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Le juge n’a pas avalé l’excuse d’intoxication involontaire

TRIBUNAL. Arrêté pour conduite avec les capacités affaiblies et délit de fuite, l’argument de l’intoxication involontaire servi en défense par Mario Paradis n’a pas réussi à soulever un doute en sa faveur. Le fait que l’homme est un multirécidiviste de l’alcool au volant qui cumule un dossier criminel chargé n’a sans doute pas contribué à établir sa crédibilité.

(Depositphotos.com – Feverpitch)

C’est justement en raison de ces antécédents en semblable matière que Paradis est incarcéré depuis les événements survenus le 29 avril dernier. L’individu de Beauport âgé de 57 ans en est à sa quatrième condamnation pour conduite avec un taux d’alcool dans le sang supérieur à la limite permise. Il cumule également une longue feuille de route en matière criminelle pour des délits divers, dont effraction, vol, fraude, faux documents, voies de fait, ainsi que possession et trafic de stupéfiants.

Le soir de son interception, Paradis est allé souper avec sa conjointe chez un couple d’amis de celle-ci. Sous serment, il a admis avoir bu trois bières autour d’un feu à l’extérieur avant de rentrer et d’en boire une autre en attendant le souper. Pendant le repas, les hôtes lui ont offert un verre de vin et leur départ a été couronné par un digestif mystère. «Peu de temps après ce « shooter » fatidique, je me suis mis à mal aller et à perdre le nord pendant des bons bouts. En fait, je me suis réveillé quand j’ai percuté une autre voiture par l’arrière», a témoigné l’accusé.

En effet, l’homme en mauvais état a eu la mauvaise idée de prendre la route quand même. Il a embouti une voiture sur son chemin du retour, entre le secteur des Promenades Beauport et le vieux quartier Montmorency. Il est alors sorti difficilement de sa voiture et après avoir constaté l’absence de dommages aux véhicules, il est tout simplement reparti alors que la conductrice contactait les policiers. Arrivé chez lui, un témoin l’a vu boire dans son véhicule, sortir uriner derrière celui-ci et tomber trois fois au sol, avant de rentrer chez lui pour continuer à boire sur sa galerie.

Dans son témoignage, Paradis a estimé avoir douté par la suite que le « shooter » ait pu contenir un puissant psychotrope de la famille du GHB. Son avocat, Me Alain Dumas, a d’ailleurs bâti sa défense autour de cet argument, afin de soulever un doute raisonnable. Il a convoqué un spécialiste en toxicologie qui a estimé que la consommation rapportée par le prévenu avant l’accident aurait dû lui valoir un taux de 61mg d’alcool par 100ml de sang, soit en deçà des 80mg permis par la loi. Toutefois, le témoin expert n’a pas corroboré la présence potentielle de GHB.

En contrepartie, la procureure de la Couronne, Me Geneviève Baril, a mis en doute la version des faits de l’accusé. «S’il semble se ressaisir lors de l’impact, pourquoi n’a-t-il pas eu le bon jugement d’arrêter là et d’attendre de l’aide? Il repart et se rend chez lui sans difficulté d’orientation. Parfois, il est conscient, parfois il ne l’est plus. L’accusé se souvient de ce qui fait son affaire. Sa version change et n’est pas crédible.»

Coupable

À la suite des plaidoiries des parties, le juge René De la Sablonnière a indiqué que le taux estimé sous la limite permise par la loi était incompatible avec les témoignages des gens qui ont observé Paradis le soir du 29 avril. Soulignant que l’accusé n’avait pas soulevé de doute raisonnable avec sa version irréaliste des faits, il l’a déclaré coupable de conduite d’un véhicule avec les capacités affaiblies par l’alcool et de fuite pour ne pas s’être arrêté sur les lieux d’un accident.

Les parties reviendront ce vendredi 13 janvier pour les représentations sur la peine. La Couronne réclame de 18 à 24 mois de prison, moins la détention provisoire depuis son arrestation le printemps dernier, ainsi qu’une interdiction de conduire pour 10 ans. La Défense suggère plutôt 15 mois de prison et 5 ans sans conduire.

Québec Hebdo

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