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Une agora aux allures de bibelot

Présenté en début d’été comme le joyau de la nouvelle Pointe-à-Carcy, l’agora a plutôt les allures d’un gros bibelot de luxe mal utilisé. Un sérieux coup de barre s’impose afin de redonner à l’amphithéâtre le lustre auquel il a droit.
Les dirigeants du Port de Québec voudraient torpiller cet équipement qu’ils ont manifestement aménagé à reculons qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Sauvé par l’intervention du ministre Jean-Pierre Blackburn à la suite d’une levée de boucliers de la population, l’agora mérite certainement un bien meilleur sort que celui qui lui est réservé actuellement.
Dèjà au début de l’été, la programmation plutôt tiède dévoilée par les nouveaux gestionnaires n’avait rien pour soulever les passions des amateurs de musique de Québec. On est bien loin des belles années qui ont vu défiler près du fleuve les Roger Waters, Bob Dylan, Stevie Ray Vaughan, Yes, Iron Maiden et cie.
Mais sur cette question, je suis bien prêt à donner le bénéfice du doute aux producteurs. Avec la multitude de spectacles gratuits de fort calibre présentés un peu partout en cet été du 400e, on peut comprendre qu’ils aient été un peu plus frileux qu’à l’habitude. Et considérant le comportement plutôt imprévisible des spectateurs de Québec, se lancer dans une programmation payante aurait effectivement été un peu téméraire. La faible vente de billets pour le récent spectacle de Catherine Ringer, finalement annulé en raison de la pluie, en est d’ailleurs la meilleure preuve.
Le rendez-vous manqué avec la voix des Rita Mitsouko soulève toutefois des lacunes un peu plus gênantes. Pour une troisième fois en quelques semaines à peine, Dame Nature a eu le dessus sur des installations scéniques que les dirigeants du port décrivaient pourtant comme un exemple de modernité et de fonctionnalité.
Comment expliquer qu’un équipement extérieur permanent ayant nécessité des investissements totalisant 8 M$ ne soit pas plus résistant aux intempéries alors que les scènes temporaires du Festival d’été sont, depuis longtemps, «à l’épreuve de l’eau», comme se plaisent à le dire ses artisans.
Le gouvernement fédéral a un peu forcé la main au président-directeur général du Port de Québec, Ross Gaudreault, qui n’a jamais été très chaud à l’idée de maintenir l’agora dans le secteur. C’est donc avec un enthousiasme mitigé qui cachait plutôt mal une certaine amertume qu’il a livré la marchandise en juin dernier. Dans ce contexte, il semble malheureusement qu’on ait tourné les coins un peu ronds sur certains aspects techniques pourtant fondamentaux comme la capacité des installations de fonctionner malgré la pluie qui s’est immiscée plus souvent qu’autrement dans les activités depuis le début de l’été.
Il y a quelques années à peine, les artistes qui passaient par l’agora n’avaient que de bons mots à dire sur cet endroit unique ce qui se propageait inévitablement dans le milieu et facilitait par le fait même la tâche des producteurs quand venait le temps d’y attirer des gros noms. Pas certain que les commentaires soient aussi dithyrambiques de la bouche de ceux qui s’y sont produits cet été. Parlez-en à Mme Ringer qui ne s’est pas gênée pour critiquer les gestionnaires de l’endroit.
Dommage que ce magnifique amphithéâtre extérieur de 4000 sièges situé en plein cœur des activités du 400e soit si peu utilisé cet été. Ne reste qu’à espérer que ce cafouillage de première saison ne soit qu’une question de circonstance et que dès l’an prochain, l’agora retrouvera son statut de lieu majeur de spectacle dans la capitale.

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