rien.»

M. Labidi estime que ça fait partie du deuil de suivre la cause au palais de justice. Il garde confiance dans le système judiciaire et a espoir que justice soit faite. Néanmoins, les sentiments demeurent à fleur de peau et il doit retenir un sanglot lorsqu’il évoque les victimes. «Chaque fois qu’on visite les familles, déplore-t-il, on a le coeur brisé. C’est dramatique ce qu’ils vivent et c’est dur d’expliquer la situation aux enfants.»

Dressant un bilan des blessés graves lors de l’attaque de la mosquée, M. Labidi indique qu’eux aussi doivent apprendre à vivre avec le traumatisme qu’ils ont subi. Sur les cinq hospitalisés plus longuement, trois ont reçu leur congé tandis que deux restent suivis aux soins intensifs. L’un d’eux se trouve toujours dans le coma.

Lidka Lafleur déplore avoir été témoin d’intimidation envers Bissonnette.

(Photo TC Media – François Cattapan)

Les affres de l’intimidation

Ayant connu Alexandre Bissonnette à l’école secondaire des Compagnons de Cartier, Lidka Lafleur voulait être présente pour supporter le présumé auteur l’attentat qui a ameuté Québec à la fin janvier dernier. Elle n’excuse pas ses gestes et ne veut surtout pas manquer de respect pour les victimes innocentes, mais elle pense qu’une partie de l’explication pour ce drame se trouve dans l’enfance trouble du jeune homme.

«Pendant que son frère jumeau était un gars extraverti et apprécié de tous au secondaire, Alexandre était victime d’intimidation. Régulièrement, pour ne pas dire quotidiennement, il faisait le frais des méchancetés de nombreux élèves de sa classe ou de son niveau. Sans être molesté, il était pointé du doigt et ridiculisé devant tout le monde», se rappelle celle qui regrette de ne pas être intervenue plus souvent pour calmer le jeu.

Au fil du temps, Lidka Lafleur prétend que Bissonnette avait appris à endurer les remarques blessantes à son endroit en se refermant sur lui-même. «Je ne suis pas une experte, mais je crois que ce drame illustre ce que l’intimidation peut provoquer de pire chez un jeune qui en est la cible trop régulière. Chacun des élèves qui l’ont côtoyé devrait faire un examen de conscience», termine la jeune femme en quittant le palais de justice.

TC Media

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