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Musée de la civilisation: oeuvre autochtone déstabilisante « qui donne froid dans le dos »

Photo: Aaron Cohen

CULTURE. Une fois de plus, le Musée de la civilisation expose le pouvoir de l’art, cette fois-ci en dévoilant une œuvre qui révèle une partie de la vérité sur les pensionnats Autochtones. La pièce promet de ne laisser personne indifférent. 

Le Musée a en effet profité de la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, vendredi, pour dévoiler l’œuvre réalisée par l’artiste issu des Premières nations, Corey Newman, et dédiée aux survivants des pensionnats pour Autochtones.«L’œuvre aidera les gens à affronter une vérité importante de notre pays, a indiqué la directrice générale du Musée canadien des Droits de la personne (Musée responsable de l’œuvre), Isha Khan, devant une foule silencieuse et attentive. Le système des pensionnats a été un instrument de génocide, un système conçu pour éliminer les peuples, les cultures et les langues autochtones de ces terres. Ces institutions n’étaient pas le seul moyen de mettre en œuvre le génocide. Mais elles étaient au cœur des efforts déployés pour imposer l’idée de ce qui était une bonne vie, le bon culte. Ces idéaux sont fondamentalement opposés aux principes des droits de la personne.» 

Vibrant témoignage

Appelée Couverture des témoins, la pièce mesure douze mètres de long. L’artiste s’est inspiré des courtes-pointes, et s’est promené à travers le Canada pour trouver des objets représentant l’histoire d’horreur sur les pensionnats qui accueillaient les enfants autochtones au siècle dernier. Véritable mémoire en soi, la pièce porte au moins 880 éléments issus des communautés des Premières nations, des familles, des pensionnats, mais aussi d’églises et de bâtiments gouvernementaux. En se rapprochant de l’oeuvre, on peut observer par exemple des souliers, des bouts de cheveux et des outils qui sont reliés à des souvenirs difficiles. 

Dans le cadre de la Journée, l’artiste a tenu à expliquer ses réflexions sur le sujet de la réconciliation. «Les gens me demandent souvent ce qu’ils peuvent faire pour aider à la réconciliation, a-t-il mentionné en anglais. Je n’ai jamais de réponses à donner, parce qu’on ne peut réduire la réconciliation uniquement à un petit élément. On ne peut simplifier la question et penser que ça va fonctionner. C’est un processus qui agit à plusieurs niveaux, politiquement, et socialement. Mais si vous allez voir l’œuvre, si vous vous renseignez sur les histoires derrière les objets, si vous connectez avec la mémoire et à l’histoire des pensionnats, cela sera certainement un premier pas vers l’éveil de conscience. Je pense que l’art peut être tellement puissant. []  

Il faut vraiment comprendre la vraie histoire entourant les pensionnats pour comprendre comment cela affecte notre présent aujourd’hui. Et nous pouvons cheminer afin de construire un avenir meilleur pour les prochaines générations. Je sais que c’est possible. Quand je compare la vie de mon père, qui est un survivant des résidences avec ma vie, je constate tout le progrès, et j’’aimerais le voir arriver encore plus rapidement. Ça prend beaucoup de petites actions pour arriver à une réconciliation.»

Le président-directeur général du Musée de la civilisation, Stéphan La Roche, s’est aussi exprimé. «Votre œuvre est puissante. À son contact, nous sommes touchés par la charge symbolique, historique et émotionnelle qu’elle dégage.» La pièce est exposée au Musée de la civilisation jusqu’au 23 février 2023.

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