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Le rédemptoriste Jean-Claude Bergeron condamné à 4 ans de pénitencier

TRIBUNAL. Les gestes d’attentats à la pudeur et de grossières indécences répétés pendant plusieurs années, alors qu’il était éducateur responsable du dortoir des pensionnaires au Séminaire Saint-Alphonse de Sainte-Anne-de-Beaupré, ont valu au père rédemptoriste Jean-Claude Bergeron une peine de 48 mois de pénitencier.

Le religieux de 76 ans a pris le chemin des cellules aussitôt après avoir entendu debout devant le tribunal la décision du juge Jean-Pierre Dumais. Celui-ci s’est rendu à la suggestion de la Couronne dans ce procès qui amorcé en 2010. Il a indiqué ne pouvoir faire autrement, en raison du contexte des agressions et de la rareté des facteurs atténuants. À cet égard, l’absence d’antécédents judiciaires et les regrets très tardifs, prononcés à la fin du procès, n’ont pas pesé lourd dans la balance.

Rappelant les faits qui remontent aux années 1980, alors que l’accusé avait entre 30 et 40 ans, le juge Dumais souligne qu’il a profité du fait que les sept victimes souffraient presque toutes d’énurésie nocturne. Il justifiait ainsi ses attouchements, allant de la masturbation à la fellation, par son intention de vérifier l’hygiène corporelle et sexuelle des jeunes garçons âgés d’environ 12-13 ans.

«Parmi les circonstances aggravantes, il faut considérer la situation d’autorité exercée par l’accusé. Agissant comme surveillant du dortoir, il avait un accès facile à ses jeunes proies. De plus, les victimes se trouvaient prises au piège, dans un système complaisant et obéissant à une forme d’omerta», a évoqué le juge Dumais en précisant que des victimes avaient tenté de dénoncer les délits sexuels à leur endroit, mais qu’elles n’avaient pas été crues par leurs parents et menacées d’expulsion par la direction.

Autre aspect influent dans sa décision, le magistrat estime qu’on ne pouvait ignorer les grands traumatismes subis par les jeunes victimes à l’époque. À son avis, «les séquelles sont indéniables et parfois permanentes, notamment les abus d’alcool et de drogues, les problèmes de santé et d’estime, ainsi que la dépression et les idées suicidaires». Il a aussi tenu compte de plusieurs causes similaires en jurisprudence, dont celle d’un collègue rédemptoriste, Raymond-Marie Lavoie, condamné à 3 ans de pénitencier en 2012, peine qui a été revu à la hausse à 5 ans par la Cour d’appel.

Soulagement

La peine de 48 mois de pénitencier est assortie d’une obligation de prélèvement d’ADN, d’une inscription à perpétuité au Registre des délinquants sexuels et d’une interdiction de communiquer avec les victimes. Le juge Dumais n’a pas accordé de poids à l’argument de l’avocat de la Défense, Me Michel Massicotte, alléguant que l’accusé avait déjà été puni largement par sa communauté religieuse où il vivait dans la honte et sous haute surveillance depuis son arrestation.

Bergeron a nié catégoriquement les faits démontrés en preuve, ce qui a nécessité la tenue d’un procès ayant obligé les victimes à témoigner. Il a été reconnu coupable de neuf chefs d’accusation pour attentats à la pudeur et d’un chef de grossière indécence.

Pour Stéphane Trottier, l’une des victimes ayant toujours agi comme porte-parole de ses confrères de classe d’époque, le prononcé de la peine contre leur agresseur constitue un grand soulagement. À son avis, c’est la fin de longues procédures qu’il valait la peine d’entreprendre. De son côté, l’avocate de la Couronne, Me Carmen Rioux, parle de l’atteinte d’un stade ultime, permettant de compléter le processus de guérison.

Voir une vidéo des commentaires d’une victime et de la Couronne…

Québec Hebdo

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