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Ron Rayside: l’architecte de la beauté

Le théâtre Paradoxe à Montréal se veut une des plus belles réussites de la firme Rayside Labossière. L'architecte a transformé l’église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours en salle de spectacle et studio d’enregistrement, pour un organisme de réinsertion professionnelle. (Photo gracieuseté - Saul Rosales) Photo: Rayside Labossière

CONCEPTION. Ron Rayside croit fermement en la vocation sociale de l’architecture. C’est pourquoi il s’engage depuis des décennies auprès d’organismes communautaires des quartiers défavorisés de Montréal pour réaliser des projets d’habitation harmonieux, où il fait bon vivre. M. Rayside sera conférencier lors du prochain Rendez-vous de l’habitation, le 5 novembre, au Terminal de croisières du Port de Québec.

Ron Rayside estime que tous les citoyens ont «droit à la beauté» dans leur environnement de vie, notamment en architecture, dans le bâtiment où ils logent. «Je crois à une ville inclusive et démocratique, prône-t-il. Pour cela, il est important d’avoir une architecture de qualité sur tout le territoire. Il ne devrait pas y avoir de différence entre les quartiers riches et pauvres à ce chapitre.»

La firme qu’il a fondée en 2000, Rayside Labossière, se consacre à l’architecture sociale, à l’urbanisme communautaire, au design et au développement durable. Ses 35 employés épousent la vision d’une « architecture ancrée dans la communauté ».

«On ne peut pas régler tous les problèmes, mais notre contribution sociale est de faire en sorte que les gens se sentent bien dans le bâtiment qu’ils habitent», soutient M. Rayside.

L’architecture engagée

Montréalais d’origine, diplômé de l’Université McGill en 1972, M. Rayside a été conscientisé très tôt à l’importance de l’architecture sociale. «Quand j’étais à McGill, au début des années 1970, je faisais partie de ce mouvement naissant qui prônait l’engagement des architectes dans les quartiers défavorisés. On allait travailler directement sur les projets de logements sociaux en développement. Peu après, l’Université de Montréal a emboîté le pas en envoyant ses étudiants sur le terrain pour entreprendre des projets de coop d’habitation», ajoute l’architecte.

Au cours des dernières décennies, M. Rayside et ses architectes ont été très engagés auprès des groupes communautaires, dans les quartiers Centre-sud et Côte-des-Neiges, notamment. Afin d’accomplir pleinement sa mission, la firme Rayside Labossière s’est dotée d’un mode de fonctionnement unique dans le domaine, soit celui d’une entreprise privée qui fonctionne selon le modèle d’un OSBL.

«L’engagement social fait partie de notre raison d’être. On investit environ 80% de nos bénéfices dans le développement social. Notre engagement envers la communauté ne concerne pas seulement les logements sociaux, mais aussi la lutte contre l’itinérance et d’autres problèmes de santé», poursuit-il.

Soutien aux organismes

Concrètement, la firme soutient les organismes communautaires qui héritent, des autorités municipales par exemple, d’un bâtiment âgé ou patrimonial qu’ils projettent de transformer en immeuble à logements abordables. En plus de son engagement social, M. Rayside œuvre à la préservation du patrimoine religieux québécois. Au cours des dernières années, il a donné une seconde vie à plusieurs églises délaissées. «Nous en avons recyclé au moins cinq ou six en immeubles à logements sociaux ou en centres communautaires.»

L’architecte Ron Rayside se présente comme un architecte engagé. (Photo gracieuseté – Saul Rosales)

Comme le budget des organismes communautaires qu’ils accompagnent est souvent limité, Ron Rayside et ses architectes procèdent à une sélection rigoureuse des matériaux à utiliser en plus de proposer des façons optimales d’occuper l’espace et de rendre les lieux aussi beaux et vivants que possible. Les organismes sont invités à participer activement au processus de prise de décision.

Le projet d’habitation communautaire Les Clairières du Mainbourg est un bel exemple du travail accompli par la firme Rayside Labossière. Situé à Pointe-aux-Trembles, l’immeuble, qui compte 175 logements pour personnes âgées, a été construit au profit de l’entreprise d’économie sociale Corporation Mainbourg. «Les immeubles ont été jumelés et fragmentés pour donner une impression plus aérée, explique M. Rayside. C’est un grand site où on a aussi dû recycler une église en centre de la petite enfance et en espaces communautaires. C’était tout un défi!»

La firme s’efforce de sensibiliser les groupes communautaires à l’importance de jumeler les projets d’habitation à d’autres services à vocation sociale. «Dans le quartier Côte-Saint-Paul – Ville-Émard, on a aidé à recycler l’église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours en salle de spectacle et en studio d’enregistrement qui est un lieu de formation pour les jeunes en arts de la scène.» L’ancien presbytère de l’église abrite les bureaux de l’organisme, des logements sociaux pour des mères de familles monoparentales ainsi que des chambres de transition. La nef et le jubé ont par ailleurs été convertis en salle multifonctionnelle destinée à accueillir divers types d’activités.

Modèle d’engagement social

Au total, l’équipe de M. Rayside a participé à la création de quelque 1000 logements sociaux dans la région de Montréal. Un engagement notable qui lui a valu le tout premier Prix de l’engagement social remis plus tôt cette année par l’Ordre des architectes du Québec.

De quoi est-il le plus fier? «De l’ensemble de l’œuvre, je dirais! On veut tous laissez une trace, faire une différence. Je suis assez fier de ce lien que l’on a su faire entre l’architecture, l’urbanisme et le social. J’ai fait une tournée récemment dans un quartier et j’ai pris conscience de l’ensemble des projets auxquels on avait participé. Alors oui, je suis assez fier de ce que la trentaine d’architectes de notre firme a accompli au fil des ans», conclut M. Rayside.

Pour entendre cet architecte qui a consacré sa carrière à bâtir une société plus équitable, réservez votre place au prochain Rendez-vous de l’habitation, en visitant le www.habitation.gouv.qc.ca/rendezvous.

Québec Hebdo

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