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Benoit Bacon, maître des claviers

RELÈVE. En ce lundi après-midi, l’église Saint-Charles-Borromée est vide. Au jubé, on devine toutefois une présence. Souliers qui claquent. Glissement de meuble sur le plancher. Bruissement de feuilles. Puis, plus rien. S’élèvent alors les premières notes de l’orgue. Un son riche, feutré, qui nous fait grimper jusqu’au jubé pour en connaître l’interprète. Et là, derrière les claviers, une légère surprise: le visage d’un jeune homme. À 23 ans, Benoit Bacon est, depuis novembre, organiste titulaire de la paroisse.

«Le défi que je me lance, c’est de redonner ses titres de noblesse à l’orgue», dira celui qui, pour ce faire, veut renverser les préjugés qui collent à cet instrument. D’emblée, sa jeune vingtaine fait mentir l’idée que les organistes sont nécessairement d’un âge avancé. Certes, avouera-t-il, il était le seul organiste de sa promotion au cégep, et le plus jeune à l’université parmi une cohorte réduite. Mais, par là même, Benoit Bacon ne se sent que plus investi de la mission de promouvoir l’orgue.

Et ce, jusqu’à l’extérieur des murs de l’église, que ce soit par des concerts ou par l’enseignement. Aux Journées de la culture en 2013, se rappelle le musicien, il a fait salle comble à l’occasion d’un récital au Palais Montcalm. Il faut dire que, dans le cadre de son baccalauréat en interprétation à l’Université Laval, il a reçu une formation de concertiste qui n’a rien à voir avec la liturgie.

Il reste que, son coup de foudre pour l’orgue, Benoit Bacon l’aura eu à l’église, à 14 ans. Et, qu’à partir de ce moment-là, il délaissera le piano qu’il pratiquait depuis deux ans pour jouer de l’orgue dans trois paroisses de son coin de pays en Mauricie.

À quoi attribue-t-il cette passion qu’il développera d’abord en autodidacte? «Je ne sais pas… La puissance de l’instrument? Sa versatilité? J’ai de la misère à l’expliquer… C’est juste trippant, de jouer de cet instrument-là!», répond-il en y allant d’un vocabulaire qu’on n’a pas l’habitude d’accorder avec l’orgue. Cela fait partie de l’enthousiasme que le mélomane, maintenant étudiant à la maîtrise, cherche à communiquer à ceux qui croient que «l’orgue, c’est ennuyant».

Quel salut pour l’orgue?

Mais sortir l’orgue du contexte liturgique ne signifie pas pour autant de l’affranchir de l’église. L’avenir de l’instrument paraît lié en grande partie à celui du bâtiment religieux, auquel sa musique apporte un espace de recueillement, reconnaît Benoit Bacon qui, du reste, n’entend pas quitter son siège de sitôt à Saint-Charles-Borromée.

Pour le résident de Sainte-Foy, le peu de relève est la garantie de l’avenir du métier. «Il y a beaucoup plus d’églises que d’organistes», calcule-t-il sans oser imaginer qu’un jour, l’équation pourrait être inversée en raison de la fermeture des lieux de culte. «Les églises, ce n’est pas juste quelque chose de religieux; il y a toute une histoire derrière, des gens qui ont travaillé pour les bâtir», argumentera-t-il en faveur de leur maintien.

Prix de la relève

Benoit Bacon a reçu récemment une bourse de 1500$ de la Société du Palais Montcalm. Qu’est-ce que ça lui fait, d’être «considéré comme un des plus brillants organistes de la relève»? «Il faut juste être à la hauteur de ça, maintenant!», répond-t-il dans un rire.

Le saviez-vous?

3e siècle av. Jésus-Christ

Invention du premier orgue

12e siècle

Entrée de l’orgue dans les églises

1685-1750

Naissance et mort de Bach, considéré par plusieurs – dont Benoit Bacon – comme le maître incontesté de l’orgue

Membre du Groupe Québec Hebdo

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