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Sentence en mai contre le tireur de pancarte électorale

Palais de justice de Québec en hiver
L'enquête publique sur l'affaire Carpentier se déroule au palais de justice de Québec. Photo: Métro - Archives

TRIBUNAL. Après avoir écouté les représentations sur la peine avec attention pendant plus de trois heures, le juge Sébastien Proulx a pris en délibéré la cause du tireur qui a criblé de projectiles la pancarte d’un candidat de Jean-Talon aux dernières élections provinciales. Il rendra sa sentence le mercredi 15 mai prochain au palais de justice de Québec.

Le magistrat s’est voulu rassurant à l’endroit de l’accusé Roberto Cyr-Delcourt, qui craignait pour son avenir s’il devait se retrouver en prison. Il a précisé que les parties avaient évoqué un large éventail de possibilités en lien avec les dispositions du Code civil, mais qu’il n’était pas question de détention ferme dans cette affaire. «Je vois votre inquiétude à votre changement de couleur, toutefois on ne s’en va pas vers là», a précisé le juge Proulx qui s’est fait très pédagogue tant envers la victime que le prévenu.

Rappelons que Cyr-Delcourt a reconnu sa culpabilité à des chefs d’accusation de méfait public et d’utilisation négligente d’une arme. Il a tiré de son balcon sur la pancarte électorale d’Abdullah Ali Dahan par un soir de mi-septembre. Voyant la commotion que son geste irréfléchi a soulevée dans les médias, il s’est dénoncé à la police dès le lendemain. L’étudiant de 26 ans a expliqué avoir voulu essayer sa nouvelle carabine à air comprimé (airsoft) avant de faire de la simulation de combat supervisé et qu’il n’avait aucune animosité ou haine envers l’homme sur la pancarte qu’il a prise pour cible.

Appelé à témoigner des séquelles qu’il a subies à la suite des méfaits perpétrés sur sa pancarte électorale, M. Dahan a indiqué toujours vivre avec de graves traumatismes de ces événements qu’il estime basés sur le racisme. «Je n’en dors plus la nuit, déplore la victime. Je vis du stress, de l’anxiété, en plus de craindre au quotidien qu’on s’en prenne à moi. Sans compter que j’ai cessé de faire du porte-à-porte à la mi-campagne électorale et les pertes financières qui s’en sont suivies. J’ai vécu l’enfer et en plus, le lendemain, j’ai reçu des menaces de mort d’un autre individu.»

Regrets et excuses

De son côté, l’accusé a réitéré ses regrets pour le tort qu’il a causé. Le jeune homme qui a connu une adolescence difficile dans les centres de jeunesse et qui souhaite compléter des études pour devenir agent d’intervention à la Direction de la protection de jeunesse (DPJ) craint qu’un dossier criminel anéantisse ses efforts.

«Je suis désolé. J’ai commis un geste immature. L’ampleur que tout ça a pris m’a aussi beaucoup affecté. Je vais être papa et je ne veux pas aller en prison et avoir une vie de misère. Je m’excuse encore à M. Dahan. Si je pouvais reculer dans le temps je ne ferais pas la même chose. Je ne suis pas raciste, j’ai vécu à Montréal avec des Arabes, des Congolais et des Québécois d’autres origines. Je peux l’assurer qu’il n’a pas à craindre pour son intégrité», a insisté Cyr-Delcourt avant de lire une lettre d’excuses que le juge l’a autorisé à déposer en preuve.

Suggestions de peine

En Défense, l’avocat Me Kevin Plamondon a suggéré que son client repentant bénéficie d’une absolution conditionnelle pour ses gestes qualifiés «d’irréfléchis, mais sans mauvaises intentions réelles». Il a proposé que la peine soit assortie de l’obligation de verser 500$ à une cause humanitaire, de la réalisation de 60 heures de travaux communautaires, d’une interdiction de contact avec la victime et d’une probation pouvant aller jusqu’à 3 ans.

Pour sa part, la procureure de la Couronne, Me Geneviève Blouin, a indiqué que l’accusé ne semblait pas avoir appris d’une précédente absolution inconditionnelle pour une affaire de vol à l’étalage en 2015 alors qu’il traversait une période difficile de sa vie. Elle considère donc plus appropriée une sentence suspendue de 2 ans «devant les graves conséquences qu’ont eu ses actes insouciants». S’ajoute notamment une interdiction de contact et de posséder des armes, ainsi que les obligations de faire un don, de réaliser des travaux communautaires et un suivi probatoire.

Considérant les longues plaidoiries qui ont permis de bien exposer les divers aspects dans cette affaire, le juge Sébastien Proulx a estimé utile de prendre le temps de réfléchir avant de rendre sa sentence. Il a néanmoins noté que les éléments de base dans le système judiciaire que sont la dénonciation, la dissuasion et la prise de conscience de la portée des actes reprochés ont été rencontrés dans le présent dossier. Il a convié les parties à entendre sa décision sur la peine le mercredi 15 mai prochain, soit sa date de disponibilité la plus rapprochée au palais de justice de Québec.

Métro Média

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