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Lemoyne. Hors jeu: Sortir des sentiers battus

C’est la deuxième fois que des œuvres de Serge Lemoyne sont exposées au Musée national des beaux-arts du Québec. Une première depuis 1987. Photo: Métro Média Vincent Desbiens

Le Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ) présente l’exposition Lemoyne. Hors jeu au pavillon Pierre-Lassonde, du 28 octobre 2021 au 9 janvier 2022. Comme l’artiste, l’établissement muséal est sorti des sentiers battus pour faire découvrir au public un pilier méconnu de l’histoire de l’art québécois.

«Nous avons voulu modifier le cadre d’une exposition d’art visuel classique en hommage à un visionnaire qui ne faisait absolument rien comme les autres», affirme le directeur général du MNBAQ, Jean-Luc Murray.

Ainsi, on peut observer plusieurs innovations en parcourant les différentes salles de l’exposition, autant dans la manière de présenter les œuvres que dans l’utilisation de l’espace. «De son vivant, Serge Lemoyne a toujours voulu rendre l’art aussi accessible que possible, alors c’était important pour nous d’honorer ce souhait», explique la commissaire responsable, Eve-Lyne Beaudry.

Plutôt que de procéder de façon classique en admirant les œuvres de Lemoyne en ordre chronologique, on est directement lancé dans le vif du sujet dès la première partie. On y découvre ou redécouvre la période Bleu, blanc, rouge de la carrière de Serge Lemoyne, de loin sa plus connue. Les différents tableaux qui y sont exposés ont été inspirés par les années fastes des Canadiens de Montréal des années 1970. On y retrouve des peintures représentant différentes vedettes sportives montréalaises de cette époque, comme Ken Dryden et Guy Lafleur.

«Entre 1969 et 1979, soit la durée de la période Bleu, blanc, rouge, les Canadiens ont remporté six Coupes Stanley. Ces héros nationaux étaient omniprésents dans l’imaginaire populaire, pas étonnant donc qu’ils aient inspiré les artistes de cette époque», constate le porte-parole de l’exposition, Paul Houde, qui n’hésite pas à qualifier Serge Lemoyne de «Robert Charlebois de la peinture».

Au fil des 194 œuvres et de la centaine de documents d’archives que compte la visite, on explore l’imaginaire éclaté d’un homme qui a brisé les codes très stricts de l’art pendant la Révolution tranquille. Serge Lemoyne était un fervent de la démarche artistique participative et il a organisé de multiples évènements de collaboration avec le public. Deux d’entre eux sont documentés dans Lemoyne. Hors jeu.

Lors de l’évènement Slapshot de 1972, les membres du public étaient invités à faire des lancers frappés avec des rondelles évidées et remplies de peinture bleue blanche et rouge sur un filet de hockey pour créer une œuvre collective. Le deuxième happening dont on trouve des traces sur le parcours est le Party d’étoiles. Serge Lemoyne avait organisé un tournoi de hockey sur table où les participants couraient la chance de remporter un trophée qui fait lui-même partie de l’exposition du MNBAQ.

«Le seul endroit où le Bleu, blanc, rouge s’éclate en ce moment, c’est à Québec.»

– Paul Houde

«Les tables étaient nonchalamment installées sur des caissons de transport d’œuvres d’art qui sont des objets qui nécessitent une attention particulière. On a voulu donner cette même dimension de jeu à l’exposition en donnant l’occasion au public de jouer des matchs de hockey sur table en plein milieu de la salle», poursuit la commissaire responsable.

Première mondiale

Une autre section permet au public d’admirer les originaux de la série Noms., qui n’ont jamais été exposés tous ensembles. Ces toiles faisaient partie du vernissage Le triste sort réservé aux originaux, au cours duquel aucune d’entre elles n’avait été exposée. Lemoyne voulait envoyer un message clair au monde artistique en diffusant les diapositives des huit tableaux de la série devant une assistance ébahie. «C’est incroyable d’avoir réussi l’exploit de tous les réunir au même endroit, sachant qu’elles appartiennent à six collections différentes», souligne Mme Beaudry.

La dernière salle du parcours est consacrée à l’endroit le plus important de la vie de Serge Lemoyne, sa maison d’Acton Vale. On y retrouve des fragments du bâtiment original, qui aura servi de canevas gigantesque à l’artiste décédé en 1998. «Serge Lemoyne était un homme humble qui allait à la rencontre des gens. La maison d’Acton Vale était un symbole de sa générosité et de son altruisme. Il a organisé plusieurs évènements d’art collectif où des jeunes étaient invités à venir peindre sur les murs extérieurs de la maison avec lui», raconte Eve-Lyne Beaudry.

Lemoyne. Hors jeu est à l’image de l’artiste qu’elle célèbre. Effervescente, éclatée et à l’écart des normes. Une fenêtre sur l’imaginaire d’un peintre qui aimait se mettre dans une position interdite par les règles du jeu.

Lemoyne en vedette chez Stadaconé

La distillerie Stadaconé de Limoilou s’est entendue avec la fille du défunt artiste, Marie-Ève Bolduc Lemoyne, afin que certaines des œuvres de son père se retrouvent sur une quantité limitée de leurs bouteilles. Des images des toiles de la série Noms. seront utilisées sur les étiquettes de trois sortes de gins au nom de couleur, soit Bleu, Noir et Rouge, qui s’agencent parfaitement avec les peintures de Serge Lemoyne.

 

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