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Cannabis : à la poursuite du diamant vert

Le décompte a commencé pour la recherche sur le cannabis au Canada. Cet été, le gouvernement fédéral va légaliser la marijuana (Cannabis Act), ce qui va simplifier le quotidien des chercheurs qui étudient à la fois ses effets et les meilleures pratiques pour la faire pousser.

Cannabis

Photo – Deposit Photos

Par Isabelle Burgun | Agence Science-Presse

La légalisation va notamment donner accès à du financement pour la recherche. « La culture du cannabis, c’est particulier, les informations techniques ne circulent pas. Les plus nombreuses sont non officielles et non publiées, même le vocabulaire est à découvrir », soutient Agathe Vialle, la directrice scientifique du Centre de développement des bioproduits Biopterre.

Depuis 10 ans, ce centre de transfert de technologie affilié au Cégep de La Pocatière et à l’Institut de technologie agroalimentaire de Saint-Hyacinthe, fait de la recherche sur les biotechnologies, les produits horticoles, la biomasse, les mycotechnologies, les produits forestiers non ligneux (comme l’ail des bois) et les cultures innovantes.

Récemment, le centre a obtenu le premier permis de production de cannabis à des fins de recherche délivré par Santé Canada. « Ce n’est pas facile de l’obtenir et au début, ils pensaient que c’était une blague ; ils ont eu beaucoup de questions. Il a fallu beaucoup les rassurer », raconte la chercheuse. Les employés seront ainsi contingentés, les hypothèses clairement identifiées, les contrôles renforcés et les plants détruits à la fin de la recherche.

Cela faisait deux ans que l’équipe de recherche de Biopterre répondait ponctuellement à des demandes des producteurs de cannabis, mais en l’absence de permis, aucun chercheur ne pouvait détenir d’échantillons. Ce qui limitait la recherche !

Les travaux horticoles sur le cannabis engloberont la résolution de problèmes des cultivars (maladies et ravageurs), la croissance et sa stimulation, mais aussi un large volet génétique sur l’exploration des molécules actives, dont la plus connue est le THC (Tétrahydrocannabinol). « Notre expertise horticole classique va se combiner avec une expertise plus spécifique, particulièrement en génétique et pour la teneur en cannabinoïdes. Il y a beaucoup d’inconnues », note la directrice scientifique.

L’équipe de Biopterre s’attèle à monter un réseau de l’Est du Canada sur l’expertise scientifique sur le cannabis, en rassemblant notamment des chercheurs d’Agriculture Canada, des universités de Moncton, Laval et McGill.

Licence de recherche

Depuis deux ans, Mark Lefsrud s’active, dans son laboratoire de production de la biomasse de l’Université McGill, à élaborer le meilleur environnement pour le cannabis. « C’est tout un défi, de trouver les conditions idéales qui permettent aux cultivars de donner tout leur potentiel », relève le chercheur en génie des bioressources du campus Macdonald de l’ouest de l’île de Montréal.

Après le kale, les tomates et les fraises, ce spécialiste du contrôle environnemental collabore avec des producteurs de cannabis qui possèdent déjà une licence de Santé Canada. Il attend la sienne pour juillet.

Pour améliorer la texture, la saveur ou la productivité, son équipe s’intéresse à la gestion contrôlée de la lumière, de la qualité de l’air ou encore de la température. Ce contrôle de l’environnement destiné aux plants de cannabis lui garantira d’obtenir une grande qualité pour certaines utilisations spécifiques — et réglementées — comme les usages médicaux.

« C’est comme de travailler sur les plants de tabac. Le vrai défi se situe au niveau des cultivars — importés du Mexique et de Californie — et des attentes des consommateurs », soutient le chercheur.

L’Université McGill offrira un diplôme universitaire de production de cannabis à partir de l’automne 2018. Destiné aux bacheliers en sciences végétales ou en chimie, ce certificat professionnel spécialisé comportera des cours spécifiques : culture, récolte, biologie et génétique, mais aussi le contrôle de la qualité et l’extraction des composants actifs de la plante. En plus de stages au sein de l’industrie.

« Jusqu’à présent, beaucoup de connaissances acquises sur cette plante multifonctionnelle l’ont été de manière illégale. Il s’agit plus de secrets que de recherches horticoles, mais la légalisation vient changer les choses », relève Anja Geitmann, doyenne de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’environnement de l’Université McGill.

Mark Lefsrud sera d’ailleurs l’un des enseignants de ce nouveau diplôme. « Nous avons déjà une liste d’attente », confirme Anja Geitmann.

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