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Sortir l’orgue des églises

Playing the organ Photo: Photo iStock

Ils sont peu d’aspirants musiciens à vouloir faire carrière en orgue. La clé pour donner le goût aux jeunes et moins jeunes de s’intéresser à cet instrument imposant et polyvalent est de sortir l’orgue des églises, selon des organistes professionnels.

Si le 20e siècle a pu faire naître chez certains organistes la vocation de devenir concertistes à l’international, et non simplement accompagnants de messes, en vivre semble utopique pour le moment. La mobilité à l’international est entre autres indispensable, alors que les musiciens internationaux ont tous mis leur carrière sur pause pendant la Covid-19.

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Un peu d’histoire autour de l’orgue

Le début du déclin

Selon l’organiste Claude Lemieux, lors de la période Vatican II [de 1962 à 1965], le répertoire religieux a changé. Alors que les chorales des offices chantaient du luthérien et du grégorien, l’arrivée de l’Expo 67 a changé la donne. «On appelait cette période les messes à gogo. Les guitares, la batterie, les micros sont apparus pendant les célébrations. Ces instruments étaient joués par des amateurs», explique M. Lemieux. Des organistes se sont rebellés, afin de maintenir une certaine qualité de musique au sein des offices… Et conserver leurs postes.

Selon Claude Lemieux, il existe actuellement une vingtaine de postes d’organistes dans la province avec un salaire décent. À Québec, il y en a seulement quatre ou cinq selon lui. «Ce sont les églises qui avaient résisté à l’époque des «messes à gogo» qui emploient encore des organistes aujourd’hui. Avant, on pouvait en vivre, maintenant on ne peut plus», explique le sexagénaire qui combine son poste d’organiste à la paroisse Saint-Ambroise avec plusieurs tâches d’enseignement.

Lorsque Claude Lemieux était étudiant à l’Université Laval, ils étaient 60 étudiants pour 10 profs. Actuellement, ils sont quatre élèves.

La relève

Lysianne Boulva fait partie des quatre étudiants en orgue de l’Université Laval. Elle reprendra le poste à la Fabrique laissé vacant par Claude Lemieux à sa retraite prévue dans deux ou trois ans. Après une formation en clavecin, Mme Boulva a décidé de se remettre à l’orgue et de faire son doctorat dans cet instrument.

Un problème très québécois

«Là où la religion protestante est bien présente, il n’y a pas de problème de relève», exprime Lysianne Boulva en faisant notamment référence au Canada anglais et aux États-Unis. Selon Claude Lemieux et elle, c’est la relation conflictuelle entre les Québécois et la religion qui est entre autres responsable du déclin de l’orgue. «Les jeunes ne connaissent pas l’orgue. Ils ne vont plus dans les églises, même pour des concerts», fait valoir Mme Boulva.

Pour ces professionnels des claviers à vent, il est indispensable de faire connaître l’instrument en dehors du cadre religieux pour assurer sa pérennité. D’ailleurs, selon Claude Lemieux, les concerts d’orgue en salle de concert plutôt qu’à l’église font tripler ou quadrupler l’audience. «Il faut apprendre à sortir l’orgue de l’église», fait-il valoir.

L’électronique comme piste de solution

Pour Mme Boulva, les nouveaux instruments électroniques sont peut-être à considérer dans le salut de l’instrument. «On a maintenant une base de données connectée à un pédalier et à un clavier qui s’appelle l’Hauptwerk. Ça va surement démocratiser l’accès, puisqu’on peut pratiquer chez soi, par exemple. À Rimouski, ils ont ça à l’école de musique», illustre la jeune femme.

L’orgue, de la religion aux arénas

Pendant les matchs de hockey, on entend souvent de l’orgue. Celui-ci est joué par une organiste professionnelle du nom de Diane Bibaud, musicienne officielle du Canadien de Montréal depuis plus de 30 ans. Pourquoi de l’orgue pendant une game? Pour Claude Lemieux, comme c’est un instrument polyphonique et orchestral, il est polyvalent et permet aussi de ne payer qu’un musicien plutôt qu’un ensemble qu’on ferait venir pour jouer… Et divertir.

 

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