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MH, l’artiste de la forêt

SCULPTURE. Des créatures se cachent dans des forêts de Charlesbourg. Elles seraient plus d’une quarantaine à se fondre dans la nature en épiant les marcheurs avec leurs grands yeux ronds. Les plus jeunes parlent de lutins. D’autres les voient comme des compagnons de promenade ou de jeu. Qui sont ces êtres imperturbables? D’où viennent-ils?

Il serait resté anonyme qu’il ne s’en serait pas plaint. On l’aurait appelé l’artiste, le pic-bois ou le fantôme de la forêt, et ça lui aurait suffi. Comme seule trace de son passage, un nouveau visage sculpté dans un arbre mort. Ni vu ni connu, si ce n’est la signature au bas de l’œuvre: MH.

Mais la forêt ne garde pas tous ses secrets. MH, comme Mario Hamelin. Un retraité de la construction, briqueteur-maçon de père en fils, qui s’est essayé à la sculpture il y a près de cinq ans. Un vieux rêve qu’il reportait à plus tard, faute de temps.

Il a commencé par sculpter des têtes de personnage imaginaire dans des bûches. Son inspiration: les statues de l’île de Pâques, aux longs visages énigmatiques. Sa maison en est pleine, son cabanon aussi. Il en donne, il en vend. Et il en garde: sa conjointe a son préféré, et lui-même s’est offert récemment un imposant totem de quatre visages superposés dans la cour arrière.

Touche-à-tout, Mario Hamelin a ensuite tâté du ciment frais. Plus difficile, admet-il: «À mesure qu’il durcit, je le sculpte. Il faut que je me dépêche avant qu’il ne soit tout figé. Ça prend trois, quatre heures.» Ils affichent un air plus sévère, non? Il rit: les gens ont tendance à réagir différemment devant ses œuvres. Chose certaine, chacune d’elles est unique puisqu’il n’utilise aucun moule.

Art éphémère

«C’est un défi. Je voulais voir si j’étais capable de le faire avec le moins d’outils possible, avec une hache et un ciseau seulement», répond-il lorsqu’on lui demande pourquoi il a transposé son art dans des forêts de Charlesbourg. Il n’y a pas réfléchi outre mesure, pas plus qu’il n’y a mis de prétention. «J’aime ça. Et je me rends compte que les gens apprécient ce que je fais – je ne le fais pas pour ça, mais tant mieux s’ils aiment ça», dira-t-il, encore un brin surpris de l’attention qu’il reçoit.

Il lui arrive de se promener et d’entendre, incognito, des commentaires sur ses œuvres d’art éphémères. Son travail pique la curiosité. Y aura-t-il un nouveau visage aujourd’hui? Combien y en a-t-il? Cherchons-les! Mario Hamelin prend soin de numéroter chacun d’eux. Il est rendu à 28 à Rivière-des-Roches, et 14 à Montagne-des-Roches. Cet amoureux de la nature ne cible que les arbres morts à proximité des sentiers. Il les sculpte comme il peut selon l’état du grain. Certains naissent avec une barbe, d’autres avec un chapeau, d’autres encore en famille.

Le cadre est bucolique, l’expression des visages de bois change au gré de la lumière du jour. «Je ne me tanne pas de faire ça», confie-t-il. Il n’entend pas pour autant surpeupler la forêt. D’autres personnages pourraient apparaître ailleurs.

Pour voir le travail de MH: www.facebook.com/mh.totem

Membre du Groupe Québec Hebdo

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