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René Simard se souvient de Sainte-Pétronille

Photo: Gracieuseté - Laurence Labat

Arrivé à l’ile d’Orléans à six ans, René Simard y est resté jusqu’à ses 16 ans. Dix années de souvenirs qu’il a bien voulu partager avec Métro L’Autre Voix.

«Quand on vient d’une paroisse aussi tissée serrée que Sainte-Pétronille, c’est comme de la famille élargie», expose le chanteur en début d’entrevue. Il n’est pas étonné d’apprendre que la maison bleue de son enfance a été repeinte en blanc cassé depuis. «Je sais, je l’ai vue. Quand elle a été ravagée par la tempête il y a quelques années, les gens m’envoyaient des photos.»

René a fait son primaire à partir de la 1re année à l’ancienne école de Sainte-Pétronille qui abrite maintenant la bibliothèque municipale. «On faisait 1-2 et 3e année dans la même classe. La 7e année existait dans le temps. Je n’ai que de bons souvenirs de cette époque.»

Il se remémore à voix haute des souvenirs en vrac. «À l’Halloween, on marchait beaucoup, les maisons étaient plus éloignées, plus tu montais. Je me souviens qu’il y avait une anglophone qui déposait un panier dehors pour qu’on se serve près de l’épicerie Blais, elle était très généreuse. Paul Hébert [le comédien] lui, il n’ouvrait même pas la porte», se souvient-il en riant.

«Dans le temps il y avait aussi le violoniste Arthur Leblanc qui habitait là. Il avait un [violon] Stradivarius. Lorsqu’il est décédé, c’est Angèle Dubeau qui en a hérité. Il mangeait toujours des barres Aero qu’il gardait dans sa poche arrière avec une cuillère. J’imagine que les garder dans ses poches les rendait molles. Il mangeait ça avec sa cuillère en nous racontant l’histoire de son violon. Ça m’a marqué.»

Sur le bout de l’ile

René se rappelle aussi du Château Bélair, aujourd’hui l’Auberge la Goéliche, avant que le feu ne le détruise. «Mon père travaillait aux cuisines, auprès de M. Lord le chef cuisinier, un monsieur très gentil. On payait 25 cents pour aller se baigner. Il y avait une fenêtre dans le fond de la piscine et elle est encore là.» Un souvenir que partage aussi sa sœur Nathalie qui nous racontait la même histoire il y a deux ans en entrevue.

Le chanteur se remémore les hivers rigoureux sur l’ile d’Orléans et ses grands vents. «Mais ce que j’aimais le plus, c’était le printemps, voir les crocus traverser ce qui restait de glace, les ruisseaux, les fleurs bleues dont les terrains étaient tapissés, c’était magique. On capotait quand le soleil commençait à se réchauffer!»

Qui dit Sainte-Pétronille dit bien sûr la grève. «La gang se rencontrait sur Horatio sur la grève. C’est là qu’on jouait aux délinquants un peu. On jouait de la guitare au bord du feu. C’est aussi là que j’ai essayé ma première cigarette sans succès et mes premières bières. Mon frère Régis était plus actif que moi là-dessus. Près de la maison, il y avait une autre grève. L’été, on se faisait des pique-niques avec des sandwichs aux bananes et au jambon avec nos cousines, les Pilotes», raconte-t-il.

Avant d’habiter la maison bleue, la famille habitait un appartement 5 et demi, au second étage de la maison sur le coin de la rue du Quai. «Trois chambres pour sept enfants et mes parents. On était heureux, on ne connaissait pas autre chose. On allait au casse-croute chez Ti-Lou en face, manger des frites. Le mari de ma sœur Odette avait racheté Ti-Lou avec mon père, ils avaient appelé ça La Souche du Sorcier, et Nathalie qui était petite disait «la fourche du sorcier.»

À cette époque, le bateau Le duc d’Orléans venait au quai le dimanche et laissait débarquer les touristes qui marchaient jusqu’au casse-croute. «On chantait toute la famille sur le balcon et les gens venaient nous entendre chanter. On était la singing family de Sainte-Pétronille.»

La famille Simard allait à l’église, chaque dimanche. «Il y avait un directeur de chorale, Raynald Vézina, et c’est là que j’ai commencé à chanter. Je faisais des solos, ç’a été mon premier public, je servais la messe à tous les jours pour 1$ par semaine de paye.»

C’est finalement, comme l’histoire le sait, lorsque René a participé aux Découvertes de Jen Roger à Québec, en 1969, que sa carrière a débuté. «Patrick Zabé m’a vu, et c’est là que tout a commencé.»

«Ma sœur Nathalie est la seule qui est une sorcière de l’ile parce qu’elle est née là. Les autres on est tous nés à Chicoutimi.»

René Simard

Nouvel album: Condor

René parle de son plus récent album comme de son possible dernier. «Je l’ai nommé Condor vu que j’ai commencé avec L’Oiseau, et cet oiseau-là c’est celui qui vole le plus haut, il doit avoir une belle perspective, et c’est ce que j’ai de la société du haut de mes 60 ans. Je veux boucler la boucle. J’ai une vision positive de notre société, parce que oui il y a des différences, mais c’est ce qui fait notre richesse. Il faut être ouvert à tout ça. Mes enfants sont différents. On a toujours travaillé fort pour être à l’affut de tout, garder notre sens de l’humour, et trouver des solutions parce qu’ils ont manqué un sens lorsqu’ils étaient jeunes et ont trouvé des façons de ne pas en souffrir. On a cette façon de voir la vie.»

Cet album est fait de chansons originales dont il a choisi lui-même les thèmes. «J’y tenais, parce que sur mes 53 albums, 60% ce sont des reprises. En vieillissant, les reprises, ça ne me tente plus. J’ai appelé chacun des artistes sur l’album pour leur demander s’ils voulaient participer, ce sont tous et toutes des amis, tout le monde a mis la main à la pâte. Marina Orsini a fait des textes de la chanson faite par Nelson Melville, Sylvain Cossette a fait la musique et les paroles, Corey Hart chante en français avec moi, Bruno Pelletier et Mario Pelchat y sont», énumère-t-il en vrac.

«Parfois des gens me disent: tu ne chantes plus comme avant. Et je leur réponds: J’espère! Me verrais-tu chanter avec la même voix qu’à mes 10 ans!»

 

 

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