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Meurtre de Marylène Levesque: encadrement resserré des maisons de transition

Photo: Métro Média - Archives

ENQUÊTE. Près d’un an après que l’ex-détenu Eustachio Gallese ait enlevé la vie à Marylène Levesque, Service correctionnel Canada (SCC) veut assurer un suivi plus serré des délinquants en libération conditionnelle. Cet engagement passe par l’application des recommandations de son Comité d’enquête nationale, qui vient de rendre public son rapport sur la tragédie qui a ébranlé le Québec en janvier 2020.

Dans un communiqué conjoint, SCC et la Commission des libérations conditionnelles du Canada réitèrent d’abord leurs condoléances à la famille de la victime. On y rappelle que «le 22 janvier 2020, Marylène Levesque a été assassinée à Sainte-Foy, par un délinquant en semi-liberté. Eustachio Gallese a ensuite plaidé coupable de meurtre au premier degré et a été condamné le 27 février 2020 à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans».

L’aspect qui a soulevé l’indignation populaire dans cette affaire, c’est que le prévenu purgeait déjà une peine pour un homicide involontaire survenu à la suite d’une dispute conjugale. Gallese avait obtenu une libération conditionnelle pour bonne conduite, assortie d’une permission de fréquenter un salon de massage érotique pour soulager ses besoins sexuels. C’est à cet endroit qu’il avait rencontré la jeune femme de 22 ans, dont il s’était amouraché jalousement.

Conclusions et recommandations

Une des conclusions du volumineux rapport de 124 pages pointe justement la fréquentation d’un salon de massage. Cela constituait «un facteur de risque contributif étant donné les antécédents de violence conjugale du délinquant». La commissaire au SCC, Anne Kelly, souligne également que le rapport du Comité d’enquête constate des lacunes dans la surveillance du délinquant. Celui-ci était hébergé à la maison Painchaud, ressource de transition chargée de superviser sa semi-liberté.

L’organisme fédéral indique vouloir tout mettre en œuvre afin d’éviter qu’une telle tragédie ne se reproduise. C’est dans cette optique que l’ensemble des recommandations sont accueillies favorablement, en vue d’une mise en œuvre sans délai. Il est principalement question des mesures suivantes:

  • Reprise par Service correctionnel Canada de la responsabilité de surveiller les détenus confiés à des maisons de transition;
  • Meilleur suivi des détenus en libération conditionnelle, notamment en vérifiant leurs contacts établis dans la collectivité, dans un souci de réévaluation du risque;
  • Soumettre les agents de libération conditionnelle à une mise à jour de leur formation en matière de violence dans les relations intimes.

Sanctions évaluées

Pour l’instant, les responsables ayant permis à Eustachio Gallese de fréquenter un salon de massage érotique ont été réaffectés à d’autres tâches administratives. Ils ne font plus de surveillance de détenus. SCC attendait les conclusions du Comité d’enquête avant de réévaluer leur dossier et déterminer toute autre mesure d’imputabilité. Quant aux commissaires ayant accordé une semi-liberté au prévenu, le rapport ne retient aucune faute à leur endroit.

L’organisme fédéral termine en signalant «qu’il est extrêmement rare qu’un délinquant en semi-liberté commette une infraction avec violence. En 2019-20, 99,9% des délinquants en semi-liberté ont terminé leur période de surveillance sans commettre de nouvelle infraction avec violence. Le SCC gère environ 12 600 détenus incarcérés dans des établissements fédéraux et environ 9400 délinquants dans la collectivité, dont 2000 sont au Québec».

Lire le texte traitant de la condamnation d’Eustachio Gallese au palais de justice de Québec.

Réactions de l’opposition

«Nous sommes atterrés et préoccupés par les enjeux soulevés dans le rapport sur le meurtre insensé de Marylène Levesque. Il existe de sérieux problèmes dans notre système correctionnel, et le gouvernement libéral a la responsabilité de les régler. Nous pressons le premier ministre Trudeau et le ministre Blair d’agir immédiatement pour assurer que les dangereux criminels ne sont pas en mesure de faire du mal à d’innocents Canadiens», insiste Pierre Paul-Hus, responsable des Services publics au sein du Parti conservateur.

«Un criminel dangereux qui a brutalement assassiné sa conjointe, Chantale Deschênes, n’aurait pas dû avoir droit à la libération conditionnelle en premier lieu. Le fait que ce même individu ait ensuite eu droit à des visites non supervisées auprès d’autres femmes, et qu’il ait brutalement assassiné Marylène Levesque, est indéfendable», conclut-il

Québec Hebdo

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