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Variole du singe: «une malchance» qui rappelle les premiers jours du sida

Un homme tient un ruban rouge, symbole de la lutte au sida.
Photo: Nito100/iStock

L’éclosion de variole du singe, qui touche actuellement surtout les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes (HARSAH), ravive de mauvais souvenirs liés à l’épidémie de sida survenue dans les années 1980 et 1990. Bien plus que les symptômes, c’est surtout la stigmatisation de cette communauté qui inquiète aujourd’hui.

Bien que la quasi-totalité des cas de variole simienne soit rapportée dans les communautés gaie, bisexuelle et trans, la santé publique et les intervenants sur le terrain réitèrent le danger d’une possible stigmatisation aux effets néfastes. Pour le moment, aucune raison claire n’explique pourquoi les HARSAH sont majoritairement touchés par ce virus. L’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a souligné que le virus ne se transmet pas sexuellement et qu’il ne fait «aucune discrimination».

Éviter les erreurs du passé

Le Dr Réjean Thomas, spécialiste du VIH et président fondateur de la Clinique médicale l’Actuel, intervient auprès de la communauté LGBTQ2+. Il appelle à la prudence pour ne pas reproduire les erreurs du passé comme ç’a été le cas lors de l’émergence du sida dans les années 80.

Selon lui, l’arrivée de la variole simienne vient faire émerger de lourds souvenirs chez ses patients plus âgés qui ont connu l’émergence du sida. L’apparition de taches, d’ulcères et le fait que, pour le moment, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes sont principalement touchés peuvent rappeler à certaines personnes l’apparition de ce virus mortel.

Ça leur rappelle la stigmatisation qu’ils ont vécue à l’époque et qu’ils vivent encore beaucoup. […] Ça ramène beaucoup de questions et même de douloureux souvenirs chez de nombreux patients.

Dr Réjean Thomas

«On n’avait pas besoin de ça. […] La stigmatisation existe encore. L’homophobie existe encore, même si on pense que tout est résolu au Québec. Il y a encore beaucoup d’homophobie, que ce soit dans le milieu médical ou autre. De rajouter “variole du singe”, “homosexuels”, c’est très stigmatisant», ajoute le médecin.

Le Dr Thomas se réjouit cependant que les cas de variole simienne rencontrés restent pour le moment bénins. On note l’apparition d’ulcères génitaux, mais ce virus reste bien moins dangereux que le VIH.

Un virus qui n’épargne personne

Pour Alain Lamarre, expert en virologie de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), la variole simienne aurait pu toucher d’autres communautés. Il rappelle que des éclosions de variole simienne sont recensées chaque année en Afrique, touchant tout type de personne indépendamment de son orientation sexuelle. Il explique aussi que des cas avaient déjà été recensés dans les années 2000 aux États-Unis.

«C’est un peu une malchance qu’il y ait eu une transmission et que ça touche majoritairement cette communauté, dit-il. Si on arrive à contrôler l’épidémie, je ne pense pas qu’ils vont être plus à risque dans le futur que la population générale.»

Pour Alain Lamarre, cela dépendra de la façon dont la santé publique traitera les éclosions. Le plus préoccupant, selon lui, serait que le virus sorte de la communauté pour toucher des populations à risque de développer des formes graves, par exemple les enfants et les femmes enceintes.

Il insiste aussi sur l’importance de ne pas stigmatiser les communautés concernées et d’informer les populations les plus à risque de développer la maladie.

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