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Réintégrer les personnes âgées dans la cellule familiale

Tribune libre Métro
Photo: Infographie Métro Média

Les Japonais accordent beaucoup de respect et une attention particulière envers les personnes âgées de leur société. Pour eux, ce sont des personnes aptes à enseigner, à juger, à conseiller et à guider les jeunes dans plusieurs aspects de la vie. Elles sont donc considérées comme les « formatrices de la vie ». De leur côté, les personnes âgées voient les jeunes comme des « apprentis de la vie ». Cette différence de statut n’empêche en rien les échanges entre les deux générations, bien au contraire. Les aînés et les plus jeunes d’une famille ou d’une communauté se côtoient presque tous les jours, au point de créer un lien solide qui les unit durant toute une vie.

Les personnes âgées au Québec

Au Québec, il n’y a pas si longtemps, les familles québécoises se réunissaient autour de l’aïeul pour recevoir la traditionnelle bénédiction paternelle du Nouvel An. Durant la soirée, pendant que la fête se déroulait au rythme de la danse des invités, les grands-parents bénéficiaient d’une place de choix dans le fauteuil le plus confortable, et suivaient le rythme en tapant des mains et des pieds, tout sourire. Durant l’été, mon grand-père faisait partie du voyage jusqu’au chalet, et je me souviens encore très bien quel plaisir j’éprouvais lorsqu’il consentait à me promener dans la brouette jusqu’au lac.

Or, les temps ont changé. On ne retrouve plus les aînés aux activités familiales. La plupart d’entre eux ont été placés dans des résidences pour personnes âgées, les enfants ayant décidé qu’ils y seraient davantage en sécurité. Les personnes âgées sont disparues peu à peu du paysage social si bien qu’aujourd’hui, elles se retrouvent marginalisées dans un monde où l’essentiel est cristallisé dans la satisfaction du moment présent au détriment des souvenirs éclairants du passé.

Avons-nous sacrifié nos personnes âgées?

Mais que s’est-il donc produit? Où est passé le respect que l’on vouait aux personnes âges? Pourquoi sont-elles devenues des freins à notre « émancipation » personnelle? Qu’avons-nous échappé en chemin? Où sont passés nos souvenirs du temps où nos grands-parents nous recevaient durant la période des Fêtes? En réalité, avons-nous sacrifié nos personnes âgées?

Je crains bien qu’il faille répondre oui à cette dernière question. N’ayons pas peur des mots, notre égoïsme a pris le dessus sur le temps que nos devrions accorder à nos personnes âgées, si bien qu’elles se retrouvent, pour plusieurs d’entre elles, enfermées dans des CHSLD, complètement déracinées de tout lien familial.

Les personnes âgées, porteuses de nos racines

Et pourtant, se peut-il que nous ayons oublié que le Québec d’aujourd’hui ne s’est pas construit en un jour, et qu’avant notre arrivée sur cette terre, des pionniers valeureux avaient déjà préparé le terrain en plantant des arbres dont les racines sont encore vivantes aujourd’hui grâce à la persévérance et au courage de nos ancêtres? Je crois que nous aurions avantage à « nous souvenir » de ces pionniers ayant contribué à créer la fierté du Québec d’aujourd’hui.

Et surtout, il faudrait nous rappeler que nos personnes âgées sont les descendants en droite ligne de nos ancêtres et qu’à ce titre, elles méritent un respect inconditionnel et une reconnaissance sans limite qui doit se manifester par une présence chaleureuse et bienveillante auprès d’elles. En leur faisant une place dans notre univers, nous pourrons rétablir le pont avec nos racines et, de ce fait, être mieux préparés à affronter notre avenir… Car en fait, le passé n’est-il pas garant de l’avenir?

Henri Marineau, Québec

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