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Les anges gardiens de l’enseignement doivent être mis à contribution

Psychologue et spécialiste en réussite scolaire, Égide Royer souhaite que des mesures soient prises pour maintenir le contact avec les élèves en difficulté. (Photo gracieuseté) Photo:

Primordial de maintenir le contact avec les élèves

ÉDUCATION. Au même titre qu’en santé, le monde de l’enseignement primaire et secondaire a ses anges gardiens. Les professeurs restent plus que jamais au cœur de la réussite scolaire des jeunes en période d’isolement occasionné par la pandémie de la COVID-19. Il est impératif que le contact soit maintenu avec les élèves pour les rassurer, les motiver et, surtout, ne pas échapper ceux qui présentent des difficultés ou des retards d’apprentissage.

C’est le point de vue du Dr Égide Royer, psychologue et professeur associé à la Faculté des sciences de l’éducation de l’Université Laval. Le spécialiste du domaine de la réussite scolaire au Québec estime qu’on ne peut rester les bras croisés et espérer pour le mieux d’ici la rentrée de septembre prochain. À son avis, l’heure n’est pas aux disputes structurelles. Si on ne fait rien pour maintenir et bonifier les apprentissages, les écarts vont se creuser. L’éducation s’avère un service essentiel qui ne peut se permettre d’abandonner toute une génération.

Entretien avec cet expert en prévention de l’abandon scolaire et des problèmes de comportement en classe.

Que peut-on espérer rapidement pour garder un lien avec les élèves du primaire et du secondaire?

«Actuellement, les écoles sont fermées, mais les professeurs ne sont pas mis à pied. Étant rémunérés, ils doivent se rendre utiles et profiter des moyens technologiques pour aider à garder le contact. Au moins avec les élèves en difficulté, car la période d’isolement préventif peut être longue. Ces jeunes à risque sont connus et identifiés dans chaque école. Au Québec, sur 1 million d’élèves, on sait qu’il y en a 220 000 qui vivent des difficultés à divers degrés. Le ministère de l’Éducation doit prévoir des ressources ciblées pour éviter que la situation s’aggrave.»

Quelle suggestion transmettez-vous aux parents à la maison?

«Qu’un élève soit plus ou moins doué, il est primordial pour eux de pouvoir rétablir une routine dans la journée comme dans la semaine. Cette dimension organisationnelle et relationnelle est très importante pour rassurer et réduire l’anxiété. On se lève à heures fixes, on déjeune, on s’amuse dehors ou à des jeux à l’intérieur. Puis, entre 10h et 11h30, on peut instaurer une période éducative. Après le lunch, en après-midi, on prévoit d’autres moments dédiés à l’amusement et à l’apprentissage. La fin de semaine, on prend une pause et on recommence du lundi au vendredi, comme à l’école.»

Comment le rôle parental peut-il être optimisé?

«Les parents ne doivent pas culpabiliser ni se mettre de la pression. Leur rôle n’est pas de se substituer aux professeurs et faire la classe à la maison. De toute façon, la plupart ne connaissent pas les programmes scolaires et ne se souviennent pas de toutes les notions à enseigner. C’est tout à fait normal. Le but premier consiste à maintenir les acquis scolaires et le désir d’apprendre. Dans cette optique, ils peuvent encourager la lecture et la découverte au quotidien. La routine peut également contenir du temps de collaboration à la corvée du ménage et à la préparation des repas. C’est très formateur.»

La crise actuelle peut-elle apporter de nouveaux apprentissages?

«Absolument, le moment est propice à la sensibilisation à toute la sphère de la responsabilité sociale et de l’entraide. Chacun a sa part à faire dans le fonctionnement de la maisonnée. En plus du ménage, il y a le lavage, l’entretien intérieur ou extérieur et autres. Les parents peuvent en profiter pour transmettre les règles de civisme et de solidarité en lien avec les consignes à suivre pour éviter la propagation de la COVID-19. Il faut voir ça comme une opportunité pédagogique mondiale.»

De quoi sera fait l’avenir en éducation?

«Bien difficile de se prononcer à court ou moyen terme. Chose certaine, je ne voudrais pas que le printemps 2020 marque une cassure dans les efforts d’enseignement destinés aux élèves en difficulté. D’ici la rentrée d’automne, il faut transmettre le maximum de matière à cette clientèle à risque. C’est pourquoi le gouvernement doit instaurer des mesures spécifiques, afin de garder le contact avec les élèves dans le besoin.»

Figure respectée dans le monde de l’éducation, le Dr Royer est constamment sollicité pour partager sa vision du monde de l’enseignement. (Photo gracieuseté)

Québec Hebdo

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