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Le monde de l’éducation sous la loupe de la fiction

ROMAN. «Plus qu’une semaine avant la rentrée scolaire. Avant la fin du répit. De nouveaux élèves, un nouveau départ», songe Olivia. L’angoisse vient balayer en coup de vent l’excitation des premières années d’enseignement. Et si l’épuisement de la dernière année, particulièrement difficile, l’avait dépossédée de sa force de caractère? Cette force qui lui permettait de continuer malgré le sentiment d’impuissance, omniprésent… Ainsi s’amorce 180 jours et des poussières de Julie Marcotte, qui nous plonge dans un monde, celui de l’éducation, où la fiction a des allures de réalité.

Des élèves dont le stress se manifeste par des maux de ventre à répétition. D’autres, reconnaissants, qui offrent des brioches à la cannelle. Des bulletins indéchiffrables. Un ministère déconnecté des réalités du terrain. Des parents qui, pour leurs enfants, en veulent trop, pas assez, pas du tout. Des journées qui se finissent dans l’épuisement d’avoir tout donné. Des matins qui recommencent avec une réserve d’énergie insoupçonnée. Des rires, des petits et des grands drames humains, et l’étincelle de l’émerveillement qui change tout.

À travers ces moments du quotidien qui n’a rien de quotidien, une enseignante qui se remet en question. Happée par la vingtaine de petites vies qui bousculent son cœur, et à qui elle donnerait la lune. «Olivia, tu n’es pas Dieu! Tu n’es pas leur mère! Si tu veux vraiment faire ce métier-là, il va falloir que tu arrêtes de jouer la superwoman. Tu ne peux pas les sauver ou changer leur vie! Tu es juste leur prof!» lui lance, exaspéré, son conjoint.

Car c’est aussi l’histoire de la conciliation travail-famille quand, à la maison, un amoureux et des jumeaux de 4 ans réclament un même engagement. Mais lâcher prise est-il nécessairement plus facile que l’entière dévotion? C’est la question, en somme, à laquelle devra répondre Olivia au cours de ces 180 jours et des poussières.

Le miroir de la fiction

«J’ai fait la réflexion en même temps», de dire Julie Marcotte, qui s’est inspirée librement de sa propre expérience d’enseignante au primaire pour signer son premier roman aux éditions de Mortagne. Un exercice qu’elle qualifie, en ce sens, de thérapeutique, faisant vivre à ses personnages ce qui la travaille au quotidien, dans des classes au ratio d’élèves trop élevé et aux ressources trop restreintes. D’où ne triomphe pas moins la magie de ces enfants spontanés, affectueux, qui s’abandonnent avec confiance.

Elle qui ne craint pas de s’exposer dans un livre autobiographique (Trentenaire sans histoire, 2014) ou sur son blogue (Joyeuses catastrophes), pourquoi faire maintenant le choix de la fiction pour parler d’éducation? «Je pense que ça peut avoir un meilleur impact parce que la fiction appelle moins le jugement, répond l’auteure native de Charlesbourg. Quand on parle directement de ce sujet, on explique; par la fiction, on le vit. J’espérais que les gens soient plus empathiques en suivant les personnages dans leurs histoires.»

Reste que Julie Marcotte avait ses doutes. «Je ne savais pas que j’étais capable de faire de la fiction. Il a fallu que j’apprenne à installer mes personnages, à ne pas sauter tout de suite aux événements.» Avec, comme résultat, un sentiment d’accomplissement qui annonce déjà d’autres projets d’écriture pour la résidente des Saules.

Julie Marcotte est présente au Salon du livre de Québec du 13 au 17 avril, au Centre des congrès (www.silq.ca). Pour son blogue: www.joyeusescatastrophes.com

À lire aussi : Julie Marcotte, une fille sans histoire avec plein de choses à raconter

Québec Hebdo

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