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Le gouvernement ajuste à deux tubes le tunnel Québec-Lévis

L’opposition au projet de troisième lien entre Québec et Lévis se mobilise dimanche à ExpoCité. Photo: Illustration gracieuseté - MTQ

MOBILITÉ. Comme déjà annoncé, le gouvernement du Québec a procédé à une révision de son projet de tunnel entre Québec et Lévis. La mise à jour privilégiant un forage double plutôt qu’un immense tube unique et inédit à deux étages. Cette option dite bitube permettrait de ramener la facture approximative de 10G$ à 6,5G$.

L’annonce a été faite par le ministre des Transports du Québec, François Bonnardel, en compagnie de la vice-première ministre et ministre responsable de la Capitale, Geneviève Guilbault. Rappelons que le projet présenté lors du dévoilement du Réseau express de la Capitale, en mai 2021, était en révision pour en réduire les coûts.

«Un tunnel bitube de diamètre réduit contribuera à l’atteinte de cet objectif. Cette nouvelle configuration permettra aussi une diminution des risques inhérents à la construction d’un tunnel de très grande envergure. Il ouvrira en plus la porte à davantage de concurrence à l’étape des appels d’offres», souligne le ministre Bonnardel.

Les organismes environnementaux qui espéraient une plus grande intégration avec le réseau de transport en commun n’ont toutefois pas été exaucés. La mise à jour présenté jeudi ne contient rien à ce sujet. Même le concept de voies réservées permanentes semble avoir été mis de côté pour l’instant.

Analyse de faisabilité

Au cours des prochains mois, le Bureau de projet du tunnel Québec-Lévis analysera en détail ce concept révisé qui devra respecter les nouvelles balises gouvernementales, soit:

  • une réduction des coûts de plus de 25%, pour un projet estimé à 6,5G$;
  • un tunnel bitube de diamètre réduit permettant, notamment, une diminution des risques liés à la construction;
  • un tracé de centre-ville à centre-ville;
  • une solution immobilière permettant la circulation des voitures, des véhicules lourds et du transport collectif.

Éléments justificatifs du projet

  • La période de pointe sur les ponts de Québec est passée de deux heures en 1997 à trois heures en 2017.
  • Conçu pour un débit journalier moyen annuel (DJMA) de 90 000 véhicules/jour, le pont Pierre-Laporte a dépassé ce niveau dès 1989.
  • L’infrastructure datant de plus de 50 ans accueille 126 000 v/j en 2022 et le DJMA anticipé devrait avoisiner les 143 000 v/j en 2036.
  • Le pont Pierre-Laporte accapare 80% des déplacements interrives dans la région. En cas de fermeture prolongée, le détour devra se faire par le pont Laviolette, à plus de 100km.

Ce qu’ils ont dit:

«Le besoin pour une meilleure mobilité entre Québec et Lévis n’est plus à démontrer, et le statu quo n’a jamais été une option. Nous demeurons convaincus que ce nouveau lien contribuera au dynamisme de la grande région métropolitaine de Québec.» – François Bonnardel, ministre des Transports du Québec

«Au lendemain d’un désastreux rapport du GIEC, c’est indignant de voir que le gouvernement Legault s’entête à aller de l’avant avec un projet qui va à l’encontre de la science en termes de lutte aux changements climatiques. La science le dit: l’ajout de nouvelles routes mène inévitablement à plus d’étalement urbain. Ça augmente à moyen terme la congestion par demande induite, ce qui nous éloigne de nos cibles de réduction de GES.» – Charles Bonhomme, spécialiste affaires publiques et communications à la Fondation David Suzuki et membre de la coalition Non au troisième lien.

«C’est un show de boucane. Ça reste encore du gaspillage de fonds publics, pour un projet qui n’a pas plus de fondement scientifique. On pourrait faire tellement mieux en mobilité durable avec 6,5G$.» – Jackie Smith, cheffe de Transition Québec, 3e opposition à l’hôtel de ville de Québec

«Le tunnel Québec-Lévis est un élément phare de notre vision pour la mobilité et le transport collectif dans la région métropolitaine de Québec. Il permettra un rééquilibrage de l’aménagement du territoire et des déplacements interrives présentement concentrés dans l’ouest. Il bonifiera aussi significativement l’offre de transport collectif entre les deux plus grandes villes de l’est du Québec.» – Geneviève Guilbault, vice-première ministre, ministre de la Sécurité publique et ministre responsable de la Capitale

«Ce n’est pas avec un tel projet que la région de Québec prendra le nécessaire virage vers la mobilité durable. Soyons rigoureux. Des besoins réels en transport collectif, il y en a partout! Le traitement spécial offert au troisième lien n’a pas lieu d’être.» – Christian Savard, directeur général de Vivre en Ville et membre de la coalition Non au troisième lien.

«La présentation montre une chose: la mobilisation commence à porter ses fruits et force le gouvernement à improviser. Car, soyons clair, ça demeure un projet injustifié et excessif. En 2022, il n’y a rien de modeste ou de raisonnable dans le fait de construire des autoroutes et de favoriser l’auto-solo, alors que la planète brûle.» – Angèle Pineau-Lemieux, conseillère en communication chez Accès transports viables et membre de la coalition Non au troisième lien.

«La communauté d’affaires de Québec souhaite depuis longtemps qu’on améliore la connexion interrives, afin de mieux relier nos deux pôles économiques d’une façon plus efficace. La nouvelle mouture du tunnel Québec-Lévis vient toujours répondre à cette volonté, tout en diminuant l’impact du projet sur les finances publiques et certains risques associés aux travaux. On ne peut que saluer ces améliorations.» – Steeve Lavoie, président de la Chambre de commerce de d’industrie de Québec

«Nous avons toujours été favorables au principe d’un troisième lien. L’annonce d’aujourd’hui, à l’exception de l’exercice de rationalisation financière, nous laisse sur notre appétit pour plusieurs raisons. L’imprécision concernant les sorties, le manque de détails concernant les impacts collatéraux du projet ainsi que l’absence de détails concernant le plan pour les banlieues qui fait partie du Réseau express de la Capitale, sont parmi les nombreux points d’interrogation que le gouvernement doit répondre.» – Éric Ralph Mercier, chef de Québec 21, 2e opposition à l’hôtel de ville de Québec

«Malgré ce que le gouvernement tente de nous faire croire, il n’y a pas de justification pour un tel projet. Aucune étude démontrant les besoins n’a été dévoilée. Toutes les études qui existent, notamment l’enquête Origine-Destination, montrent le contraire: il y a très peu de déplacements dans cet axe. Et de toute façon, l’ajout de capacité routière mène inévitablement à plus de congestion.» – Sarah V. Doyon, directrice générale de Trajectoire Québec et membre de la coalition Non au troisième lien.

«Décidément, le gouvernement ne se tanne pas d’avoir l’air ridicule. C’est la cinquième fois en quatre ans que la CAQ nous arrive avec une nouvelle version de son troisième lien! Quand le ministre Bonnardel nous dit que le troisième lien va régler les problèmes de congestion et limiter l’étalement urbain, il nous ment en pleine face et il le sait très bien. La vérité, c’est que cette nouvelle mouture n’est pas plus acceptable que les précédentes, elle est même pire : le transport en commun a complètement pris le bord.» – Sol Zanetti, député solidaire de Jean-Lesage

Métro Média

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