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Quatre saisons dans la vie d’Eddy et Zac

DOCUMENTAIRE. Depuis maintenant près de 10 ans, Mélanie Carrier et Olivier Higgins travaillent, de leur propre aveu, à «donner envie d’aller vers l’autre» grâce à leurs documentaires. Après les histoires rapportées de son périple à vélo entre la Mongolie et l’Inde (Asiemut, 2007), après la traversée du fossé qui sépare Autochtones et non-Autochtones (Québékoisie, 2013), voilà que le couple de cinéastes tourne sa caméra vers Eddy et Zac, dont l’amitié navigue entre tradition et modernité.

Eddy, cinéaste dans la soixantaine avancée, s’est établi sur la Côte-Nord il y a 35 ans. Constatant, ébranlé, que la culture innue y disparaît à petit feu, il fait le pari de travailler à sa pérennité. Depuis, il met les plus récentes technologies numériques au service de ces savoirs ancestraux.

Son ami et alter ego, Zacharie, vit plusieurs mois par année dans sa tente. Cet Innu septuagénaire pratique le trappage et la chasse comme dans le temps. «Il parle la langue de la forêt», résume Mélanie Carrier, qui le compare à une «bibliothèque vivante».

En soi, ce sont là «des personnages qui crèvent l’écran, très charismatiques», mentionne-t-elle, visiblement impatiente de les faire découvrir au public. Mais, en filigrane, cette amitié pose aussi la question de l’équilibre à trouver entre préservation de la culture et ouverture à l’autre, tout en effleurant des sujets comme ceux de l’identité, du nomadisme et du territoire.

L’humain en vedette

Des thèmes qui ramènent Mélanie Carrier et Olivier Higgins en terrain connu, eux qui, d’un long-métrage à l’autre, se ménagent un espace de réflexion qui interpelle le spectateur sur des enjeux de société. Cela dit, «chaque film est un nouveau défi», dira la première: documenter le réel, mettre en valeur la richesse humaine des personnes à l’écran, ce n’est pas quelque chose qui s’écrit d’avance et sur lequel ils ont plein contrôle.

Aussi, d’Asiemut (2007) aux projets à venir, n’y a-t-il pas de recette à suivre, sinon celle de se mettre à l’écoute de l’autre. «Il n’y a pas de trajectoire tracée à l’avance, mais c’est sûr que le leitmotiv derrière nos long-métrages est de documenter l’humain dans chacun de nous, de contribuer à la création de notre monde, de susciter une réflexion constructive… On n’a pas la prétention d’avoir des réponses, mais on amène les questions sur la place publique», analyse la réalisatrice de Charlesbourg.

Dans le cas d’Eddy et Zac, il faudra par contre prendre son mal en patience. Produit par l’Office national du film (ONF) – une première pour le couple qui a fondé sa maison de production, Mö films, en 2010 –, le documentaire est encore à l’étape du développement; son tournage s’amorcera cette année, pour s’étirer sur quatre saisons.

Autres projets en chantier

Récits de vie

Documentaire sur une dame qui a fondé un musée virtuel de la personne au Brésil, accumulant quelque 35 000 récits de vie racontés à la caméra. «Ça pose la question d’à quoi ça sert. À quoi ça sert d’écouter l’histoire de l’autre?» résume Mélanie Carrier en qualifiant le projet d’«assez avancé».

Essai à quatre mains

Livre qui traitera de «tous les sujets qui sous-tendent Québékoisie, agrémentés d’anecdotes de voyage». À paraître d’ici cinq ans.

«Une hauteur parmi d’autres»

Documentaire sur l’escalade de rocher. «Il y a des tonnes de films qui ont été faits sur le sujet, mais on cherche l’angle nouveau», explique Mélanie Carrier. D’où qu’il s’agit d’un projet sans échéancier.

À lire aussi : Québékoisie , ça ne change pas le monde, sauf que…

Québec Hebdo

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