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Visite funèbre

La basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, face à l’Hôtel de Ville, renferme tout un pan de l’histoire de Québec. Bien connue, la basilique qui fût une modeste chapelle construite en 1647 est toujours impressionnante à visiter. Son sous-sol, beaucoup moins connu des gens de Québec, renferme un important ossuaire où sont gardés quelques-uns des personnages les plus connus de l’histoire de la capitale.

À l’entrée de la crypte, deux plaques rappellent que Louis de Buade, mieux connu comme le comte de Frontenac, gît dans ce lieu. Juste à côté, une plaque indique que Samuel de Champlain y est aussi. Vraiment?

C’est que pendant quelques années, on a cru que Champlain était dans un coin du sous-sol de la basilique, sous ce qu’on appelle la chapelle Saint-Joseph. C’est l’archéologue René Lévesque (à ne pas confondre avec l’ancien premier ministre) qui a émis l’hypothèse après avoir juxtaposé des cartes modernes à d’autres datant du 17e siècle. Pendant un moment, même, M. Lévesque a cru l’avoir trouvé, ce qui causa à la fin des années 1980 un tapage médiatique important. D’autres expertises ont toutefois posé l’hypothèse, par la suite, qu’il s’agirait plutôt d’un prêtre jésuite.

Ainsi, rien ne garantit que Champlain est sous la basilique. Des archéologues croient toutefois qu’il serait sous la rue de Buade, près du bureau de poste, à quelques pas de là.

On retrouve aussi, dans la crypte, des reliques des saints Jean de Brébeuf, Charles Garnier et d’Isaac Jogues, entre autres. Celles-ci sont installées précisément sous le tabernacle. Tout près, les tombeaux de cardinaux et évêques, dont Elzéar-Alexandre Taschereau, premier cardinal canadien.

La mort au quotidien

À une certaine époque, la mort accompagnait les vivants dans leur quotidien. Les cimetières sont ainsi en plein coeur des quartiers, quand ce n’est pas simplement sous les églises. À la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, les familles louaient un banc, de descendant en descendant.

Ce qui sort de l’ordinaire, c’est que de génération en génération, on enterrait sous ces bancs certains membres de la famille. Ainsi, le fils avait toujours son père pas trop loin, sous son banc, lorsqu’il allait à l’église. À sa mort, il accompagnait son père sous ce même banc…

La tradition a duré jusqu’en 1877, indique Francis Jacques, de la Corporation du patrimoine et du tourisme religieux de Québec. Les plaintes concernant les odeurs putrides s’accumulaient. On a alors interdit l’inhumation de laïcs sous l’église, cela devenant réservé aux hommes d’Église. De toute façon, cela devenait fastidieux puisque les fondations s’en voyaient fragilisées, à la manière d’un gruyère, illustre le guide, très informé.

Des ouvriers ont donc poussé ces ossements autrefois placés dans des bières, qui avaient pourries avec le temps. Ces ossements se sont mélangés. On les a ensuite mis dans de grands réceptacles de pierre ou de béton, bien fermés. Les visiteurs peuvent voir ces boîtes depuis mai.

Tout près, le cercueil de plomb de Monseigneur de Laval, fondateur du Séminaire de Québec. On peut d’ailleurs y voir ses armoiries, qui sont maintenant celles de l’université qui porte son nom.

Francis Jacques fait des visites guidées de ce sous-sol sacré et des cimetières entourant la cathédrale, moyennant cinq dollars. Il est toujours possible de visiter l’antre de l’église en contactant la Corporation du patrimoine et du tourisme religieux de Québec, un endroit que toute personne s’intéressant à l’histoire de Québec ou de l’Église devrait voir.

Informations : www.patrimoine-religieux.com.

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