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Quand la Saint-Valentin n’existait pas

DOSSIER. Célébrer la Saint-Valentin a déjà été «impensable», décrit d’entrée de jeu l’historien Réjean Lemoine. La fête telle qu’on la connaît aujourd’hui est une créature récente, note-t-il, et il ne faut pas remonter bien loin pour constater que les coutumes des amoureux d’hier étaient fort différentes de celles d’aujourd’hui.

Avant les années 1960, «il n’y avait pas de fête de l’amour, parce que ça représentait la mixité, le couple et tranquillement, tu déclinais vers le pêché. Le seul amour permis, c’était l’amour de Dieu», raconte M. Lemoine.

Cela explique en partie pourquoi on retrouve dans les livres d’histoire de Québec quelques lieux plus ou moins secrets où se rencontraient les amoureux, loin des chaperons.

Dans la Haute-Saint-Charles, la rivière Nelson dite «des amoureux», est la première citée. Au début du siècle, des couples partaient en canot à l’embouchure de la rivière, tout près de l’actuel commerce Canots Légaré, relate le président de la Société d’histoire de la Haute-Saint-Charles, Mario Lussier. Le cours d’eau plus étroit que la rivière Saint-Charles ne permettait pas de canoter bien loin, ce qui en faisait un endroit peu passant, raconte-t-il.

Le Remous des Hirondelles aux limites de l’actuel secteur Vanier était aussi très prisé des jeunes couples, note quant à lui Réjean Lemoine, tout comme la plage de l’Anse-au-Foulon, dans Sillery.

Plus on s’approchait de la ville et plus les jeunes prisaient les lieux publics où la mixité était permise, comme les cinémas, poursuit-il, ce qui n’était pas sans irriter le clergé.

Comment célébrait-on l’amour, alors, dans les années 1930, 1940? «On célébrait la fidélité dans le mariage», explique Réjean Lemoine. «Les 30e, 40e 60e anniversaires de mariage faisaient place à de grandes fêtes!»

Révolution tranquille

À partir de la Révolution tranquille, on délaissera tranquillement les célébrations religieuses pour faire place aux fêtes américaines plutôt «basées sur la consommation», raconte l’historien. C’est là que la Saint-Valentin fait son arrivée.

Denis Paul de la Fondation partage chrétien de Saint-Ambroise se souvient des cupidons et des chocolats dans les vitrines des magasins de sa jeunesse, mais les célébrations de couple à la Saint-Valentin sont davantage venues avec la génération des baby-boomers, abonde-t-il. «On en est venus à exprimer plus ouvertement nos sentiments».

Comme son père l’avait fait 30 ans avant lui, Denis Paul raconte avoir fait partie d’un groupe qui prodiguait des cours de préparation au mariage. Dans les années 1970, on soulignait désormais la fête en décorant, en faisant des jeux de rôle et des activités centrées sur le couple, «qui incitaient les gens à être plus sensibles à leur conjoint», décrit-il.

Des souhaits par la poste

L’aspect romantique de la Saint-Valentin moderne garde néanmoins certaines traditions anciennes, comme celle des lettres et des cartes envoyées par courrier. Les bureaux de poste en sont les premiers témoins, puisque l’achalandage qu’on connaît à l’approche de la fête se maintient d’année en année, commente Phil Legault des relations avec les médias de Postes Canada.

Quatre bureaux de poste canadiens en font d’ailleurs leur spécialité, comme celui de Love en Saskatchewan, ou encore de Saint-Valentin en Montérégie, dont les maîtres de poste «travaillent en double pendant les semaines qui précèdent la Saint-Valentin» pour apposer l’étampe évocatrice de la municipalité sur des lettres de partout au pays, et même d’ailleurs dans le monde.

Consulter le dossier de TC Media sur la Saint-Valentin

Québec Hebdo

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