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Chasseurs et pêcheurs sensibilisés aux perturbations fauniques

DOSSIER. S’il existe des citoyens attentifs aux perturbations qui menacent la préservation de la nature et de ses espèces animalières, ce sont bien ceux qui en profitent dans leurs loisirs et y effectuent des prélèvements ponctuels. Coup d’œil sur un sujet préoccupant avec Michel Baril, biologiste à la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs (FédéCP).

Quelle est la position de l’organisme sur cet enjeu environnemental majeur?

«Il faut regarder la situation avec un peu de recul lorsqu’on parle de préservation de la nature et des espèces menacées. On doit considérer que les modifications survenues dans le milieu naturel du Québec, particulièrement depuis l’important développement de l’agriculture, ont favorisé d’autres espèces. Le milieu a changé au cours des dernières décennies et de nombreuses populations animales comme le cerf, le coyote et le dindon sauvage y trouvent maintenant un milieu de vie exceptionnel. Ces espèces étaient autrefois absentes du Québec. D’autres espèces sont disparues, ou sont appelées à disparaître, parce qu’on modifie leurs niches écologiques. Cela étant dit, les chasseurs et les pêcheurs sont très sensibles et actifs en matière de protection de la faune et de l’environnement.»

Chasseurs et pêcheurs sont-ils conscients de leur responsabilité de protéger la biodiversité?

«Si la préservation d’espèces animales indigènes est un enjeu majeur, celui du contrôle des populations nombreuses l’est tout autant. Encore plus si on considère l’aspect économique. Les 5000 à 6000 collisions avec des cerfs de Virginie chaque année au Québec sont un phénomène très peu médiatisé. De même, les populations de moufettes, de ratons laveurs et de renards, et les maladies qu’elles transportent n’ont jamais été aussi importantes dans le sud du Québec. En somme, il ne faut pas nécessairement opposer développement et abondance de faune.»

Est-ce que des efforts de sensibilisation sont faits pour préserver la faune?

«En ce qui concerne la préservation de la faune, les chasseurs et les pêcheurs sont parmi les citoyens les plus sensibilisés. En fait, il y va de la pérennité de leurs activités. D’ailleurs, de très grandes réalisations sont faites par ces derniers quant à la préservation de la faune. Héritage faune, les aires fauniques communautaires, Canards Illimités, Habitat faunique Canada, la Fédération canadienne de la faune et la Fondation de la faune du Québec sont toutes basées sur des dons provenant des chasseurs et le dévouement de ces derniers. Les associations de chasse et de pêche sont aussi à l’origine de nombreux projets d’aménagements fauniques réalisés partout en province. Les actions de tout ce monde favorisent les gibiers chassés bien entendu, mais aussi par des « avantages collatéraux » l’ensemble de la faune. La réintroduction du bar rayé dans le fleuve Saint-Laurent, en partenariat avec le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs, est aussi un bel exemple de l’action environnementale des chasseurs et pêcheurs. Notre fédération a par ailleurs toujours été présente auprès du gouvernement dans les projets d’instaurations des aires protégées. Certaines associations sont aussi impliquées dans des projets de préservation de la sauvagine et de poissons non sportifs.»

Une réalisation comme le Boisé Héritage Faune peut-elle contribuer à la cause?

«Le Boisé Héritage Faune a justement comme objectif de démontrer les actions de préservations des chasseurs et pêcheurs. N’ayant qu’une superficie relativement petite de 5 hectares, son influence est limitée pour la faune. Mais il a tout de même un rôle éducatif important sur son site à Saint-Augustin. Pour nous, il s’agit d’une vitrine des actions des chasseurs et pêcheurs du Québec, entre autres en matière de protection de la faune.»

Développement urbain et conservation de la nature sont-ils irréconciliables?

«C’est en effet difficile si on parle de préservation dans un état original. Car, dès qu’on modifie le milieu, on modifie certaines des conditions qui sous-tendent la biodiversité originale. Si on parle de nature au sens large, c’est moins dramatique. Car, on crée de nouveaux habitats qui seront favorables à d’autres espèces, tel qu’on le vit au Québec. Mais dans tous les cas, il faut travailler au maintien d’un environnement sain.»

 

 

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