Jean Désy rencontre des artistes d’ici, un essai sur la poéticité

Cet hiver, Jean Désy publiait aux éditions XYZ son nouvel ouvrage Nous sommes poésie. Cet essai sur la poéticité, concept qu’il développe en dialoguant avec plusieurs artistes de différentes disciplines, tels David Goudreault, Geneviève Boudreau, Normand Génois, met en valeur la vie culturelle de Québec. Lors d’entrevues avec ces personnes qui lui sont chères, il explore l’essence de l’art, de la poésie, et le rôle que jouent ces disciplines dans nos existences.

Jean Désy est un homme d’une vaste expérience. Après avoir obtenu un doctorat en médecine, il a réalisé une maîtrise en philosophie ainsi qu’un doctorat en littérature. À cheval entre la pratique et l’enseignement, entre la littérature et la médecine, il voyage entre Québec et le Grand Nord où il puise ses inspirations. Professeur à l’Université Laval, la transmission du savoir et de sa passion pour la vie est au cœur de sa démarche. Son dernier ouvrage témoigne de ce désir d’initier ses lecteurs à la poésie et à la beauté qu’elle sait dégager du monde.

De tous les horizons, les 31 collaborateurs s’exprimant dans l’essai sont aussi bien des membres de sa famille que des personnalités du Québec; peintres, poètes et slameurs effacent les frontières entre les disciplines pour dégager l’essence de la poéticité qu’il définit comme «un état d’être qui permet de rentrer en contact avec la poésie du monde.»

En exposant le rapport que les artistes entretiennent avec leur art, M. Désy cherche à exposer la simplicité et la complexité de la chose, la rendre accessible sans pour autant la réduire. Car, la poésie est bien plus qu’un simple jeu de forme. C’est une manière de créer «une relation intime avec la grâce». C’est une exploration de ce qu’est être humain, de notre sensibilité, mais aussi de notre place dans cette nature à laquelle on appartient.

La révolution de la grâce ou les pouvoirs de la poésie

«Si on peut isoler une tendance parmi tous ces témoignages, c’est la sacralité de la poésie», confie-t-il. L’expression littéraire et créatrice se fait la manifestation des passions intimes traduites et intellectualisées. Appréciant particulièrement l’expression de l’Âme du monde, la poésie est pour lui une façon de traduire l’indicible, «une Vérité qui nous dépasse».

Le travail artistique est alors l’expression de quelque chose de fondamental. Par la double action de la passion et de la raison, il explique comment l’art nous connecte à notre nature profonde tout en ayant le potentiel de l’élever. Convaincu que les richesses que l’on y trouve ont le pouvoir de changer le rapport de l’individu à la réalité, il explore dans son ouvrage comment la poéticité pourrait adresser les enjeux éthiques, humains et environnementaux auxquels nous faisons actuellement face.

Proposant un nouveau rapport à la réalité, la poéticité a, selon lui, le pouvoir de changer le monde, d’apporter une nouvelle richesse qui détourne de celle proposée par la société de consommation. «Elle concilie passion et raison, dont l’union est nécessaire pour arriver à une société épanouie et bienveillante. La poéticité, à mon sens, contraint à reconnaître la nécessité d’aimer le monde qui nous entoure. Elle entretient l’amour pour la vie- agapan- et l’une des tâches des plus difficiles à l’être humain est d’être dans cet état d’amour.»

«Les voies poétiques ne sont hermétiques qu’en apparence. Il s’agit que tout être épris de liberté laisse voyager son imagination, comme ses aspirations les plus intimes, pour que la poéticité s’empare de son esprit, comme de celui de ceux et celles qui acceptent de l’écouter et de le lire.»

Jean Désy dans Nous sommes poésie