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Vers plus d’accessibilité pour les acteurs du Québec?

Lorsque les auditions étaient en personne, il était plus pratique pour les comédiens de résider dans la région de Montréal pour faire du cinéma ou de la télé. Photo: Photo iStock

Plus de contrats aux comédiens de tout le Québec? Dans tous les cas, assurément plus d’auditions. En raison de la pandémie et à l’instar de nombreux autres corps d’emploi, le milieu de la culture et plus précisément le processus d’auditions d’acteurs a dû se tourner vers le virtuel. Cette façon de faire, qui restait encore assez marginale auparavant, a permis à plusieurs comédiens de régions éloignées de participer aux processus virtuels et d’obtenir plus de contrats.

À lire également, la suite de notre dossier sur les auditions virtuelles: Limites et avenir du virtuel

Les comédiens des régions le savent fort bien, il y a peu de tournages à l’extérieur de la région de Montréal, mais on peut toujours s’y déplacer pour un contrat payant, lorsque le travail nous appelle. Cependant, le processus d’audition est plus ingrat. Évidemment, pour être choisi pour un rôle de fiction ou de publicité, il faut avoir passé une audition qui a lieu à Montréal, sans avoir de garantie d’obtenir quoi que ce soit. Cette façon de faire restreint les acteurs des régions qui ne peuvent pas toujours se déplacer à leurs frais pour auditionner 10 minutes.

La pandémie a toutefois changé la donne. «La Covid-19 a fait qu’on a dû utiliser le virtuel pour limiter les contacts. On a découvert Zoom, comme beaucoup de gens, exprime Maxime Giroux, président de l’Association des directeurs de casting. On s’est rendu compte que c’était un outil qui fonctionnait bien pour les auditions».

Lorsqu’on parle d’auditions virtuelles, il y a des distinctions à faire. Il existe dans le milieu ce qu’on appelle le selftape, qui est un enregistrement maison que le comédien fait seul et doit ensuite transmettre à l’agent de casting. «C’est une méthode qui existe surtout du côté anglophone, et qui date d’avant la pandémie», explique M. Giroux. Celui-ci explique que dans d’autres villes canadiennes, le selftape est quelque chose d’utilisé surtout en première étape, comme une présélection. Si la performance plaît à la production, la personne peut être rappelée en audition en personne par la suite avec un très petit nombre d’élus.

Le contact privilégié au Québec

Pour le directeur de casting, c’est au Québec que traditionnellement, les processus d’auditions sont le plus souvent en personne. Avec la Covid-19, les castings virtuels en direct ont été privilégiés selon lui. «On peut diriger les acteurs et leur donner des indications, contrairement au selftape où on ne peut pas. Le selftape  est un outil moins complet mais qui donne quand même un avant-goût de ce que l’acteur pourrait faire sans être dirigé».

«J’adore ça»

France Fortin, une comédienne de Québec, a eu des auditions presqu’à toutes les semaines depuis le début de la pandémie. «Avant, j’allais environ deux fois par mois à Montréal pour une audition», explique l’artiste, qui non seulement n’a plus à se déplacer, mais a aussi bénéficié d’une augmentation de la fréquence de ses auditions. «Mon agente m’a proposé pour des rôles qu’elles ne m’aurait peut-être pas offert si j’avais dû aller à Montréal, explique-t-elle. L’audition est un processus de loterie. Quand on est 200 à auditionner pour un rôle, autant le faire à la maison. On a plus d’énergie, plus de temps pour se préparer».

Ces nouvelles façons virtuelles ont aussi permis à la quinquagénaire de travailler de Matane, où elle s’est achetée une nouvelle résidence. «Ça n’aurait pas été possible de rester là tout l’été et d’aller régulièrement à Montréal pour des auditions».

L’actrice mentionne qu’elle a obtenu davantage d’auditions en formule selftape qu’en virtuel en direct. «Ce n’est pas compliqué, ça prend un téléphone, un trépied et le logiciel du cellulaire. Ça n’a pas besoin d’être très élaboré. Je l’envoie à mon agente avant, qui me donne un son de cloche», fait valoir celle qui confie avoir plus de difficulté à se trouver une réplique dans ces conditions. [La réplique est habituellement fournie par la production qui organise les auditions en personne].

Pour Jean-Michel Girouard, vice-président de l’Union des Artistes de Québec (UDA) de Québec, l’enjeu des auditions virtuelles est très complexe. «Cela amène une accessibilité aux auditions pour les gens de l’extérieur. De ne pas avoir à se déplacer, c’est un bel avantage», convient celui qui lui aussi, a participé à des auditions qu’il n’aurait peut-être pas faites s’il avait dû se déplacer.

«J’adore ça, j’espère que ça va rester», conclut pour sa part France Fortin.

Gracieuseté France Fortin

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