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Une heure avant l’apocalypse en compagnie du Band à Boivin

DISQUE. «Du vrai bon rock francophone « made » à Québec», répond Marc-André Boivin quand on lui demande de décrire le premier opus du Band à Boivin. Du rock comme il s’en fait peu aujourd’hui, ajoutera-t-il, avec des textes engagés dans une actualité loin d’être réjouissante. L’album «Soixante minutes avant la fin», en somme, c’est le chrono avant l’apocalypse.

Des chansons composées après le suicide de l’adolescente Marjorie Raymond, victime d’intimidation (Laisse-moi pas tomber), en réaction aux attentats terroristes de Londres (London Grey Sky), ou dans la foulée des missions de l’armée et des manifs sociales qui dégénèrent (Rose): les quatre musiciens du Band à Boivin ne font pas dans la dentelle, poussant la note dans le piton pour accompagner ces sujets plutôt graves.

Un brin déprimant, non? «C’est la réalité. C’est comme ça», rétorquera Marc-André Boivin, qui parle de textes qui «ne passent pas par quatre chemins, assez rentre-dedans». Celui que l’on connaît notamment comme journaliste à la circulation à Radio-Canada suit l’actualité avec intérêt jusqu’à s’en inspirer dans sa création. Pour la plupart écrites il y a quelques années, ses chansons en majorité francophones n’ont pas perdu de leur raison d’être alors que l’intimidation et le terrorisme continuent de faire les manchettes. Tout au plus le disque compte-t-il deux échappées plus légères (Oui et Juste à s’coller).

À des textes qui vont droit au but il fallait, logiquement, une musique «pas compliquée»: «De la guitare, une basse, une batterie, merci bonsoir», lance l’auteur-compositeur-interprète. Du bon vieux rock dans la plus pure tradition, tout en demeurant accessible pour les radios. Parce que le but, évidemment, «c’est que ta musique soit entendue par le maximum de gens possible. Et, idéalement, appréciée», avoue Marc-André Boivin en toute franchise.

«Se botter l’cul»

Faire un disque, c’était l’objectif dès la formation du Band à Boivin. Celui qui fait de la musique depuis plus de vingt ans en avait assez des projets qui n’aboutissaient pas ou finissaient par diverger de ses goûts et ambitions. Lui qui avait toujours voulu chanter ses propres compositions en français a décidé de «se botter l’cul», pour reprendre le titre d’une des pistes de l’album.

Quatre ans plus tard, le Band à Boivin, c’est Mathieu Labbé (Val-Bélair) à la guitare, Philippe Labrèche (Charlesbourg) à la basse et Carl Gignac (Lac-Saint-Charles) à la batterie. Marc-André Boivin (Charlesbourg) agit pour sa part comme leader, guitariste, chanteur et auteur-compositeur. Entre les membres, un écart de près de 20 ans sépare le plus jeune du plus âgé. «Ça ne paraît pas dans l’unité du groupe», mentionne le fondateur en faisant reposer cette unité sur deux mots d’ordre: rock et plaisir.

Un deuxième album est déjà en chantier. Politique et religion se profilent à l’horizon des textes alors que, côté musique, «on ne ramollira pas», promet Marc-André Boivin.

Des textes engagés

Faudrait pas s’décourager:

 

«Partout dans le village, ça sent la mort à plein nez. Tout le monde sur le chômage, la shop vient juste de fermer. Le gouvernement a promis que tout allait s’arranger; ça fait déjà six mois et demi, y’a encore rien qui a changé.»

Laisse-moi pas tomber:

«À toi qui depuis quelques jours parles trop souvent d’en finir à tes parents qui, eux, sont loin de s’attendre au pire. À toi qui voudrais se cacher dans le fond de son casier pour pas se retrouver aux toilettes les cheveux trempés.»

Le disque du Band à Boivin est disponible dès maintenant en magasin. Il sera lancé officiellement le samedi 18 avril au Pub X (2300, chemin Sainte-Foy).

Membre du Groupe Québec Hebdo

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