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Des notes d’émotion

MUSIQUE – Dans son appartement de Charlesbourg, Jacques Létourneau fredonne l’un des airs qu’il a composés. Dans ces quelques notes rehaussées d’un doux sourire, l’œil pétillant d’une heureuse nostalgie, le septuagénaire fait la démonstration de ce qui fait sa force comme musicien depuis 40 ans: l’âme.

Jacques Létourneau n’a pas choisi la musique; c’est la musique qui l’a choisi lorsque, à 10 ans, un piano fait son entrée dans la maison paternelle. Son talent se développera de lui-même, les doigts à courir sur les blanches et les noires; à l’époque, on n’enseigne pas la musique dans les écoles.

On le retrouve plus tard comme employé dans une compagnie de téléphone. «J’étais malheureux», avoue-t-il. L’autodidacte compense en faisant des arrangements pour des groupes de cors, rompu à l’écriture musicale pour avoir observé le travail d’autres. «Mon professeur d’harmonie, ça a été Elvis Presley!», lance-t-il au passage. Si bien que, lorsque Jacques Létourneau se résout à s’inscrire au baccalauréat en musique à l’Université Laval – «Quand tu es musicien, mais que tu ne fais pas de musique, tu meurs» –, son professeur s’étonne que ses compétences musicales ne soient pas le fruit de son parcours scolaire.

Or voilà, la capacité de faire ressentir la musique, cela ne s’apprend pas sur les bancs d’école. «Quand je joue, j’ai beaucoup de présence. Je saisis mes auditeurs. Je ne suis pas un virtuose», ajoutera celui pour qui la technique importe moins que de vivre chaque note. Un principe que l’artiste a dû transmettre à ses élèves au cours de ses 30 années comme professeur de piano.

Rassembleur

C’est aussi cette capacité d’habiter la musique que Jacques Létourneau enseigne à ses choristes. Comme directeur de chorale, il dira qu’il n’est pas le meilleur, mais qu’il réussit à accrocher les spectateurs par l’émotion. En poste depuis 1973 à la tête des chœurs du Patro Roc-Amadour et de la paroisse Sainte-Cécile qu’il a fondés, la passion constitue le secret de sa longévité.

Cette passion rassembleuse, il l’investit avant tout dans la musique religieuse; cette branche l’attire particulièrement, peut-être pour cette exaltation de la foi et de la poésie qu’il cherche, à son tour, à imprimer à ses compositions qui se comptent par dizaines. La présence de certains fidèles à l’église Sainte-Cécile, entre autres, ne serait pas étrangère aux chants qui s’y élèvent sous sa direction.

Est-il fier du chemin parcouru? «Fier…?», répond-il, hésitant, avant de se déclarer, simplement, content. «Je n’ai pas besoin de me vanter. Quand les gens viennent me féliciter, ça veut tout dire», conclut-il avant de se mettre au piano pour le redire en musique.

Des signes de reconnaissance

«Jacques Létourneau s’est surpassé par la qualité de son travail et par ses efforts à sauvegarder l’art de la musique religieuse.» Voilà la déclaration qui a scellé la remise du prix Reconnaissance-Patrimoine décerné récemment par la Société d’histoire de Charlesbourg à M. Létourneau. Une distinction qui couronne une carrière dont l’Arrondissement de Charlesbourg a aussi souligné l’importance en lui remettant le prix Pierre-Garon en 2013.

Membre du Groupe Québec Hebdo

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