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Pourquoi a-t-on raison d’être écoanxieux?

Photo: Martina Rigoli/iStock
Ambre Giovanni - Collaboration spéciale

Les mesures gouvernementales du Québec ne permettront pas à la province d’atteindre la cible de réduction des émissions de gaz à effets de serre (GES) recommandée par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) dans le troisième volet de son dernier rapport.

«Pour que le Québec fasse sa juste part de l’effort climatique pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, la cible devrait être de 65% de réduction entre 1990 et 2030», explique un analyste en politiques climatiques d’Équiterre, Émile Boisseau-Bouvier.

Bien que l’objectif québécois actuel soit de réduire les émissions de GES à 37,5% pour la période de 1990 à 2030, seulement la moitié des réductions sont actuellement chiffrées dans le plan de mise en œuvre du Plan pour une économie verte (PEV).

Le domaine des transports, part du lion des émissions de GES

La proportion des investissements dans les transports en commun est actuellement de 30%, tandis qu’elle est de 70% pour les transports autoroutiers, d’après l’analyste en politiques climatiques d’Équiterre.

«Ces projets vont augmenter l’étalement urbain et favoriser l’auto solo, un mode de déplacement qui n’est pas du tout efficace», déclare-t-il. Le projet du troisième lien entre les villes de Québec et de Lévis bénéficiera par exemple d’un financement de 6,5 milliards de dollars.

Par ailleurs, alors que le Québec entend décarboner le secteur des transports en promouvant l’électrification des véhicules personnels, M. Boisseau-Bouvier appelle à diminuer le nombre de véhicules total sur les routes ainsi que leur taille.

«Plus un véhicule est gros, plus il va nécessiter de matériaux pour sa construction et plus il va demander d’énergie pour son déplacement», dit-il.

Ressources énergétiques naturelles non renouvelables

Le Québec poursuit par ailleurs le développement de son réseau de distribution de gaz fossiles afin d’alimenter les parcs industriels, ce qui contredit l’objectif de carboneutralité visé d’ici 2050.

«Il va falloir changer nos modes de vie et nos modes de consommation. On ne peut pas continuer dans la veine actuelle de production, de consommation et de mise au dépotoir. On va devoir mettre en commun des services et revoir nos façons d’organiser nos villes et notre société», déclare M. Boisseau-Bouvier.

Néanmoins, le Québec a fait un grand pas en avant cette semaine. En effet, la Belle Province est devenue la première juridiction en Amérique du Nord à interdire sur son territoire l’exploitation des hydrocarbures tels que le gaz de schiste ou le pétrole.

Répercussions sur les jeunes

Les conséquences de la crise climatique affecteront particulièrement les jeunes, qui les subiront de plein fouet. En effet, ces impacts occuperont une part importante de leur vie. Un enfant né en 2020 connaîtra de deux à sept fois plus d’événements climatiques extrêmes comparativement à une personne née en 1960, d’après une étude parue en 2021.

Enfin, ces répercussions nourrissent l’écoanxiété. Certains jeunes peuvent ressentir la perte d’un monde qu’ils sont en train de découvrir, comme l’explique une étudiante au doctorat en recherche et intervention en psychologie à l’Université de Sherbrooke, Anne-Sophie Dorion.

«Ils sont souvent exposés à de mauvaises nouvelles, notamment sur les réseaux sociaux, et ils peuvent aussi avoir la perception de ne pas être écoutés par les adultes et les décideurs politiques», indique-t-elle.

Les 5 grands pollueurs au Québec (chiffres de 2019): 

1. Ciment McInnis
2. Énergie Valero – raffinerie Jean-Gaulin
3. Aluminerie Alouette
4. Raffinerie Suncor
5. Rio Tinto Fer et Titane – complexe métallurgique

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